Quid des fonds pour lutter contre la précarité énergétique ?

Une étude réalisée par le cabinet Isis Consult rapporte qu’il faudrait investir dans un programme de rénovation à hauteur de 6 milliards d’euros pour lutter contre la précarité énergétique. Elle formule des recommandations afin de lutter contre cet enjeu de taille.
Selon une étude du cabinet Isis Consult, un locataire social 1 sur 4 est en situation de précarité énergétique, c’est à dire qu’il peine à payer ses factures d’électricité et de gaz ou s’oblige à consommer moins que ses besoins. C’est la plateforme de lutte contre la précarité énergétique, gérée par la Fondation Roi Baudouin (FRB) qui a commandé l’étude. Le cabinet a été chargé de faire un bilan des coûts et bénéfices d’une rénovation du parc de logements sociaux belge et révèle que, sur les 292.000 logements sociaux en Belgique, 190.000 doivent être rénovés pour diminuer la part des ménages en précarité énergétique.
Rénover 190.000 logements sociaux
L’étude révèle qu’en Belgique, les logements très consommateurs d’énergie sont nombreux. Ils représenteraient 40% du parc immobilier en Flandre, 44% à Bruxelles et 63% en Wallonie. Les travaux à réaliser sont variés : poser du double vitrage, isoler les toitures ou encore diminuer la part du chauffage électrique... Isis Consult estime à 6 milliards d’euros le coût de la rénovation des 190.000 logements sociaux, nécessaire à la diminution de la précarité énergétique au taux plus "raisonnable" de 6.5% des ménages.
Cependant, même en se contentant de rénover uniquement les logements les plus énergivores, il faudrait un programme de 3 milliards d’euros, et la précarité énergétique concernerait toujours 11% des ménages.
Un investissement utile
Suite à l’étude, la plateforme de lutte contre la précarité énergétique a formulé des recommandations. La première d’entre elles est qu’il faudrait considérer la rénovation comme un investissement plutôt que comme un coût. En effet, si le montant d’un grand programme de rénovation est considérable, il pourrait apporter des avantages importants.
La plateforme argue ainsi que les retombées économiques d’un tel projet seraient considérables pour les entreprises et pour l’Etat. En modernisant les logements sociaux, il serait aussi possible de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et d’améliorer la santé physique et psychique des locataires.
Revoir les normes ?
La plateforme de lutte contre la précarité énergétique propose aussi de revoir les normes sur le logement, afin de tenir compte des nouveaux enjeux écologiques et sociétaux et de l’évolution des techniques de construction. Pour L’Echo, Caroline George, responsable de projets au sein de la FRB, prend l’exemple du programme Home for Less "qui installe des modèles de logements démontables dans des immeubles vides pour y loger des sans-abri – mais dont les dimensions se heurtent aux normes de surface minimale prévues dans le Code du logement."
La plateforme préconise donc de revoir la loi sur les loyers, afin qu’ils puissent être adaptés à la performance énergétique du logement.
Accompagner les ménages en précarité énergétique
Enfin, la plateforme de lutte contre la précarité énergétique propose d’accompagner les personnes vivant en logement social dans leur gestion de la consommation d’énergie. Pour cela, le travailleur social peut jouer un rôle primordial.
Cela répondrait à un besoin de la part des ménages qui, une fois les rénovations effectuées, peuvent manquer de connaissances quant aux comportements à adopter pour diminuer leur consommation énergétique, par exemple en adoptant une aération efficace.
[A Lire]
– Une mise en avant des logements sociaux bruxellois
– Où sont les logements sociaux promis ?
– Logement public : petite histoire de la déresponsabilisation
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