5 conseils pour réussir son premier stage en kiné
Kiné depuis 34 ans, Véronique Abeels s’est spécialisée en Rééducation Pelvi-Périnéale en 1999. Durant cette longue carrière, elle a reçu de nombreux.ses stagiaires en kiné mais aussi en médecine. Impliquée dans des groupes de réflexions, des conseils d’administration, elle ne compte pas les heures qu’elle consacre à sa passion. C’est donc avec enthousiasme qu’elle nous a livré cinq conseils à appliquer dans le cadre d’un premier stage. A vos stylos !
Après un master en Kinésithérapie et Réadaptation à l’UCL, Véronique Abeels, kiné depuis 34 ans, s’est spécialisée dans le domaine de l’intime pelvi-périnéal, qu’elle exerce depuis 24 ans. Passionnée par son métier, la liste des formations complémentaires qu’elle a suivies est longue : sexologue clinicienne, rééducation abdo-pelvi- périnéologique et diaphragmatique hommes, femmes et enfants, uro-gynécologie, colo- proctologie, kiné pré et post-natale...
Notons également qu’elle est membre du conseil d’administration francophone BICAP composé d’un ensemble de kinés spécialisé.e.s dans l’accompagnement des femmes enceintes et dans le traitement des problèmes de la sphère Pelvi-Périnéale, tant chez les femmes, que les hommes et les enfants.
Fille d’une kiné, cette voie était une évidence : « Je souhaitais exercer dans un métier d’aide, de soin et de communication. Il s’est imposé à moi. Je me suis vite passionnée pour la Périnéologie. J’ai donc suivi une formation universitaire de sexologue pour répondre de manière adéquate au sujet de la vie intime. Ce diplôme m’a ouvert d’autres consultations, beaucoup même, car nous ne sommes qu’une dizaine de kiné à avoir ces deux casquettes. » D’après elle, l’avantage des kinés spécialisé.es en pelvi-périnéologie sur les sexologues concerne le fait de pouvoir avoir aussi un contact physique avec les patientes.
Du fait de sa spécialité, elle reçoit des stagiaires kinés mais aussi médecins : « Je leur demande plus que jamais de respecter la confidentialité car nous sommes face à des récits de vie parfois très intimes qui touchent aux relations conjugales ou aux traumatismes d’accouchement. »
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Conseil n°1 : S’observer soi-même
« De l’entrée du patient à sa sortie du cabinet, le stagiaire doit s’observer lui-même. La gestuelle donc le comportement non-verbal disent beaucoup, autant du praticien que du patient », pointe Véronique Abeels avant de préconiser d’adopter une attitude d’égal à égal, afin de donner confiance aux patient.e.s. « J’explique toujours au stagiaire des informations importantes concernant la synergologie (langage non verbal). »
Pour un premier stage, la timidité est normale mais quelques astuces peuvent être mises en place afin de ne pas la faire paraître outre mesure : « Si l’on est assis, il faut être bien ancré et ne pas regarder le sol. Debout, adopter une attitude ouverte et un regard bienveillant, respectueux. Beaucoup de choses se jouent dans les premières minutes. Ainsi, décliner son identité, se présenter en tant que stagiaire de telle école et vouvoyer les patients sont des éléments primordiaux pour entamer une bonne consultation. »
Elle ajoute : « Parfois les patients n’acceptent pas les stagiaires. A ce moment, je propose de lire des livres de mon énorme bibliothèque et de me poser les questions qui surviennent. »
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Conseil n°2 : Relire ses cours
Du fait de son activité bien spécifique, Véronique Abeels conseille de se replonger dans ses cours avant de débuter le stage : « Il ne faut pas hésiter à contacter le ou la tuteur.rice du stage pour avoir des références. Il y a énormément de livres qui sortent ces dernières années, mais, attention aux fausses informations qui peuvent déstabiliser les patients. Il est important de toujours vérifier la qualité de la source. Je conseille souvent des ouvrages ou lectures autour de l’Evidence Base Practice (EBP) ou des modèles de communication Bio Psycho Social (BPS) qui prennent en considération l’environnement des patient.e.s, leur psychisme, leurs émotions, croyances, façons de gérer le stress, la douleur et l’estime de soi afin de réaliser au mieux l’anamnèse mais aussi l’ensemble de la consultation. »
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Conseil n°3 : Bien prendre des notes
Un point noir pour beaucoup de praticien.ne.s : l’administratif. Il exige de remplir obligatoirement certains documents avec une série d’informations. Informations qui, d’après la kiné sexologue, sont de plus en plus nombreuses : « L’administratif est très lourd, ce qui est vraiment chronophage. Mais que les étudiants se rassurent, c’est fastidieux au début, mais, cela s’allège par la suite grâce à une bonne technique de prise de notes et un bon logiciel informatique de gestion de cabinet. »
Cet aspect ajoute une dimension à la communication aux patient.es. De plus en plus méfiant.e.s sur la fuite de données, « il est important de bien les rassurer sur le fait que tout est confidentiel. Il est indispensable de suivre une formation en RGPD. » Elle appuie également sur l’importance de soigner une prise de notes personnelles afin de réaliser une consultation et un suivi thérapeutique de qualité.
Conseil n°4 : Savoir respirer et bien dormir
« Nous nous devons d’accueillir ce que disent les patients, récits qui sont parfois durs. Face à cela, certains stagiaires sont bouleversés. Il est donc important de pratiquer des méthodes de relaxation telles que la respiration diaphragmatique ou la cohérence cardiaque. » Si la charge émotionnelle est trop lourde, Véronique Abeels recommande de parler de ses ressentis et émotions tout en prenant garde au secret médical : « Il y a une limite à ce que l’on peut dire. Il ne faut ni mentionner de noms, ni de détails. »
C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à poser des questions, à demander un feedback : « Mais attention, pas devant les patients ! » Pour vivre aux mieux ces moments parfois difficiles, une bonne hygiène de vie couplée à un bon sommeil sont indispensables lors des stages : « Ce sont des grosses journées et donc des gros horaires, qui génèrent beaucoup d’informations. Dormir qualitativement est essentiel. C’est plus facile d’assimiler quand on est reposé. »
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Conseil n°5 : Être conscient que ce domaine est particulier
Le domaine d’exercice de Véronique Abeels relève presque de la niche et combine des connaissances de différentes disciplines. Ainsi, postuler pour un stage auprès d’un.e kiné spécialisé.e en Pelvi-Périnéologie demande d’être conscient.e des spécificités du métier : « C’est un métier très féminin dont l’exercice demande une certaine maturité de vie. »
Pour elle, se lancer dans le domaine de la périnéologie juste après la formation en kinésithérapie générale, n’est pas une bonne idée : « C’est trop tôt pour les jeunes professionnelles qu’elles seront mais aussi pour les patients qui apprécient d’avoir en face d’eux une praticienne avec de l’expérience professionnelle mais de vie aussi. » Pratiquer deux ou trois ans dans le général, avant de se lancer, lui semble être une bonne manière de faire.
Une première expérience de stage pas toujours réussie
Quand on lui demande son expérience de premier stage, elle rit et répond : « Je n’ai pas du tout aimé. Il s’est passé au sein d’une clinique, dans un service avec dix patients en même temps répartis dans plusieurs box. Le kiné courait entre les patients. La consultation n’était en rien individualisée. Cela m’a conforté dans l’idée que je voulais orienter ma pratique vers de l’individuel ; c’est trop important ! » Malgré cette mauvaise expérience, elle réalisa d’autres stages dont celui qui l’a passionné, en maternité : « Cela a confirmé mon désir d’être kiné. »
A. Teyssandier
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