Remboursement des soins psychologiques : une pétition en ligne

Le remboursement partiel de consultations de soins psychologiques, qui sera d’application dès le mois de mars, fait grincer des dents dans le secteur. Un groupe de "psychologues inquiets", majoritairement néerlandophones, lancent une pétition sur internet. Elle a déjà récolté plus de 400 signatures !
[DOSSIER]
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« La plupart des psychologues sont très critiques à l’égard de la proposition de la ministre Maggie De Block », lancent les signataires de la pétition. Concrètement : via cette initiative, les "psychologues inquiets", comme ils se nomment, souhaitent que le gouvernement se penche à nouveau sur la mesure et qu’une nouvelle négociation de l’interprétation du remboursement des soins psychologiques soit menée.
Ces psychologues ont en effet constaté une liste de soucis ou de points à améliorer. « Bien que la proposition vise à réduire les obstacles aux soins psychologiques, le seuil est plutôt relevé. Les personnes n’ont droit au remboursement que sur ordonnance d’un médecin. Ceci n’est actuellement pas le cas pour les contacts avec des psychologues de première ligne », pointent-ils. Et de déplorer : « Vu les catégories de diagnostic visées par la proposition, la limitation du nombre de sessions est un problème supplémentaire. Aucune preuve ne soutient les restrictions proposées (de 4 à 8 sessions au maximum). Limiter le nombre de sessions ne semble donc être qu’un choix budgétaire et donc politique et non un choix thérapeutique. »
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« Ce n’est pas au gouvernement de prescrire le traitement »
Pour bénéficier des séances chez un psychologue à coûts réduits, les patients doivent absolument obtenir une prescription d’un généraliste ou d’un psychiatre qui aura au préalable effectué un diagnostic. Une disposition qui est contraire à la loi, pour les « psychologues inquiets ».
« La profession de psychologue est définie comme "une profession de santé autonome complémentaire et équivalente à la discipline médicale. » Le médecin prend, en tant que gardien, donc la place du psychologue, alors que c’est le domaine d’expertise des psychologues (et non des médecins) de faire du diagnostic psychologique et de déterminer et d’affiner un traitement individuel », écrivent-ils. « De ce fait, le psychologue dispose de la liberté thérapeutique et ce n’est pas au gouvernement de prescrire le traitement à la place du psychologue. En plus, le droit au remboursement de 4 sessions cesse si le psychologue constate dans la première session que son diagnostic ne fait pas partie des catégories prévues par le règlement. L’ordonnance médicale ne garantit donc pas le remboursement. »
Ils jugent également que la compensation qui serait versée aux psychologues dans le cadre de ce programme est « insuffisante pour une pratique professionnelle et de qualité ». Ils rajoutent : « Les honoraires bas ne permettent pas non plus au psychologue d’investir suffisamment dans la formation, la supervision et les études supplémentaires, ce qui nuit à long terme à la qualité de l’aide psychologique. »
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« Nouveaux obstacles pour le client »
La proposition de Maggie De Block se base sur un modèle de « soins étagés ». Pour les signataires de la pétition, cela engendre de nouveaux obstacles pour le client. « Dans ce modèle par étapes, une première intervention par le psychologue de première ligne est supposée sur ordonnance d’un médecin. Et si le problème n’est pas résolu dans le nombre souhaité de sessions, il est référé à un psychothérapeute. Pour le patient ayant un besoin d’aide plus important, ceci forme un seuil supplémentaire à franchir », regrettent-ils.
Les « psychologues inquiets », qui ne souhaitent pas que l’initiative soit recupérée par les associations professionelles, ont une revendication : renvoyer au gouvernement la mission de l’organisation de la fonction de psychologie de première ligne. « Parce que cette mission, qui semble diviser le terrain, est en contradiction avec l’essentiel de votre rôle comme coordinateur de réseau, qui est de lier les différents acteurs des soins de santé mentale », concluent-ils.
E.V.
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