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Le bulletin social : "Laissons crever nos vieux"

05/06/20
Le bulletin social:

Au sommaire de ce bulletin social, un constat déchirant : aux cris de détresse des maisons de repos, le politique reste indifférent.

« Si la girouette pouvait parler, elle dirait qu’elle dirige le vent. »
J. Renard (1906)

Souviens-toi de cette soirée du 2 décembre 2019… Intronisé, Georges-Louis Premier, notre bellâtre, dirige d’une main de Maître son premier conseil du Parti. Daniel, pas sûr de lui pour un sou, embraie sur le positionnement éthique face au concept de mort dans la dignité et là, le chef d’orchestre étale toute sa classe en coupant son interlocuteur – médecin de formation – qui exprimait maladroitement ne plus pratiquer d’euthanasie. Il dira : « Dommage, ce serait une solution pour les pensions ». Qui l’eut cru, le futur lui proposera une alternative encore plus rentable.

Sous cette introduction teintée de cynisme, le professionnel de la santé saura lire entre les lignes. En effet, cette semaine, MSF nous confirme qu’en plus du séisme qui a eu lieu dans les maisons de repos belge, la situation n’est toujours pas sous contrôle : il y a encore des contaminations, les renforts n’arrivent pas. Rien n’a changé. RIEN.

Doté d’un sens inné pour la réflexion, à l’instar de nos Élus, je me suis demandé comment faire pour porter l’écho des témoignages édifiants qui sortent des maisons de repos à nos Ministres. Libérer la parole ? Non, mais on est dans une démocratie, pardi ! Ça se saurait si l’on pouvait changer les choses à coup de hashtag ! La colère, peut-être ? Descendons dans les rues, jetons des pavés, tournons le dos à notre Gouvernement ! Quoi ? Ça a déjà été fait ? Et ça n’a pas vraiment marché… Cela fait des mois, voire des années, que les blouses blanches réclament des moyens, ils n’ont jamais vraiment été entendu. Bref, si ce n’est pas la parole, ni les actes qui comptent… Que faire ?

C’est triste de crever à force d’être sous-financé...

J’ai pensé à transcender le traumatisme par une démarche artistique. Peut-être seront-ils plus sensibles si cela passe par un autre média ? Malheureusement, en Belgique, la culture est morte le mois dernier. J’ai été à son enterrement… C’est triste de crever à force d’être sous-financé... Interpeller l’Europe ? Il parait que le Président du Conseil européen est au clair avec la politique belge de ces dernières années. Ah, mais non. On ne peut pas être la cause du problème et en même temps sa solution…

On ne va pas se mentir, il ne semblait pas y avoir d’aboutissement positif à ma démarche. Je m’apprêtais même à me dire que, finalement, la seule chose à faire, c’était d’accepter que l’on vive dans un pays où c’est tolérable de laisser crever les vieux, tout en épuisant les systèmes de soin de santé. Mais, c’est alors que la fulgurance vint à moi ! La presse, voyons ! Une carte blanche, cosignée par 269 pédiatres, ça a visiblement plus d’impact que des milliers de soignants dans les rues ! Donc, finis les piquets de grève, stop aux revendications, il suffit de bien torcher une lettre et, en un week-end, le Gouvernement plie.

Soit, amis soignants, directeurs de maisons de soins et de repos, faites vibrer la jurisprudence Désir, qui veut que toute carte blanche co-signée par plus de 250 experts, a pour effet de faire changer unilatéralement les lignes directrices d’un gouvernement. La voilà, la solution ! Eureka ! Quoi ? Un autre problème ? Il reste moins de 250 soignants pour l’ensemble des homes de Belgique ? Ah… Bon, et bien il nous reste l’Europe ou une chanson de Calogero-Obispo-Pagny pour faire résonner nos voix. À bon entendeur…

T. Persons

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