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L'ASBL Ricochet ferme ses portes

11/09/14
L'ASBL Ricochet ferme ses portes

Si l’ASBL Ricochet attendait beaucoup des nouvelles majorités pour changer le destin peu réjouissant de l’institution, il n’en est rien. Que du contraire : le centre d’accueil et d’hébergement pour enfants multi-diagnostiqués mettra la clé sous le paillasson ce vendredi 12 septembre.

Pour rappel,l’ASBL Ricochet installée à Leernes (Fontaine-l’Evêque), s’est vu retirer début mars 2/3 de ses subsides par le département de la ministre Évelyne Huytebroeck (Ecolo), à l’époque ministre de l’Aide à la Jeunesse de la FWB. Cette compétence fait désormais partie du portefeuille de Rachid Madrane (PS) qui dit regretter la fermeture de l’infrastructure « dont nous savons qu’elle est nécessaire en Fédération Wallonie-Bruxelles ». Il ajoutera que : «  la manière dont le projet a été mené vis-à-vis des différents pouvoirs subsidiant concernés n’a pas permis d’organiser un soutien structurel durable. »

Sollicitée par le Guide Social sur la fermeture imminente de l’institution, Laurette Onkelinx (PS), ministre de la Santé en affaires courantes, ne prendra pas la peine de nous répondre. Elle fait pourtant partie aux côtés de MM. Madrane et Prévot des 3 pouvoirs décisionnaires dans cette affaire. Maxime Prévot (cdH), héritier du portefeuille de la Santé de madame Tillieux (PS) au Gouvernement wallon, répondra quant à lui par l’intermédiaire de son porte-parole : «  si le ministre est sollicité par cette institution, il ne manquera pas de la recevoir dans les meilleurs délais. À ce stade, et sans plus d’informations sur le sujet, il ne saurait vous en dire plus. »

Un premier cas concret peu convaincant

Une réaction considérée comme pleine d’hypocrisie par le directeur de l’ASBL Ricochet, Pierre Hannard, qui n’en est qu’à moitié étonné. « Une lettre recommandée a été envoyée fin juillet au ministre. Il est donc très bien au courant de la situation », déclare-t-il avant de dénoncer la magnifique entrée en matière des gouvernements régionaux en ce qui concerne l’Aide à la jeunesse et la Santé.

Pour la nouvelle législature qui démarre, ce premier cas concret à gérer entre plusieurs ministères ne se révèle en effet pas très concluant, surtout quand on s’en réfère à la Déclaration de Politique Communautaire (DPC) pour la période 2014-2019 qui insiste sur l’intérêt supérieur de l’enfant comme étalon de toutes les politiques.

Développer des synergies au service des enfants

Aussi, dans le chapitre réservé à l’Aide à la Jeunesse, le texte estime qu’une politique efficace nécessite une complémentarité entre les secteurs - dans le cas du Ricochet, ceux de la Santé et de l’Aide à la Jeunesse - ainsi qu’un travail en réseau. Et cela afin « d’apporter une réponse complète et adaptée à la situation de chaque jeune en difficulté. ».

La Déclaration de Politique Communautaire aborde ensuite la nécessité de développer des synergies et des articulations entre tous les secteurs au service des enfants et des jeunes « en concluant avec les secteurs du handicap et de la santé mentale un protocole de collaboration destiné à améliorer la prise en charge des jeunes dit ’incasables’, c’est-à-dire à la frontière du secteur de l’aide à la jeunesse, du handicap et de la santé mentale. ». En d’autres mots, des jeunes qui se trouvent au carrefour des compétences, comme c’est exactement le cas du public pris en charge par l’asbl hennuyère.

11.000 personnes se mobilisent

Face à l’impasse dans laquelle se trouve l’asbl, une pétition citoyenne a été créée. Quelque 11.000 signatures ont déjà été recueillies dans le but de sauver les 22 enfants et les 30 emplois salariés.

En outre, l’AWIPH (Agence Wallonne pour l’Intégration de la Personne Handicapée) dit tout mettre en œuvre pour soutenir les enfants et les réorienter vers d’autres services, en collaboration avec les ministères de la Santé et de l’Aide à la Jeunesse. L’occasion pour Rachid Madrane de redorer son blason : « Je veux être très clair : il n’est pas question d’abandonner à leur sort les enfants aujourd’hui inscrits dans le projet de l’ASBL Ricochet. Puisque le promoteur fait le choix de fermer, notre souci est de retrouver une place pour chacun d’entre eux. »

Le directeur de l’ASBL ne compte cependant pas rester les bras croisés. Il va poursuivre le combat qui a été mené, stimulé dans sa bataille par le projet innovant de l’institution qui est observé depuis l’étranger et qui, sur le plan thérapeutique, a fait – si l’on peut le dire ainsi – pas mal de ricochets...

Delphine Hotua

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