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LGBTQI : "Notre mission ? Ouvrir les professionnels à la diversité"

14/11/19
LGBTQI:

Les ASBL de la communauté LGBTQI utilisent leurs expériences de terrain pour sensibiliser des professionnels notamment du secteur psycho-médico-social. Par des ateliers d’informations et des prises de position contre l’Etat, ces structures sont déterminées à combattre les discriminations.

Selon le classement Rainbow, établi par ILGA-Europe, la Belgique est le deuxième pays européen le plus avancé en matière de droits LGBTQI. Cependant, un décalage existe entre la législation et la vie quotidienne. Des propos déplacés et insultants sont exprimés et ceci même de la part des professionnels prenant en charge le public LGBTQI . De nombreuses ASBL viennent combattre ces remarques et discriminations en proposant des formations pour sensibiliser les travailleurs du secteur notamment psycho-médico-social.

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Sensibiliser les professionnels : une urgence

L’ASBL Tels Quels s’est dotée d’un service d’éducation permanente. Philippe Artois y est coordinateur. « Nous organisons des ateliers de sensibilisation auprès de publics associatifs ou scolaires, généralement en plusieurs séances », explique-t-il. « Nous travaillons avec des partenaires récurrents qui connaissent leur public et nous permettent d’ajuster notre discours à chacun. De plus, il est nécessaire que la formation soit réalisée par quelqu’un du secteur qui soit expert d’un point de vue professionnel mais aussi d’un point de vue du vécu. »

Les travailleurs des différents secteurs doivent être sensibilisés au public LGBTQI afin que ce dernier puisse accéder à un service de qualité. « Notre but est de les rendre ouvert à la diversité et leur faire prendre conscience qu’une partie de leurs patients fait partie de la communauté LGBTQI. Par exemple, si un médecin praticien n’est pas ouvert à ces questions, le patient, en ayant peur de sa réaction, peut ne pas partager son orientation sexuelle. Ceci risque d’avoir des conséquences désastreuses sur leur suivi médical », pointe Tom Devroy, coordinateur de la maison Arc-en-ciel Wallonie. Il regrette aussi le manque d’investissement des autorités, notamment au niveau d’enquêtes pour prouver l’existence de comportements discriminatoires. Ainsi, ces enquêtes pourraient permettre de mettre en place des politiques de sensibilisation plus larges.

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Mobilisation contre la discrimination du don du sang

Les ABSL de la communauté LBGTQI réclament également la suppression de l’exclusion des hommes gays pour le don du sang et de plasma. Philippe Artois, employé au sein de Tels Quels nous explique l’origine de cette mesure discriminatoire : « Cette mesure vient du fait qu’à la base, par manque de moyens, l’entièreté des poches de sang n’est pas contrôlée par les autorités. Qu’on enlève toutes les personnes qui sont à risque peut être considéré comme normal. Cependant, le problème réside dans la justification et la gestion des groupes présentant des risques qui sont exclus. » En effet, la justification utilisée pour exclure les hommes gays n’est plus d’actualité. « Il est avancé que le taux de personne séropositive chez les gays est plus grand que dans d’autre part de la population », souligne Philippe Artois avant de rappeler : « Cependant ce constat n’est pas révélateur puisqu’il y a eu de grandes avancées en médecine et qu’aujourd’hui le traitement permet de vivre normalement avec le VIH sans le transmettre. »

La nouvelle législation de 2017 est venue modifier l’exclusion à vie de don pour les hommes gays à une exclusion d’un an après leur dernier contact sexuel. Les ASBL se sont mobilisées pour contester cette mesure qui reste discriminatoire et change peu de chose en réalité. Avec la Maison Arc-en-Ciel de Liège, Arc-en-ciel Wallonie a introduit un recours devant la Cour Constitutionnelle : « Dans son jugement du 26 septembre dernier, la Cour a rendu une décision mitigée. Une victoire réside dans le fait qu’elle considère que la législation doit être changée pour le plasma », se réjouit Tom Devroye, coordinateur pour Arc en ciel Wallonie, avant de nuancer son propos : « Ce qui reste dérangeant est que la période d’exclusion de 12 mois pour le don du sang est toujours mise en œuvre. Cependant, il y a un peu d’espoir car il y a des problèmes au niveau de la recherche pour démontrer l’efficacité d’une telle exclusion. »

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D’autres identités éclipsées

La communauté LGBTQI reconnaît qu’aujourd’hui, en Belgique, les revendications majeures pour les gays et lesbiennes ont été obtenues. Ainsi, Philippe Artois énonce : « Seul un travail de toilettage doit être réalisé sur la législation actuelle, par exemple l’adoption. » Tom Devroye souligne que les revendications en matière de santé au sein de la communauté sont en réalité plus larges : « Au sein de notre communauté, la problématique du VIH touche principalement les hommes gays. Or il faut jongler avec d’autres identités, notamment pour des personnes plus invisibles aux yeux du grand public. De nombreux progrès sont à réaliser au niveau de la santé des personnes transsexuelles et intersexes (qui n’ont toujours pas accès à leur dossier médical). »

Concernant, les personnes intersexes, les ASBL attirent l’attention de l’Etat sur une législation nécessaire pour mettre un terme aux pratiques mutilantes telles que les chirurgies génitales, les traitements psychiatriques et autres procédés médicaux. De plus, elles appellent à dépathologiser l’intersexualité et la transsexualité des classifications médicales comme la Classification internationale des maladies de l’OMS. Du point de vue des personnes transexuelles, l’accès aux traitements hormonaux et aux chirurgies doit être facilité. Enfin, il est aussi demandé à l’Etat de mettre en place des actions de sensibilisation, d’information et de formation à destination des professionnels de tous les secteurs en s’appuyant sur l’expertise des ASBL de terrain.

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A.T.



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