Quand l'enfant maltraité se confie : voici les attitudes à privilégier

Yapaka a publié, il y a peu, un texte sur la prise en compte de la parole de l’enfant dans un contexte de maltraitance. Un guide précieux pour les professionnels du secteur psycho-médico-social. En effet, sur le terrain, ils peuvent être tiraillés entre, d’un côté, l’aménagement d’un espace favorable à la confidence et, de l’autre côté, l’obligation de partager avec d’autres tiers en vue d’assurer la protection de l’enfant.
« L’enfant, même très jeune, est à considérer comme compétent de sa parole, capable de partager son vécu. Il s’agit de le prendre au sérieux sans nécessairement prendre son discours au pied de la lettre. La parole de l’enfant, sa manière de relater les événements et faits, traduit sa propre réalité, et sa vision des choses au prisme de son niveau de développement », écrit Yapaka, programme de prévention de la maltraitance à l’initiative du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Face aux confidences d’un enfant, le professionnel est plongé dans une situation compliquée et est frappé par une série de questionnements. « En outre, les contraintes et la place qu’occupe chaque professionnel teintent la manière dont l’accueil de la parole pourra se faire. »
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Ne pas mentir à l’enfant
Comment favoriser une parole ouverte et spontanée ? Pour Yapaka.be, il convient en premier lieu d’offrir à l’enfant accueil et bienveillance afin de le mettre dans un climat de confiance. La mise en place de conditions favorables aura alors pour effet de l’aider à raconter de manière libre ses angoisses, ses interrogations ou bien encore ses tourments. « Au fil du temps, cette relation de confiance peut se renforcer et permettre d’entendre ce qui est évoqué à demi-mots », peut-on lire dans le document.
« Quand un enfant se confie, il importe d’établir un cadre clair qui soit compris par celui-ci. Cela passe par l’explication de ce qu’il sera fait de sa parole qu’il dépose, en l’informant que ce qu’il partage pourrait être communiqué à un autre professionnel si nous l’estimons nécessaire pour le protéger. » Autre élément essentiel à garder à l’esprit : les professionnels doivent dépeindre clairement leur champ d’actions et leurs limites aux mineurs. Ces derniers doivent en effet comprendre comment le professionnel pourra concrètement intervenir suite aux confidences.
« Certaines situations exigeront d’adopter un positionnement plus interventionniste, avec l’aide potentielle d’autres professionnels », note Yapaka. « Si ces aspects ne sont pas spécifiés, le dépôt auprès d’un tiers de ce que l’enfant nous a confié pourrait être perçu comme une trahison par ce dernier et rompre la confiance envers l’adulte. Ceci ne pourrait que nuire à la relation et entraver les éventuelles confidences ultérieures. »
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Se confier à son équipe professionnelle
Yapaka exprime un autre conseil : le professionnel ne doit pas rester seul. Vous êtes ébranlé par ce que vient de vous raconter un enfant ? Ne gardez pas cela pour vous ! Partagez-le avec vos collègues ou bien votre hiérarchie ! « Une confiance partagée entre les membres de l’équipe assurant un cadre bienveillant et respectant la confidentialité permet de s’ouvrir sur ces questions. Cela offre la possibilité de penser la manière d’intervenir dans le respect de l’enfant et de ne pas rester seul avec nos doutes, nos questionnements, de dépasser notre ressenti. L’attitude professionnelle ne pourra qu’en être renforcée. »
Par contre effectivement, cela ne peut pas se faire n’importe comment. Il convient de respecter les contraintes institutionnelles, déontologiques, voire légales. « Des équipes spécialisées dont la protection de l’enfant constitue le champ d’intervention existent. N’hésitons pas à nous tourner vers elles. Dans le cadre de leurs missions, elles nous écoutent et guident chaque professionnel », conclut Yapaka.
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