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Coronavirus : le personnel hospitalier se sent abandonné par les autorités

11/03/20
Coronavirus: le personnel hospitalier se sent abandonné par les autorités

Alors qu’à Saint-Trond, 25 travailleurs de l’hôpital Sint-Trudo se voient imposer un confinement à domicile après être entrés en contact avec un patient atteint du coronavirus sans protection, des questions se posent. Les dispositions prises par les institutions étant principalement dirigées vers le grand public, les syndicats du personnel hospitalier prennent certaines mesures tout en s’inquiétant d’un manque de considération des autorités et du manque de moyens pour les travailleurs.

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La majorité des acteurs du secteur hospitalier s’accordent sur un point : le pic de l’épidémie est à venir. C’est pourquoi Carine Rosteleur, secrétaire régionale à la CGSP, explique : "Il faut bien se renseigner, pouvoir actualiser les données. Il ne faut pas minimiser la situation, il y a des mesures à prendre rapidement. Le but est d’éviter la contagiosité puisqu’on parle d’un virus qui n’a pour le moment, ni traitement, ni vaccin. La seule mesure pour éviter la contagion, c’est l’hygiène." Sans tomber dans l’alarmisme, Évelyne Magerat, secrétaire permanente au CNE, renchérit : "On sait aussi que vient le pic de l’épidémie. La problématique va aller en s’empirant... Il ne faudrait pas qu’il y ait une hécatombe chez les travailleurs." En effet, le manque de personnel hospitalier est un problème antérieur à la situation posée par le coronavirus. Chaque membre du personnel est donc indispensable pour faire face à la crise.

Alors, les syndicats montrent la voie, annulant colloques et réunions dans leurs locaux, avec plusieurs objectifs : éviter la propagation du virus, ne pas mettre en danger les travailleurs et prévenir la pénurie de masques et de produits désinfectants. Partout, on insiste sur le manque de ces produits de première nécessité pour enrayer le virus. Le personnel hospitalier souhaiterait donc que ces différents masques, gants et gels hydroalcooliques soient en priorité dirigés dans les structures médicales. Carine Rosteleur affirme : "L’idée, c’est que le grand public n’ait pas à utiliser ces outils professionnellement afin de pouvoir redistribuer les ressources vers les endroits où elles sont les plus nécessaires, comme dans les hôpitaux. Cela passera par une limitation des activités."

"Prévoir le matériel en suffisance"

Du côté du CNE, c’est le même son de cloche. Évelyne Magerat dévoile : "La question du matériel se pose également. A-t-on assez de gants, de masques, de solutions hydroalcooliques ? On entend parler de pénurie de masques. On ne peut pas accepter cela. Il faut protéger le personnel de santé. C’est le rôle des institutions d’y veiller. Il faut prévoir le matériel en suffisance pour que le personnel ne soit ni contaminé ni vecteur de propagation important." En effet, le manque de ressources est un gros point noir, dans la gestion de cette situation de crise.

Dans certains hôpitaux, on a dû recourir à des solutions quelque peu extrêmes comme l’indique Évelyne Magerat. "Certaines personnes, portée par de l’anxiété ou un peu de phobie, ont pris des masques dans les hôpitaux pour les rapporter chez eux. Les ressources étaient volées. Donc dans certains hôpitaux, la décision a été prise de placer les masques dans des endroits fermés à clés. Le gel hydroalcoolique est aussi parfois sous scellé. Les hôpitaux veulent conserver le matériel le plus possible."

Prudence et responsabilisation

Par ailleurs, le personnel hospitalier compte sur la responsabilité individuelle de leurs patients. Caroline Rosteleur avertit : "Il faut que les citoyens soient conciliants et suivent les recommandations, qui sont de se tourner vers son médecin généraliste en cas de ressenti d’un symptôme. Il faut responsabiliser chacun, afin d’empêcher que le virus se propage." Dans la même veine, le CNE informe : "Le problème qui peut se poser dans certains services, c’est l’éventualité selon laquelle les patients viendraient encombrer les urgences. Celles-ci fonctionnent déjà à plein tube. Le message à passer aux patients, c’est : ne venez à l’hôpital qu’en cas de complications."

La même prudence est observée par le personnel hospitalier. Évelyne Magerat se veut rassurante : "En ce qui concerne les professionnels de santé, au moindre symptôme ils sont encouragés à rester chez eux. Certains travaillent avec un masque et le change toutes les quatre heures, comme le veulent les règles d’hygiène." Carine Rosteleur abonde dans ce sens : "Le personnel soignant qui sera testé positif sera placé en quarantaine. Ils signaleront évidemment les symptômes, et on les encourage fortement à ne pas venir travailler s’ils en ressentent. Pour le moment, aucun cas n’est signalé." Même s’ils sont prudents, le risque zéro n’existe pas pour ces travailleurs.

Enfin, force est de constater qu’une "limitation des activités" comme le qualifie Carine Rosteleur, serait obligatoirement déclenchée par les autorités. Or, celles-ci ne montrent pas forcément un soutien sans failles aux personnels hospitaliers. Évelyne Magerat lâche : "La ministre, Maggie De Block, évoque et réalise des mesures pour la population, mais rien pour les professionnels de santé. C’est relativement dénigrant pour le personnel qui travaille. Mais il pourrait y avoir des conséquences si on manque de ressources et si le nombre de travailleurs n’est plus suffisant."

C.D.



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