Psychomotricité : "Notre métier comme acteur de changement dans ce monde en évolution"
Depuis 2016, les psychomotriciens de toute l’Europe, sous l’impulsion du forum européen de psychomotricité, s’organisent pour célébrer notre métier le 19 septembre. En Italie, des vidéos de présentation, de témoignages inondent les réseaux. En France, c’est l’occasion de sortir un calendrier psychomot’ qui met en avant, mois par mois, les champs d’action, médias et autres spécificités du métier. Au Luxembourg, un film a été diffusé et une soirée de jeux est organisée pour rassembler les psychomotriciens de tout le pays.
En Belgique, depuis quelques années, les écoles du bachelier en psychomotricité organisent à tour de rôle une journée d’étude mettant à l’honneur une thématique et l’évolution de notre métier. C’est ainsi qu’on a pu découvrir des médiations et champs d’applications innovants. Mais aussi que la notion d’espace dans tous ses états, est au cœur de nos interventions. Et l’an dernier nous entendions à quel point la psychomotricité n’est pas un jeu d’enfant et qu’elle s’exerce en dehors de nos salles également.
Cette année, la volonté des écoles est de placer notre métier comme acteur de changement dans ce monde en évolution. Des réflexions sur nos actions, nos médiations et nos postures viendront éclairer comment la psychomotricité vient mettre le « care » au cœur de nos rencontres. Et c’est en plaçant le vivant au centre de nos interventions que nous pourrons avoir un impact sur les enjeux planétaires.
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"Cette recherche d’équilibre dans son corps, entre soi et le monde est le pivot de nos interventions"
Tout changement entraîne ses moments de crises et de déséquilibre. Nous ne pouvons que constater l’explosion des besoins suite aux multicrises traversées et celles encore annoncées. En regardant autour de nous, on peut voir comment l’écoanxiété augmente, la fragilité de nos jeunes à trouver leurs marques dans un monde post-covid, des parents préoccupés par les fins de mois, etc. Tous les observateurs, acteurs de terrains et décideurs politiques le constatent : la question de la santé mentale est devenue un enjeu majeur de santé publique dans notre pays.
Cette recherche d’équilibre dans son corps, entre soi et le monde est le pivot de nos interventions, spécifiquement dans le soin. Et l’évolution de la psychomotricité en fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2018, nous permet de percevoir l’intérêt de notre métier dans l’arsenal de propositions pour y faire face. En effet, les instances qui interviennent financièrement pour nos séances marquent une évolution conséquente. Les mutuelles communiquent une augmentation constante des remboursements via les assurances complémentaires : Mutualité chrétienne + 50 % entre 2018 et 2022 ; Partenamut +21 % entre 2021 et 2022. Pour ce qui est du SAJ/SPJ, les chiffres d’interventions ont quasiment doublé entre 2018 et 2022, malgré un ralentissement en 2021 en raison du COVID.
Zoom sur les principaux envoyeurs
Ces chiffres sont également confirmés par l’enquête que nous avons menée auprès de nos membres fin 2022. Celle-ci nous a permis de spécifier nos principaux envoyeurs : les médecins (généralistes, mais principalement spécialistes comme pédiatres, neuropédiatres, pédopsychiatres…) ; les institutions ; les SAJ/SPJ et les écoles, CPMS, parascolaire, etc. Pour chacun d’eux, on peut également y voir que les principales raisons pour lesquelles on est interpellés sont de l’ordre de la santé mentale :
Les médecins envoient pour
- Les troubles de comportement : 20 %
- Les difficultés de socialisation : 19 %
- Les problèmes scolaires : 16 %
- Les difficultés psychologiques : 15 %
- Les troubles de personnalité : 11 %
Les institutions envoient pour
- Des troubles de comportement : 19 %
- Les troubles d’attachement : 17 %
- Les difficultés de socialisation : 16 %
- Les difficultés psychologiques : 15 %
- Problèmes scolaires : 12 %
Les écoles, CPMS, parascolaires 3-6 ans envoient pour
- Les difficultés liées à la frustration et socialisation : 19 %
- L’opposition : 19 %
- TDAH : 16 %
- TSA : 15 %
- Troubles d’attachement : 12 %
Les écoles, CPMS, parascolaire 6-12 ans envoient pour
- Troubles du comportement : 16 %
- Difficultés à la frustration, à la socialisation : 14 %
- L’opposition et TDAH : 14 %
- Difficultés à l’apprentissage — Dys : 13 %
Les écoles, CPMS, parascolaires 12-18 envoient pour
- Difficultés psychologiques : 12 %
- Troubles de comportement : 11 %
- Difficultés de socialisation : 11 %
- Opposition, difficultés à la frustration : 10 %
- Difficultés d’apprentissage — Dys : 10 %
- TDAH et symptômes dépressifs : 9 %
Finalement, l’enquête "vos envoyeurs vous font-ils part d’un manque de psychomotriciens auxquels envoyer des patients ?" nous permet également de conclure que depuis la crise COVID une majorité de nos envoyeurs font part d’un manque de psychomotriciens. Ce qui vient également souligner l’augmentation de la demande. Nous ne pouvons donc que constater la progression de la profession sur le terrain. C’est pour cela qu’en cette journée européenne de la psychomotricité nous voulions mettre ces chiffres à l’honneur. En effet, ils parlent d’eux-mêmes.
Maiorana Massimo
Président de l’UPBPF
Goffinet Marie-Jeanne
Responsable défense politique et juridique
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