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Petite enfance : « La nouvelle coalition va dégrader la qualité de l’accueil et les conditions de travail ! »

27/09/24
Petite enfance : « La nouvelle coalition va dégrader la qualité de l'accueil et les conditions de travail ! »

Malgré deux années intenses au cours desquelles le personnel de l’Enfance a crié son désarroi, témoins de la détérioration de la situation du secteur, pour les travailleuses elles-mêmes ainsi que pour les familles et les enfants, le Gouvernement de la FWB annonce, à travers l’accord de gouvernement conclu par le MR et Les Engagés, son intention de ne pas tenir compte de ses revendications.

Pourtant, un front social (pas seulement syndical) composé d’une diversité d’organisations représentatives, réclamaient un masterplan pour l’Enfance, en identifiant quelques urgences prioritaires :

  • la mise en œuvre concomitante d’une série de mesures visant à lutter contre la pénurie de personnel d’encadrement des enfants (attirer des jeunes, maintenir les plus âgées) par une amélioration conséquente des rémunérations, des conditions d’emploi et de travail ;
  • la mise en œuvre d’une série de mesures visant à proposer aux enfants et aux familles un encadrement qualitatif, dont la finalisation rapide de la réforme MILAC ;
  • la nécessité de soutenir le secteur afin qu’il exerce ses 3 fonctions indispensables à la société en refusant de fausses bonnes recettes telles que la libéralisation du secteur (dont les conséquences négatives ne sont plus à démontrer).

Quelle déception.

Lire aussi : Petite enfance : les politiques du gouvernement MR-Les Engagés face aux attentes du terrain

L’attractivité de la profession ne sera pas restaurée

La Déclaration Politique Communautaire (DPC) et la Déclaration Politique Régionale wallonne (DPR) manquent de précisions surtout en ce qui concerne les budgets qui seront alloués pour maintenir et développer les places d’accueil. Nous pouvons douter de cette ambition, quand on comprend, à travers le chapitre « budget », les risques encourus pour le secteur (et tout le secteur Non-Marchand) si le gouvernement concrétise ses objectifs en matière de déficits. Investir dans l’Enfance, ce n’est pas une dépense inutile, mais indispensable !

Il est clair que le secteur, pour le Gouvernement, doit se réformer autour de l’employabilité des parents, ce qui pénalisera les familles en difficultés sociales et économiques.

Pour le gouvernement, il s’agira de «  caser  » un maximum d’enfants dans les structures existantes en «  assouplissant  » des règles telles que la capacité maximale d’accueil ou en pénalisant financièrement la structure qui n’aurait pas un taux d’occupation d’au moins 80%. Il y aura des accueillantes et des milieux d’accueils débordés par le nombre d’enfants quotidiennement accueillis. La qualité de l’accueil ne pourra qu’être dégradée et les conditions de travail rendues intenables. L’attractivité de la profession ne sera pas restaurée par de telles mesures.

Quid de la pénurie de travailleuses ?

Les DPR et DPC n’abordent pas le sujet de la pénurie des personnels et nous pouvons nous demander comment et par qui les enfants vont être encadrés dans toutes les nouvelles places créées.

Les stagiaires semblent avoir une place importante dans les projets, encore faut-il qu’il y ait des élèves dans les écoles, qu’ils ne comptent pas dans la norme d’encadrement et que du temps soit dégagé pour leur encadrement par le personnel de terrain.

En outre, la norme promise de 1,5 puéricultrices à temps plein pour 7 enfants s’avère déjà, sur le terrain, complètement obsolète.

De plus, de mauvaises solutions seront remises en place, comme les aides financières et en infrastructures pour le déploiement de structures commerciales et des crèches d’entreprise, la réapparition des co-accueils et le recours aux indépendants.

Des restrictions sont citées  : réforme des mesures de gratuité, suppression des absences non payées en crèche, ..

La qualité de l’accueil et les conditions de travail dégradées

Les déclarations politiques n’indiquent pas que le secteur de l’enfance va être dynamisé et faire l’objet d’investissements significatifs. Pire, il s’oriente exclusivement vers l’économique en oubliant les missions éducatives et sociales qui lui incombent. La qualité de l’accueil et les conditions de travail vont considérablement être dégradées.

Pour la CNE, investir dans le secteur, c’est se doter d’un levier efficace de lutte contre la pauvreté, c’est construire les bases solides d’une société inclusive. Le secteur remplit des fonctions sanitaire et économique, et assume un rôle éducatif et social primordial !

Les personnels sont les garants de la qualité de l’accueil via des conditions de travail attractives et tenables tout au long de leur carrière.

Cette année sociale, nécessitera une vigilance de chaque instant et dans tous les domaines pour lutter contre le basculement irrémédiable du secteur de l’enfance.

La CNE



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