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Grève des Blouses Blanches : le cri de détresse des professionnels

25/10/19
Grève des Blouses Blanches: le cri de détresse des professionnels

Ce 24 octobre dernier, le personnel hospitalier de l’Hôpital bruxellois Brugmann a choisi le jour de grève nationale pour se mobiliser au sein de leurs locaux. Les professionnels revendiquent des conditions de travail décentes ainsi qu’une plus grande clarté de la part de la direction.

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Banderoles aux slogans colorés, chansons aux paroles révoltées, coups de sifflets stridents. Hier, tout était mis en place pour attirer l’attention sur le centre de traumatologie et de réanimation (C. T. R) où s’est tenu le rassemblement du personnel de l’hôpital. Les syndicats présents au sein de cette structure ont décidé, lors d’une assemblée générale, de se rassembler à la date désignée pour la mobilisation nationale. En effet, ce choix permet d’offrir plus de visibilité notamment pour les revendications au niveau local.

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Protéger le patient et le professionnel

En blouse blanche, Karine de Munther, infirmière depuis 30 ans déplore une surcharge de travail asphyxiante : « Nos conditions de travail deviennent impossibles depuis maintenant plus d’une dizaine d’années : plus de matériel, de personnel et une énorme charge informatique à gérer. Tout cela nous prend un temps fou et nous sommes beaucoup moins disponibles pour les patients. »

Une certaine inquiétude quant à la baisse de qualité des soins délivrés aux patients se fait ressentir. « Je me bats pour les patients d’aujourd’hui, qui sont comme abandonnés, et, ceux de demain qui risquent de l’être encore plus si rien n’évolue. Par exemple ce matin, à sept heures, nous n’étions que trois infirmières pour tout le service de traumatologie et de réanimation, comment voulez-vous gérer tout le monde ? », se questionne Karine de Munther avant de continuer : « On en est réduit à devoir seulement se focaliser sur les urgences. Les patients de mon service nous soutiennent dans cette revendication, certains ont même leur sifflet. Ils comprennent qu’on manifeste aussi pour eux. »

La trentaine de manifestants réunis devant le C.T.R partage cette même volonté de voir les choses évoluer. Mickaël Vanburocke, syndicaliste du LBC NVK, fait part de la frustration ressentie par l’ensemble du corps hospitalier : « Il y a deux ans un accord social a été conclu. Des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail y étaient prévues. Aujourd’hui, on constate que les employeurs n’ont toujours pas signé cet accord et qu’ils veulent même revenir sur certains points. C’est difficile à accepter et c’est donc pour cela qu’on est présent aujourd’hui. »

Karine de Munther ajoute avec une certaine révolte : « On ne demande pas une hausse de salaire ou de congés mais seulement de travailler dans des conditions convenables. Les employeurs se noient dans des promesses, et, on nous prend en otage avec nos patients. Par exemple, nous sommes quatre dans mon service, une autre collègue voulait venir manifester mais elle n’a pas pu car il faut assurer les services. Ainsi, il faut aussi penser aux collègues qui ne peuvent être présents et qui travaillent en effectif réduit. »

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Combattre le manque de communication des employeurs

« On soutient le mouvement national de lutte contre la surcharge de travail », souligne Schiro Vito, assistant technique à la mobilité depuis 30 ans, avant de préciser : « Mais nous avons aussi des revendications internes, par exemple l’incompréhension de nos responsables par rapport à nos fonctions et nos demandes. Nous souhaitons que l’action se passe au niveau local pour que la direction puisse nous entendre et transmettre nos revendications au Conseil d’Administration. »

En effet, en 2014, le CTR de l’Hôpital Brugmann a fusionné avec celui l’hôpital d’Erasme. Les professionnels sont les premiers à en ressentir les conséquences, comme en témoigne Schiro Vito : « Depuis cette fusion, nous avons encore une direction gestionnaire propre mais limitée dans ses directives qui sont beaucoup moins claires. Il y a une grande frustration au sein du personnel car nous ne savons pas, par exemple, comment le budget est géré. Une de nos revendications majeures se concentre sur une amélioration de la communication de l’information aussi bien au niveau vertical qu’horizontal. »

Mickaël Vanburocke conclut : « Cela n’a pas de sens d’aller à Bruxelles et de manifester avec 10 000 personnes. Le gouvernement a fait son boulot, il faut viser les employeurs car ce sont eux qui bloquent les choses. Aujourd’hui, le but est d’informer et de sensibiliser le personnel mais si la situation n’évolue pas dans les prochaines semaines, d’autres manifestations de plus grande ampleur sont à attendre. »

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A.T.



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