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Responsable en Entreprise de travail adapté : "Avoir une activité variée autour d’un but social, c’est gratifiant"

Responsable en Entreprise de travail adapté :

Aujourd’hui responsable section Jardins pour l’Entreprise de Travail Adapté (ETA) Citeco, Garry Jacobus a découvert pour la première fois l’entreprise dans le cadre d’un stage, alors qu’il suivait une formation à la permaculture en Irlande. À son retour en Belgique, et par un heureux concours de circonstance, il a l’opportunité d’intégrer Citeco en tant que moniteur, fonction qu’il exerce pendant deux ans avant d’accéder au poste qu’il occupe aujourd’hui depuis cinq ans.

C’est entre l’atelier et les bureaux de Citeco, basés à Schaerbeek, que nous l’avons rencontré pour évoquer ce parcours, ainsi que les différents aspects de son métier entre gestion quotidienne et développement de projets.

Lorsqu’il a commencé sa carrière au sein de Citeco en tant que moniteur, Garry Jacobus accompagnait les équipes sur chantier et dans leur travail quotidien. Un travail de supervision mais aussi une mise en œuvre de ses compétences en tant que travailleur à part entière de ces équipes.

« En tant que moniteur, on est aussi là pour montrer le rythme, mettre le tempo. Il faut s’assurer que cela se passe bien pour les ouvriers, mais aussi que le chantier soit mené à bien et que le client soit satisfait, c’est un équilibre à trouver. Aujourd’hui, en tant que responsable, je ne vais presque plus sur chantier. Mon travail consiste à gérer les agendas, guider les chefs d’équipes et les moniteurs, et me charger des devis et des contacts clients. »

Une mission facilitée par son expérience de terrain, que Garry Jacobus utilise au quotidien dans l’évaluation des nouveaux chantiers et dans la mise en place de nouveaux projets, ainsi que pour répondre aux appels d’offres auxquels Citeco prend part.

« Cette expérience m’aide à connaître le rythme de nos ouvriers et adapter les plannings en fonction de nos ouvriers. Nous ne sommes pas une entreprise classique, donc il faut pouvoir sélectionner les chantiers tout en tenant compte de nos spécificités, et faire comprendre aux clients que nous travaillons sur un autre rythme. C’est intéressant car on essaie toujours de s’améliorer et de progresser, tout en utilisant les automatismes que l’on a mis en place pour que les chantiers se déroulent plus facilement. »

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Entre micro et macro, un quotidien varié

Pour Garry Jacobus, la fonction de responsable de section se traduit par des briefings journaliers avec les moniteurs, ainsi qu’une bonne part de conseils et d’accompagnement en début et fin de journée. Avec, imbriquées dans ces tâches, la gestion de conflits et la mise en place d’outils de communication nécessaires au bon fonctionnement d’une ETA et au bien-être de ses travailleurs valides et en situation de handicap. « Nous évaluons nos devis sur base de trois critères principaux : la dangerosité, la technicité, et la valorisation du travail qui découle de ce projet. Notre objectif, c’est de mettre à l’œuvre des personnes tout en leur proposant des projets où leurs compétences sont valorisées dans un environnement encadré. Et c’est en cela que le travail des moniteurs est crucial. »

Au sein de la section jardinage - fondée en 2013 - de Citeco, entreprise qui abrite également un atelier d’artisanat (reliure de livres, cannage et rempaillage, une activité quasi centenaire) et une section manutention et collecte de livres, Garry Jacobus supervise 17 personnes, dont deux moniteurs et seize travailleurs en situation de handicap répartis en quatre équipes. Une position qui lui convient tout à fait, entre gestion quotidienne et réflexion macro, avec la flexibilité des petites entreprises et une ouverture vers de nouvelles possibilités de développement.

« Le fait de pouvoir monter nos propres projets est aussi un aspect de ma fonction que j’aime beaucoup. En 2023, nous avons mis en place un maraîchage urbain via un appel d’offre de la région bruxelloise pour transformer une série d’espaces verts non valorisés en potagers. C’est très stimulant, et j’aime avoir cette vision d’ensemble tout en continuant à pouvoir me rendre sur le terrain et aller à la rencontre des clients et des équipes. In fine, je suis rarement toute la journée au bureau. »

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Son défi principal ? Garder la motivation de ses équipes en toutes saisons

Travaillant principalement à Bruxelles, les équipes de Citeco doivent faire face à la météo belge. Et lorsque l’on travaille en extérieur toute l’année, la fatigue peut s’installer, surtout en période de draches nationales.
« L’important, c’est garder la motivation assez haute et de comprendre le ressenti des travailleurs mais aussi des moniteurs. Sur le terrain, les journées peuvent sembler longues, surtout lorsque le temps n’est pas au rendez-vous. Mais en cela, les moniteurs savent que mon expérience précédente me permet de cerner leurs problèmes et de comprendre les moments plus difficiles. Mon rôle, c’est aussi de les aider, que ce soit sur par un soutien et une écoute, ou en allant moi-même sur le terrain quand c’est nécessaire. »

Du côté des travailleurs, c’est la répétition qui peut parfois peser sur le quotidien de ce responsable de section, tout comme sur ses collègues. « Même si les consignes ont été intégrées et explicitées, il faut souvent les répéter car les ouvriers oublient, perdent la motivation, ou diminuent la qualité de leur travail. Cela est normal, mais cela se traduit aussi par une répétition régulière des consignes, des bonnes pratiques, et cela peut peser sur le moral. »

Mais à l’inverse, Garry Jacobus souligne également l’aspect très gratifiant d’être témoin de l’évolution des travailleurs que Citeco accompagne, à la fois dans leurs compétences mais aussi dans leur indépendance.
« L’une des choses que je trouve les plus gratifiantes dans ce travail, c’est l’évolution que l’on peut voir chez les personnes que l’on accompagne. La répétition peut être certes fastidieuse, mais voir progresser et intégrer ces compétences par nos travailleurs, c’est très agréable. Deux de nos chefs d’équipes sont des personnes en situation de handicap, et elles sont tout à fait aptes à assurer une partie de nos chantiers aujourd’hui. »

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« En tant que petite structure, notre activité est très variée, ce que j’aime particulièrement »

Lorsqu’on lui demande ce qu’il préfère dans son métier, Garry Jacobus souligne le but social de cette activité, sans la visée de faire du profit. Un positionnement qui le libère également de la recherche de productivité et met l’aide à la personne au cœur de son travail.

« C’est notre raison sociale, et lorsqu’on y parvient, c’est gratifiant. L’avantage, c’est qu’en tant que petite structure, notre activité est très variée, et c’est quelque chose que j’aime particulièrement. Comme je l’ai évoqué plus tôt, cela me permet également de mettre en place de nouveaux projets, comme la cyclo-logistique que j’aimerais implémenter dans notre section dans le futur, ou d’autres initiatives de maraîchage. Pour nous, cela ne constitue pas une activité rentable, mais c’est par contre très valorisant pour nos travailleurs et nos équipes. »

Kévin Giraud



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