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Orientation scolaire… la marge de manœuvre est parfois faible

30/03/18
Orientation scolaire... la marge de manoeuvre est parfois faible

A l’aube des vacances d’été, les centres PMS (psycho-médico-sociaux) sont débordés. L’année académique prend fin et il faut penser à l’inscription de la rentrée prochaine. Les lieux habilités à réaliser les bilans d’orientation scolaire croulent donc souvent sous les demandes. Ces requêtes s’accompagnent régulièrement d’une pression importante tant de la part des parents que des intervenants scolaires. Face à ces exigences, il s’agit de rester objectif et au plus proche de l’intérêt de l’enfant.

Dans ma pratique en tant que psychologue au sein d’un SSM (Service de Santé Mentale), il est fréquent que je rencontre des parents afin de réaliser un bilan d’orientation scolaire pour leur progéniture. Bien trop souvent, ces parents arrivent avec une injonction du corps professoral d’obtenir un orientation en enseignement spécialisé. Il n’est pas rare d’entendre qu’un enseignant a préconisé tel ou tel type d’enseignement spécialisé pour un élève, sans analyse plus fouillée. Travailler dans un tel contexte est loin d’être aisé. Pour garder une ligne de conduite éthique, il va falloir maintenir le cap et se centrer sur le bien-être scolaire de l’enfant.

Faire face aux pressions des professionnels

Avec ce type de bilan, l’avenir scolaire d’un enfant est en jeu. Il ne s’agit donc pas de fléchir face aux pressions extérieures. Certes l’enseignant, le directeur de l’établissement scolaire, les intervenants du centre PMS connaissent bien cet élève mais une orientation scolaire s’avère bien plus complexe que les seules perceptions des professionnels de l’éducation. Il est essentiel de s’intéresser au parcours scolaire, au fonctionnement cognitif et affectif, aux habilités sociales de l’enfant… Notre analyse prendra en compte les observations transmises par l’équipe pédagogique. Néanmoins, ces propos ne dicteront pas à eux seuls l’orientation proposée.

Et l’enfant dans tout ça

Proposer une nouvelle orientation scolaire à un enfant n’est pas une démarche à prendre à la légère. Cet élève va devoir changer d’école, quitter ses camarades, son enseignant(e) et démarrer une nouvelle année dans un nouvel établissement. En outre, les représentations de l’enseignement spécialisé sont souvent erronées chez l’enfant. Signifier à un sujet qu’il va devoir aller dans une école spécialisée est souvent associé à l’apparition de failles narcissiques importantes. Il s’agit donc de ne pas se limiter à annoncer cette orientation mais à accompagner l’écolier dans une vision positive du choix qui est fait.

Prendre le temps

Ces demandes d’orientation scolaire arrivent bien souvent dans nos mains à la fin du mois de juin. Sur les 2 mois d’été, il faut réaliser ce bilan, trouver une place dans l’école adéquate ou signifier à l’établissement actuel qu’une orientation n’a pas de sens, cet enfant ayant sa place où il se trouve. Ces 2 mois sont très courts pour réaliser l’ensemble de ces tâches, il ne s’agit pas de bâcler la besogne face à des parents pressés d’en venir à bout. En outre, les instances académiques sont souvent fermées durant cette période, ce qui ne facilite pas notre travail. Prendre le temps nécessaire s’avère alors essentiel, quitte à ne pas répondre à la temporalité parentale.

Et si on pensait intégration scolaire

Je terminerai en insistant sur la nécessité de ne pas envisager toute difficulté des apprentissages ou du comportement sous le seul prisme d’une orientation en enseignement spécialisé. Certaines adaptations au sein d’une classe ou d’un établissement scolaire, l’apport d’un soutien psychologique et/ou logopédique permettent parfois à un enfant de rester au sein de l’école dans laquelle il est inscrit. Ne mettons donc pas la charrue avant les bœufs !

V.B, psychologue clinicienne

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