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"Il faut enlever cette image : non, le kiné n’est pas un masseur"

S’il fallait retenir une réflexion du kinésithérapeute Samuel Prévôt-Choupas lors de notre échange, elle concernerait la générosité. La générosité dont doit faire preuve le kiné mais aussi la société dans son accessibilité aux soins spécifiques de la kinésithérapie. Partez à la rencontre de ce professionnel de la santé qui travaille notamment dans l’univers du sport. Il prépare et « répare », entre autres, les joueurs du club de basket Phoenix Brussels.

 Découvrez la campagne : "J’aime mon métier" : un focus sur les professionnels du social et de la santé

Fan du Phoenix Brussels, l’équipe de basket de première division  ? Vous aurez le plaisir de lire dans les prochaines lignes, le témoignage de celui qui permet aux joueurs de poursuivre leur saison, malgré les blessures : leur kiné Samuel Prévôt-Choupas. Nous avons eu l’occasion de le rencontrer lors de l’entrainement de ces derniers au complexe sportif de Neder-Over-Heembeek. Kiné depuis peu, Samuel Prévôt-Choupas, passionné de sport, a trouvé sa voie et se promet à un bel avenir.

«  Il faut que ça bouge et rapidement  »

Le Guide Social  : Vous exercez votre profession de kiné dans diverses structures. Pouvez-vous nous les présenter  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : J’exerce, à Bruxelles, en cabinet, à De Brouckère et à Albert. J’effectue également parfois des gardes en hôpital, des remplacements en neurologie. Et puis, depuis juillet, je travaille ici au club d’entrainement de la première division de basket pour le Phoenix Brussels Club.

Le Guide Social  : Où avez-vous fait vos études  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Je suis Français, donc j’ai d’abord fait une prépa kiné en France mais cela ne m’a pas plu, dans le sens où il y avait trop de compétition pour moi. Je suis donc venu en Belgique pour suivre la formation à l’HELB à Erasme.

Le Guide Social  : Deux choix de formations sont possible en Belgique pour devenir kiné  : soit la Haute Ecole, soit l’université. Vous avez choisi la première option, pourquoi  ? Quelle est la différence entre les deux cursus  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : A l’université, l’ensemble des stages se fait uniquement durant la dernière année. Alors qu’en Haute Ecole, on commence dès la deuxième et personnellement j’avais besoin de ce lien rapide avec le terrain. Ces études proposent de nombreux travaux pratiques durant lesquels on s’entraine les uns avec les autres. A l’université, cela n’est pas possible car les promos sont de 200 étudiants. Être constamment derrière un bureau, très peu pour moi  ! J’ai d’ailleurs choisi ces études pour cette raison. Il faut que ça bouge et rapidement.

Le Guide Social  : Et où avez-vous fait tes stages  ?

Samuel Prévôt-Choupas : J’ai commencé un premier stage en France avec une équipe professionnelle de basket, ensuite, j’ai été dans un club de football de jeunes à Anderlecht. J’ai aussi expérimenté les soins intensifs à Delta, la psychiatrie, la revalidation neurologique à CHU Saint-Pierre - Site César De Paepe et enfin la médecine interne et des services externes à Hôpital Joseph Bracops.

Le Guide Social  : D’après vos différents stages, on voit que la kiné est partout. Pouvez-vous nous en dire plus à propos de la kiné en psychiatrie  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Cela concerne beaucoup moins le traitement orthopédique par exemple, contrairement à l’équipe de baskets où je vais traiter un grand nombre de chevilles et de genoux. En psychiatrie, on va plutôt proposer de la relaxation, de l’accompagnement des personnes internées en salle de fitness par exemple car avec les traitements qu’elles ont, elles prennent beaucoup de poids, ce qui engendre des maux de dos par exemple.

«  Découvrir comment fonctionne le corps humain, c’est quand même dingue quoi  !  »

Le Guide Social  : Et en revalidation neurologique, en quoi consiste l’intervention du kiné ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Ce sont des interventions auprès de personnes qui ont eu un AVC. On va essayer de redonner un peu d’activité, de mouvements. Ce ne sont pas les traitements les plus gais…

Le Guide Social  : Pourquoi  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : C’est dur moralement. Quand on voit des jeunes de 18 ans qui ont fait un AVC, ça remet les choses en place.

Le Guide Social  : Comment faites-vous dans ces cas-là pour passer au-dessus, pour ne pas être trop impacté  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : On n’est jamais près à voir une gamine plus jeune que soit qui a fait un AVC, qui n’a jamais fumé, ni bu de sa vie… T’es jamais prêt à voir ça, ça fait mal au cœur. Tu essaies de prendre sur toi pour que ça se voit le moins possible car c’est elle qui finalement ne bougera peut-être plus jamais de sa vie.

Le Guide Social  : Est-ce qu’on aborde ce pan du métier durant la formation  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Très peu. Les cours de neuro étaient particulièrement centrés sur les bilans, les tests… mais pas sur l’état des patients. C’est pareil en psychiatrie, j’étais très stressé le premier jour car je ne savais pas où je tombais. Mais, au final, l’expérience a été très enrichissante.

Le Guide Social  : Qu’est-ce qui vous a plu et moins plu dans vos études  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Je crois qu’il n’y a rien qui m’a déplu. Pendant les études, on était un groupe de potes, on apprenait des trucs… c’est cool quoi. Ça me rappelait mes années basket où j’étais toujours avec mon équipe. Ce qui m’a le moins plu, ce sont les examens et les nuits blanches qui vont avec. (Rires) En fait, ce que j’aime dans ce métier, c’est la proximité et le contact avec les gens et la multitude de possibilités qu’offre le métier de kiné et de découvrir comment fonctionne le corps humain, c’est quand même dingue quoi  !

«  Mon métier ? Aider à ne plus avoir de douleurs et éviter qu’elles reviennent  »

Le Guide Social  : Après tous ces stages et vos diverses activités actuelles, quelle définition donneriez-vous du métier de kiné  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Déjà je dirais, je ne fais pas de massages  ! (Rires) C’est l’idée que tout le monde a, mais non. Il faut enlever cette image, le kiné n’est pas un masseur.

Sinon, c’est une personne qui aide… Enfin, moi je suis très axé trauma, orthopédie… donc si on vient me voir c’est parce qu’on s’est fait mal et qu’on ne veut plus avoir mal. Je pense donc que je suis la personne qui essaye d’aider à ne plus avoir de douleurs et d’éviter qu’elles reviennent. Au basket, je fais énormément de prévention, ne serait-ce que faire un tape (un bandage, ndlr) comme une chevillière avant les entraînements. La part de prévention est donc très importante alors qu’en cabinet on en fait beaucoup moins, puisque les gens viennent me voir après l’apparition des soucis. Le temps de prévention vient donc après la blessure alors que finalement il devrait être fait tout le temps. Pour moi, tout le monde devrait aller chez le kiné régulièrement. N’importe quelle personne qui commence une activité sportive devrait aller voir ce professionnel de la santé pour se préparer et avoir les bons exercices à faire en fonction.

Admettons, vous décidez de faire les 20 km de Bruxelles. Demain, vous vous levez et vous courrez 10 km, le lendemain vous serez chez moi car vous aurez mal au dos, à la cheville... car vous n’étiez pas préparé et c’est normal.

Le Guide Social  : Vous exercez depuis presqu’un an, vous êtes donc au début de votre carrière. Comment ça se passe  ? Quel est votre ressenti  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Ça se passe bien (Il sourit). Travailler pour l’équipe pro de basket me permet de créer un réseau pour mon activité en cabinet, car c’est attractif.

Le Guide Social  : Cela veut dire qu’il y a beaucoup de concurrence  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : A Bruxelles, il y a énormément de kiné, ce qui entraîne une guerre aux patients malheureusement. J’ai la chance d’être dans le réseau des sportifs, du coup les basketteurs que je vois ici me conseillent auprès de leur entourage. Ma patientèle est très jeune et j’aime ça.

Le Guide Social  : Pourquoi particulièrement les jeunes  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Car ils sont impliqués et ils ne viennent pas pour un massage  ! (Rires) Ils viennent car ils veulent retourner sur le terrain le plus vite possible. Je les vois progresser, c’est vraiment enrichissant.

«  Il y a tellement à faire avec les sportifs professionnels »

Le Guide Social  : Malgré cette concurrence, vous avez décidé de rester en Belgique après la fin des études. Pourquoi  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : J’ai toujours bougé pour le basket de base. Je suis parti de chez mes parents à mes 12 ans pour être en centre de formation, du coup je n’ai pas vraiment d’attaches en termes de lieux. Quand j’ai terminé mes études, je ne savais pas où aller, quoi faire… j’étais bien là et j’ai eu cette opportunité ici au club des Phoenix, de faire ce qu’il me plaît donc je suis resté.

Le Guide Social  : Sur le long terme vous vous voyez travailler uniquement pour les sportifs professionnels ou vous préfèreriez garder une certaine diversité d’activités  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Travailler qu’avec les pros ça serait le top. Ils ont deux entrainements par jour, si je pouvais être là pour les deux et rester le temps de midi pour les petits bobos, je le ferais sans problème. C’est ce qui me plait vraiment. Il y a tellement à faire avec les sportifs professionnels. Ils doivent avoir leur corps toujours prêt.

Le Guide Social  : Pour vous quelles sont les qualités que doit avoir un kiné  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : La première qualité du kiné est être à l’écoute parce que quand on va chez le kiné, c’est qu’il y a des plaintes et s’il y a des plaintes il faut savoir les entendre.

Autre qualité à avoir  : accepter de tout le temps apprendre. Quand j’ai des stagiaires au cabinet, je les laisse faire car j’apprends toujours. Parfois, ils font des exercices auxquels je n’avais pas pensé et donc je prends des trucs de mes stagiaires. C’est un partage et un échange. Un kiné, ça doit être un mec généreux  ! S’il est généreux, c’est un bon kiné. (Rires) Tant qu’on est prêt à donner de son temps et son implication, il n’y a pas de raison d’être un mauvais kiné. En revanche, les gens qui commencent à devenir aigri ou fatigué par le travail, ils sont moins bons thérapeutes.

Et enfin le kiné doit savoir se remettre en question. Si tu as une idée du traitement et que tu restes buté dessus alors que ça ne fonctionne que pour 5 personnes sur 7, sans remise en question, tu laisses les autres en plan  ? La kiné c’est une science d’essais-erreurs donc si ce qu’on propose ne fonctionne pas, il faut chercher et s’adapter.

«  Un conseil aux futurs kinés ? N’arrêtez jamais d’apprendre »

Le Guide Social  : Il y a donc une histoire de passion là-dedans.

Samuel Prévôt-Choupas  : Ha ça c’est sûr  ! Il faut être passionné sinon on ne tient pas.

Le Guide Social  : Pourquoi  ?

Samuel Prévôt-Choupas  : Être kiné c’est comme être un psy. On entend des gens se plaindre tout le temps. Si tu n’as pas cette fibre, pas l’envie de les aider, si tu fais ça juste pour gagner de l’argent, tu ne peux pas tenir. Je fais des journées de 7h à 22h, si je le faisais que pour l’argent ça n’irait pas. Je ne vois plus mon chien, donc non je ne tiendrais pas  ! (Rires)

Le Guide Social  : Quels conseils pourriez-vous donner à des futurs kinés  ?

Samuel Prévôt-Choupas  :  Pour ceux qui hésitent encore, je leur dis «  Venez  » car c’est en découvrant les choses qu’on sait si ça nous plait ou pas, et vous verrez que c’est un super métier.

Et pour les futurs kinés, ça serait de ne pas arrêter d’apprendre, de continuellement vouloir se former. Kiné, ce n’est pas juste des études de quatre ans, c’est un métier que tu étudies toute ta vie. Donc si tu es prêt à l’accepter, fonce  !

A. Teyssandier

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