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"Salle de shoot" à Charleroi : le projet se concrétise

02/07/19

Charleroi emboîte le pas de Liège : la métropole compte bien accueillir dans un futur plus ou moins proche sa salle de consommation à moindre risque. En effet, la majorité communale souhaite au plus vite mettre en place son centre souhaitant ainsi lutter pour davantage de sûreté publique.

La salle de consommation à moindre risque de Charleroi devrait voir le jour derrière la tour de police, drôle d’emplacement : « Dans les alentours de la tour de police. Derrière celle-ci même pour être un peu plus précis, sans entrer dans les détails », informe Philippe Van Cauwenberghe, le président du CPAS, dans les colonnes de Sudpresse.

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Encadrer la toxicomanie pour mieux la soigner

On dit que la société évolue avec son temps. Que celle-ci est mouvante comme les souvenirs. Les choses qui hier encore semblait les plus folles passent de dangereuses à évidentes. Il en va ainsi pour toutes choses, et il semble que l’idée des « salles de shoot », bien qu’encore illégale officiellement, parcourt du chemin au sein de la société belge.

Bien qu’interdit dans notre pays, il en va de la santé publique pour les porteurs de ce projet. « Il s’agit de procurer un environnement sain et sécurisé aux consommateurs de produits stupéfiants, mais également de répondre aux problèmes sanitaires et de sécurité dans les rues, liés à la consommation de drogues », insiste-t-il.

Il est nécessaire d’accompagner ce qu’on ne peut endiguer, il en est ainsi de ce projet. Accompagner et faire de la prévention plutôt que punir et cacher ce phénomène ainsi que les personnes malades. Le centre a pour ambition et vocation de voir travailler quotidiennement assistants sociaux et médecins pour accompagner les toxicomanes dans la réduction de la prise de drogue dure. « Ça va au-delà de la consommation, il y a un accompagnement très sérieux avec l’espoir de s’en sortir », assure Philippe Van Cauwenberghe.

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Trois pièces pour trois actions différentes

Le centre médico-social se scinde en trois zones pour répondre au mieux aux besoins du public cible. La première partie est la salle d’accueil des consommateurs de drogue. Dans cette pièce, les assistants sociaux informent les personnes sur leurs droits ainsi que sur les règles à respecter au sein du bâtiment. Une seconde partie est consacrée à la consultation des toxicomanes avec les médecins qui sont là pour aider et prêter une oreille attentive. Pour finir, la dernière partie représente la « salle de shoot ». Ainsi, les infirmières surveillent et encadrent les toxicomanes avec un matériel aseptisé.

Il n’est pas question de légaliser ces drogues dures ou même de les banaliser. Il s’agit de ne pas fermer les yeux devant la misère humaine et ce cycle infernal que représente la toxicomanie. « Le problème de consommation de drogues dures à mêmes les rues est un problème qui concerne toutes les grandes villes, Charleroi y compris. »

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Un exemple concluant à Liège

Le projet de Charleroi peut s’appuyer sur celui de Liège qui a fait ses preuves. « Ce qui me frappe, c’est l’important travail de préparation au développement du projet à Liège. Il y a eu une communication avec l’ensemble du voisinage, rencontres, visites sur le terrain, journée portes ouvertes, rencontres avec les infirmiers et le corps médical, autant de démarches qui ont permis de bien faire comprendre l’utilité du projet tant pour les usagers que pour l’ensemble des riverains », pointe le président du CPAS.

Depuis son ouverture le 5 septembre 2018, le centre de Liège accueille plus de 400 toxicomanes alors que la cible estimée était à 300. Un succès si on peut le dire qui montre la demande et la nécessité de ces lieux. De plus, le centre offre une structure d’accueil de nuit étant donné que beaucoup de toxicomanes sont également sans-abris.

Bruxelles planche également sur un projet similaire même si celui-ci reste beaucoup moins avancé que celui de Charleroi. Néanmoins, un débat semble lancé et il ne peut se cloisonner du côté de l’éthique. La politique ainsi que la société se doivent d’accompagner et de s’occuper des plus démunis et de la misère. C’est peut-être la nouvelle forme de l’éthique sociétale.

B.T.



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