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Les CPAS sont de plus en plus gérés comme des grandes entreprises (Témoignage)

04/06/14
Les CPAS sont de plus en plus gérés comme des grandes entreprises (Témoignage)

Pierre, assistant social, a travaillé plusieurs années au service social général du CPAS de Molenbeek, en première ligne dans l’accueil et le suivi des personnes qui veulent bénéficier du revenu d’intégration minimum. Il déplore le manque de personnel et la pression qui pèse sur les travailleurs. Et les conséquences sur les usagers.

Lire notre dossier : Ils ont droit à des aides sociales... mais n’en bénéficient pas

Le service social des CPAS accueille chaque jour des personnes sans source de revenus qui font la demande d’un revenu minimum. Ils sont reçus par des assistants sociaux qui leur ouvrent un dossier. «  Nous faisons une enquête sociale afin d’établir si la personne est dans les conditions », explique Pierre (nom d’emprunt), assistant social, au CPAS de Molenbeek. « Une fois qu’elle obtient, nous assurons alors le suivi. Ensuite, on gère aussi toute une série d’aides connexes comme une intervention dans les frais médicaux, payements des factures de gaz et d’électricité, et nous sommes aussi connectés à des services de médiation de dette, d’emploi, de formation... ». « Notre mission est de les informer sur leurs droits », souligne Pierre.

Manque de cohérence

Si l’idée est belle en théorie, on en est parfois loin sur le terrain. Pour le bénéficiaire, public vulnérable en général, il est parfois difficile de s’y retrouver tant la procédure est complexe . Si bien que certaines personnes renoncent au revenu d’intégration face à la complexité de la procédure, rapporte l’assistant social. A cela s’ajoute un manque de cohérence des politiques des CPAS : « Tous les CPAS sont dépendants de lois qui régissent les compétences, pourtant les lignes de conduite changent en fonction des CPAS », explique Pierre. Et d’illustrer : « Un bénéficiaire aura plus de chance d’accéder à ses droits à Molenbeek qu’à Berchem Saint Agathe ».

Travailleurs sociaux sous pression

Les travailleurs sociaux dénoncent régulièrement le manque de moyens du CPAS. « Il y a de plus en plus de demandes et pas assez de travailleurs. Les assistants sociaux se référent donc à la loi mais ne prennent parfois plus le temps de chercher les nuances ». Ce qui retombe directement sur les usagers. A cette surcharge de travail, s’ajoute la pression de la rentabilité : « Les supérieurs hiérarchiques des CPAS demandent de plus en plus de rapidité dans le traitement des dossiers. On est davantage dans du management d’entreprise. Leur vision du travail social ne correspond pas à la réalité de terrain ». Pourtant, l’une des pistes pour garantir un meilleur accès à l’information, serait le travail en réseau avec les associations de terrain. « Cela permet de créer une relation de confiance avec les usagers et de casser l’image du contrôleur qui colle à la peau des travailleurs du CPAS », explique Pierre. Une mission qui nécessite du temps et des moyens. Et l’assistant social de déplorer : « Les travailleurs sociaux sont acculés. Et cela ne va pas s’améliorer avec la réforme du chômage ».

Manon Legrand

Lire aussi : Bien-être au travail : les soignants en première ligne face au burn-out

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Commentaires - 1 message
  • Bonjour,rnrnEtant moi-assistante sociale, j'ai fait le choix volontaire de ne pas travailler au sein d'un CPAS pour les mêmes raisons reprises sur l'article. En effet, ayant une vocation sociale, le but de notre métier est de prendre en compte l'aspect social face aux demandes de l'usager. Malheureusement au sein des CPAS, l'assistant social a de plus en plus un rôle de contrôleur imposé par la hiérarchie lui faisant perdre de vue le SOCIAL.rnrnEt,Il est triste de constater qu'aujourd'hui l'assistant social doit se conformer à ces contraintes hiérarchiques qui par la même occasion le frustre et ne lui permet plus de s'épanouir dans son métier ce qui a inévitablement un impact sur l'usager.

    Belhaj Ibtissam mercredi 10 septembre 2014 10:09

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