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Yves Libert, psycho-oncologue à Bordet : "Valorisant, touchant et intense !"

01/09/22 # Psychologue
Yves Libert, psycho-oncologue à Bordet:

Le champ de la psychologie est très large : la psychologie de l’enfant, la sexologie, la neuropsychologie... Pour Yves Libert, c’est la psycho-oncologie, qu’il exerce au sein de l’institut Jules Bordet à Bruxelles, référence de la lutte contre le cancer. Professeur, chercheur et praticien, ses nombreuses casquettes et années d’expérience lui ont appris l’importance de se former et de “jouer” sur plusieurs tableaux afin de rester à la page des nouveautés scientifiques, de proposer des évolutions de pratiques et de prendre du recul.

C’est dans un hôpital en plein déménagement que nous rencontrons le psycho-oncologue Yves Libert. En effet, l’institut Bordet quitte le Boulevard de Waterloo pour rejoindre le campus Erasme. L’occasion est parfaite pour revenir sur la carrière du psychologue, toujours épanoui par son métier qui mêle consultations, recherches, enseignement et surtout collaborations inter-professionnelles.

"Le domaine de la clinique est passionnant"

Le Guide Social : Vous êtes psychologue de formation. Aujourd’hui, vous travaillez principalement comme psychologue clinicien et chercheur à l’institut Jules Bordet, hôpital universitaire dédié à la lutte contre le cancer.

Yves Libert : Exactement. Je coordonne avec d’autres personnes toute la clinique de psycho-oncologie, c’est-à-dire une clinique dans laquelle il y a des psychologues et des psychiatres qui interviennent pour aider les patients, la famille et les professionnel.le.s de la santé. L’aide apportée concerne l’adaptation à la situation. C’est une unité qui a trois axes complémentaires de travail : la clinique où l’on soutient les patients et leur famille, la recherche dans le cadre de la psycho-oncologie et l’enseignement par lequel on forme des équipes de première ligne sur le terrain. En parallèle, nous avons développé un certificat de troisième cycle en psycho-oncologie coordonné par l’ULB, Mons et Liège. Le but est de former les psychologues à cette discipline. Une partie de mon temps est également consacré à l’enseignement à l’ULB.

Le Guide Social : Est-ce qu’il y a eu un élément déclencheur qui vous a poussé à entreprendre des études de psychologie ?

Yves Libert : Je fais partie de la vague d’étudiant.e.s des années 90 qui se dirigeaient vers les sciences humaines. Je voulais avoir un métier plus humain que ceux dans les domaines de l’entreprise et de l’économie, en rapport avec l’aide aux personnes et le milieu hospitalier. Je voulais m’investir dans une activité intense où il peut y avoir des choses merveilleuses qui se passent comme très difficiles.

Une carrière, cela paraît être beaucoup de choix et finalement c’est plus une question de rencontres qui débutent dans le secondaire, puis à l’université puis dans le monde professionnel. Le hasard a voulu que je rencontre des gens qui travaillaient dans un domaine qui m’a passionné. Le domaine de la clinique est passionnant car très touchant et intense.

"La partie clinique de notre travail consiste à évaluer et essayer de soutenir les patient.e.s, leurs proches ainsi que les soignant.e.s"

Le Guide Social : Vous avez ensuite choisi de vous spécialiser en oncologie...

Yves Libert : J’ai fait ma formation à l’UCL qui a débuté par la psychologie expérimentale. Au terme du Master, j’ai eu envie de faire plus de clinique, j’ai donc complété ma formation par une licence en sciences de la famille et de la sexualité. Dans le cadre de cette licence, j’avais envie de faire un mémoire en rapport avec la cancérologie et notamment le cancer du sein. Je me demandais si le soutien social pouvait changer le pronostic et la qualité de vie des femmes atteintes de la maladie.

La promotrice de mon mémoire commençait un projet inter-universitaire avec l’institut Bordet, l’UCL et l’ULG. Elle m’a proposé de faire une thèse de doctorat dans le cadre de ce projet. Ainsi, pendant quatre ans j’ai fait une thèse en interuniversitaire. Donc, depuis 2004 je travaille avec les trois universités.

Le Guide Social : Concrètement, on quoi consiste le métier de psycho-oncologue ?

Yves Libert : Principalement, ce sont des psychologues cliniciens qui ont en général un intérêt pour la psychologie de la santé et qui décident de travailler dans le cadre de la cancérologie. La psycho-oncologie est une discipline qui s’est beaucoup développée dans les années 80 et qui n’a cessé de croître et ce pour plusieurs raisons.

Le cancer est une des maladies les plus fréquentes. En même temps, la cancer connaît de plus en plus de succès thérapeutiques. Cela veut dire que les gens ont une augmentation de la qualité de vie significative qui demande une adaptation au travers d’une maladie qui devient plus chronique ensuite.

La partie clinique de notre travail consiste à évaluer et essayer de soutenir les patient.e.s, leurs proches ainsi que les soignant.e.s dans toutes les phases de la maladie possible : le dépistage, le diagnostic, le traitement, la rémission-guérison, qui n’est pas si simple et parfois malheureusement dans les phases de rechutes.

Aujourd’hui la cancérologie permet de stabiliser beaucoup de maladies pour plusieurs mois, voire plusieurs années, ce qui pose, sur le plan psychologique, d’autres défis. On aide les gens à s’adapter. Et puis, évidemment, il y a l’accompagnement quand la situation est plus compliquée.

On distingue donc deux branches dans cette discipline : il y a un intérêt pour les facteurs psychologiques qui pourraient influencer le risque d’avoir un cancer, on intervient alors sur les comportements et donc la prévention. L’autre pan porte sur la maladie quand elle est là et comment on s’y adapte.

Le Guide Social : Vous évoquez la prévention. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Yves Libert : C’est aider les gens à avoir de meilleurs comportements de santé, à les soutenir dans des comportements alimentaires (consommation d’alcool, de tabac, faire du sport...).

"Bordet ? C’est un bonheur car on est autant impliqué que la personne qui va discuter du traitement le plus pointu"

Le Guide Social : Pour vous, "un.e psychologue clinicien.ne est là pour favoriser la santé mentale des gens. Il.elle essaye alors d’avoir un impact positif sur toute la sphère bio-psycho-sociale des gens." C’est cela que vous retrouvez dans votre travail au sein de l’institut Bordet ?

Yves Libert : Oui et je considère cette institution exceptionnelle, d’abord du fait de sa taille modeste. Il n’y a que 150 lits. C’est une structure qui n’est pas énorme mais qui est très pointue, qui allie la recherche, la clinique et l’enseignement avec de la convivialité et une obsession de se centrer sur les patient.e.s. Ce point-là est pour moi déterminant.

Il y a une intégration pluridisciplinaire que je considère également exceptionnelle, c’est à dire que la place du.de la psychologue dans l’institut est très valorisée. On vient nous chercher, notre parole compte dans la recherche et dans la clinique. C’est un bonheur car on est autant impliqué que la personne qui va discuter du traitement le plus pointu avec le.la patient.e. C’est valorisant et stimulant ! Je pense que c’est spécifique à la pathologie que l’on prend en charge.

Le Guide Social : Parce que c’est une pathologie qui demande plus de soutien que d’autres ?

Yves Libert : En fait, c’est très culturel. Culturellement, le cancer a toujours eu un impact plus fort. Une étude a été faite en Belgique, il y a quelques années et consistait à demander aux gens de quoi ils.elles avaient peur de décéder. La plus représentée était la maladie cardio-vasculaire et quand vous compariez le taux de réponses concernant la peur de mourir de cette maladie au taux de maladies vasculaires qui emportaient les gens, les deux étaient quasiment similaires. Pour le cancer, on observe une sur-anxiété. Les gens sont beaucoup plus nombreux.ses à avoir peur de mourir du cancer que le nombre qui va vraiment y être confronté.

Ces 50 dernières années, le financement de la cancérologie a été très forte. Et pas uniquement chez nous, mais mondialement. C’est une maladie compliquée à comprendre, que l’on ne comprend toujours pas encore à 100%. Mais on soigne très bien beaucoup de cancers, nous avons des succès incroyables mais il y a une dose d’incertitude, bien sûr. L’incertitude concerne combien de temps et comment la personne va vivre ce qu’il lui reste à vivre. Et ces questions concernent, bien évidemment, le.la patient.e mais également son entourage et les soignant.e.s.

Enfin, la philosophie de l’institut est de se centrer sur le.la patient.e et de vaincre la maladie à travers des soins de support afin que le parcours soit le plus confortable possible. Ce que j’admire beaucoup, c’est que mes collègues médecins sont extrêmement pointu.e.s sur les plans scientifique et biomédical mais aussi, sur le plan clinique, c’est à dire qu’ils aiment soigner les gens.

"Si vous rencontrez 100 patients, il va y en avoir à peu près 50 qui vont avoir une détresse émotionnelle"

Le Guide Social : Quelle a été votre première confrontation au terrain ?

Yves Libert : Elle s’est passée à l’institut, dans le cadre de ma recherche. J’ai rencontré plein de patient.e.s car on faisait une étude sur la formation des médecins à la communication et je rencontrais les patient.e.s et leurs familles pour leur faire passer un certain nombre d’évaluations.

Le Guide Social : Et comment cela s’est-il passé ? Avez-vous été surpris ou aviez-vous anticipé ce qu’il allait se dérouler sur le terrain ?

Yves Libert : Il y a des choses auxquelles vous vous doutez un peu. Par exemple, la difficulté d’être confronté à une maladie qui risque de nous emporter ou de toucher un proche. Donc on s’attend à rencontrer des gens anxieux, en détresse, déprimés... mais ce qui m’a surtout impressionné et c’est le cas aujourd’hui encore, c’est la capacité d’adaptation. Il y a un a priori : quand vous êtes en bonne santé, vous vous dites, si je devais passer par ce parcours, je vivrais ces moments de manière anxieuse, déprimée... Et finalement, ça ne se passe pas de la sorte. Et on le voit au niveau des statistiques. Si vous rencontrez 100 patients, il va y en avoir à peu près 50 qui vont avoir une détresse émotionnelle. Cela veut donc dire, qu’un patient sur deux devrait être vu par un psychologue pour au moins être évalué. Mais si vous regardez d’un autre œil, à travers ce que les gens réussissent à faire, 1 sur 2 s’en sort très bien. Ce qui est impressionnant !

"Un axe de recherche se penche sur aider les gens à s’adapter à certaines phases de la maladie, notamment la phase de rémission - guérison"

Le Guide Social : Ainsi, vous axez vos programmes de recherche sur ce type de comportements, cette résilience ?

Yves Libert : Nous avons plusieurs axes de recherche. Un d’entre eux concerne la formation des soignant.e.s à la communication avec les patient.e.s. Du fait de cette évolution positive, les gens vivent plus longtemps et veulent être acteur.rice.s de leur parcours de soins, être informé.e.s et soutenu.e.s par les soignant.e.s. Cependant, ils.elles ne sont pas assez formé.e.s à cela. Ainsi, nous avons fait une série de recherches centrées sur les méthodes permettant aux soignant.e.s d’améliorer leur relation avec les patient.e.s.

Un autre axe de recherche se penche plutôt sur aider les gens à s’adapter à certaines phases de la maladie, notamment la phase de rémission - guérison. En fait, ça paraît dingue mais quand les gens sortent des traitements et qu’ils.elles commencent la phase de rémission - guérison, beaucoup ont un moment de fragilité. En effet, pendant presque un an, on vous suit dans des traitements, on vous soutient tous les jours, les proches sont là. Ensuite, on vous dit “A priori, vous êtes guéri, reprenez la vie comme si de rien n’était.” Ce qui est une injonction paradoxale, car bien qu’on demande à ce que la personne reprenne la vie comme avant, la vie n’est plus comme avant. Ainsi, nous recherchons à mettre en place des programmes adaptés à cette période particulière.

Une de mes collègues développe un projet autour du soutien à la parentalité : Comment fait-on pour soutenir les gens qui sont traités, dans leur rôle de parents. Que dire, ne pas dire, comment soutenir ? On retrouve ici, l’injonction paradoxale. On va dire aux personnes d’être comme elles sont d’habitude avec leurs enfants alors que la situation ne le permet bien sûr pas.

On a recherché aussi comment soutenir les couples. Comment se prennent les décisions médicales compliquées ? Comment aider les médecins à parler du pronostic ? Etc.

C’est pour cela que j’aime travailler ici, car comme vous pouvez le constater nous sommes intégrés dans toutes les questions cliniques qui se développent au contact des patient.e.s ou grâce au report des expériences de terrain des professionnels de la santé. Par exemple, récemment, j’ai vu un médecin qui se pose beaucoup de questions autour d’un nouveau traitement. Il désire que nous développions un projet autour de cela. On peut donc mettre sur pied des approches translationnelles, c’est à dire que vous avez des recherches en laboratoire dont on essaie de transférer directement les acquis au lit du patient, ce qui est le propre de notre institut.

"C’est un métier, comme tout métier de soignant, qui nécessite une formation continue"

Le Guide Social : Etant donné que vous intervenez dans différents domaines, à quoi ressemble une semaine type ?

Yves Libert : Une semaine que j’aime beaucoup est une semaine qui couple le tour clinique lors duquel on parle des patient.e.s, je les vois aussi en consultation, la participation à un séminaire ou encore la coordination de mon programme de recherche et l’enseignement.

Le tour clinique permet d’aborder les différentes situations cliniques prises en charge par l’équipe, de décider des meilleures interventions à mettre en place, d’appeler un psychiatre s’il le faut...

Pour les séminaires, j’aime autant les donner qu’y assister. De plus, l’avantage de travailler dans un établissement universitaire est que ces séminaires portent aussi bien sur la psychologie que sur les autres disciplines. C’est une stimulation qui évite la routine.

L’alternance de ces activités différentes est importante. Je suis assez convaincu que dans la psycho-oncologie, vous avez toujours intérêt à avoir au moins deux secteurs d’activités : une clinique de contact avec les patient.e.s et une logique de projets, que ce soit clinique, recherche ou enseignement. Ces trois secteurs permettent d’être aussi dans des respirations car nous sommes dans une clinique assez lourde. Être continuellement dedans, sans recul à travers un projet, cela peut être dur. Après, cette manière de fonctionner n’est pas toujours confortable. Quand on est jeune, cela peut être compliqué.

Le Guide Social : Cela demande beaucoup d’investissement...

Yves Libert : Oui, dans chacun des secteurs que je viens d’énumérer. Mais je crois que c’est mieux. Cela permet de prendre de la distance et d’être à jour. En effet, une carrière dans la psychologie à l’hôpital peut-être relativement plane.

Le Guide Social : C’est-à-dire ?

Yves Libert : Vous pouvez commencer en tant que psychologue clinicien.ne à vous occuper de patient.e.s hospitalisé.e.s dans un service à 23 ans et rester dans le même service et faire le même travail jusqu’à 67 ans. Il faut se projeter dans un avenir, avoir de l’ambition sinon on peut se lasser.

C’est un métier, comme tout métier de soignant, qui nécessite une formation continue. C’est un domaine qui change tout le temps. La vague d’étudiant.e.s, dans laquelle je me suis retrouvé, intéressé.e.s par les sciences humaine, n’a pas diminuée aujourd’hui. Ainsi, il y a une masse critique de personnes qui participe à l’évolution du champ. Il y a 20 ans, on pouvait lire un ou deux articles scientifiques qui avaient un lien avec ce que je fais. Aujourd’hui, il y en a beaucoup plus.

De plus, la formation continue nourrit le cerveau. Sans compter que pour le soin apporté aux patient.e.s, c’est important d’être au courant. Par exemple, si vous avez un problème cardio-vasculaire et que vous allez voir un cardiologue qui a fini sa formation en 1993 mais qui n’a plus jamais été voir ce qu’il se passe actuellement, vous n’auriez surement pas envie de vous faire soigner par ce professionnel. Pour la psychologie, c’est la même chose.

"Notre métier ne consiste pas uniquement à écouter en inclinant la tête"

Le Guide Social : Donc la curiosité est une qualité à avoir quand on est psychologue. En définiriez-vous d’autres ?

Yves Libert : Il faut aimer les gens et avoir une approche admirative de comment ils fonctionnent. Une des façons d’aimer son métier, c’est d’aller chercher chez les personnes, ce qu’elles mettent en place et comment elles s’en sortent, d’en être fasciné, de les accompagner et ne pas uniquement identifier les défaillances. C’est un métier relationnel qui donne beaucoup de sens à la vie.

J’ajouterais, qu’il faut faire une formation solide car comme c’est le cas ici, si vous imbriquez votre pratique à d’autres disciplines, il faut être capable de comprendre, au moins un peu, ces autres disciplines. Personne ne travaille seul. Même celui.celle qui ouvre son cabinet de psychologue interagit avec des généralistes par exemple.

Notre métier ne consiste pas uniquement à écouter en inclinant la tête.

Le Guide Social : C’est pourtant l’image qui persiste concernant le métier de psychologue.

Yves Libert : Cela commence à changer mais c’est vrai que c’est fort présent. C’est une des raisons pour lesquelles, dans les statistiques des 50% des gens qui devraient voir un.e psychologue, il n’y a que 20% qui sont d’accord de franchir le pas. Les 30% restant ne savent pas ce qu’est un.e psychologue, comment il.elle travaille et en ont une représentation fantaisiste. On a fait une étude chez les patient.e.s plus âgé.e.s et les chiffres sont doublés. Donc on voit que c’est culturel. Ainsi, il en va de notre responsabilité d’informer les gens. En Belgique, le soutien psychologique en oncologie est très important.

"Là, je m’asseyais seul face à un individu, ce qui représente un plongeon vertigineux"

Le Guide Social : Quel moment de votre carrière a été le plus marquant ?

Yves Libert : Ma rencontre avec les premier.e.s patient.e.s représente un moment de basculement. J’ai commencé à travailler en hospitalisation dans l’unité d’hématologie, donc tout ce qui concerne la leucémie et les lymphomes. C’est un domaine de l’oncologie où nous avons eu des gros succès thérapeutiques mais avec des maladies très foudroyantes aussi.

Contrairement au cancer, qui est une pathologie du vieillissement, l’unité d’hématologie accueille de jeunes patient.e.s. Ces rencontres-là ont fondé un moment décisif de ma carrière car tout est intense. J’ai vécu des moments puissants et paradoxaux car je rencontrais des jeunes qui n’avaient pas forcément envie de voir un psy. Avant je faisais de la recherche, donc je m’asseyais avec des questionnaires et je parlais de recherche. Là, je m’asseyais seul face à un individu, ce qui représente un plongeon vertigineux et c’est la réaction des patient.e.s qui vous rattrape. Je me souviens d’une patiente que je devais prendre en charge en l’absence d’une collègue, partie en vacances. Elle m’a dit lors de notre première rencontre : “En tous les cas, je vous demande une chose, ne laissez jamais dire que votre métier ne sert à rien. “ Cette phrase m’avait beaucoup touché. C’est un des moments de ma vie où je me suis dit que ce boulot avait pas mal de sens.

Le Guide Social : C’est donc la première confrontation au terrain qui vous a marqué. Vous vous sentiez assez armé pour cette confrontation ?

Yves Libert : Oui et non. Oui, car nous avons une formation et le soutien de l’équipe. Ici, nous sommes intégrés à l’équipe de psycho-oncologie mais aussi à l’équipe médicale de première ligne qui prend en charge les patient.e.s. Ainsi, on peut discuter avant de voir la personne mais aussi après, le tout dans un environnement où l’on n’est pas seul.e.s. On sait que les pathologies de la solitude au travail sont dures. Dans un métier comme le mien, ça serait dingue.

Mais c’est un métier qu’il faut commencer avec des aprioris théoriques et y aller un peu naïvement et accepter d’être aidé par les autres. Toutes les sciences humaines et la médecine fonctionnent comme ça. Les médecins apprennent aussi au lit du patient.

"Connaître la maladie aide beaucoup car les traitements des cancers sont d’une forte complexité"

Le Guide Social : Alors quels conseils donneriez-vous aux futur.e.s psychologues qui veulent se spécialiser en oncologie ?

Yves Libert : Formez-vous ! Plongez dans la cancérologie, dans le certificat en psycho-oncologie. Connaissez la discipline avant d’y aller. Connaître la maladie aide beaucoup car les traitements des cancers sont d’une forte complexité. Ainsi, les retentissements psychologiques en sont à la hauteur. Il faut aussi chercher à s’intégrer dans l’unité de travail avec les autres soignant.e.s en intra et extra hospitalier.

Guide Social : Cela veut dire qu’un.e psychologue clinicien.ne pourrait se lancer en psycho-oncologie sans formation préalable. ?

Yves Libert : Oui et il y en a beaucoup. Mais en Belgique, suite à la mise en place du plan cancer après une étude et des recommandations que nous avons faites, les étudiant.e.s se sont vu proposer un certificat inter-universitaire en psycho-oncologie du côté néerlandophone et francophone éligible à la bourse.

A. Teyssandier

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