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Assises du Social : usagers et assistants sociaux de CPAS, même combat !

13/09/23
Assises du Social : usagers et assistants sociaux de CPAS, même combat !

Les Assises du Social est le nouveau projet du groupe d’ayants droit du CPAS de Saint-Gilles. Après avoir produit une série de recommandations sur l’accès à l’aide médicale, entre autres, les vingt bénéficiaires souhaitent sensibiliser les décideur.ses sur les conditions difficiles de travail des assistants sociaux en CPAS. Khalid Chatar coordinateur du projet, Marilyn Micklethwoite et Richard Kawael, deux participant.es, ont livré au Guide Social leurs motivations.

En janvier 2022 débutait la Plateforme Citoyenne et Participative initiée par le CPAS de Saint-Gilles et portée par le Collectif Formation Société. Une vingtaine d’ayants droit se sont rassemblé.es afin de partager leurs vécus et difficultés rencontrées lors de leur parcours en CPAS. A l’occasion d’une invitation à un colloque organisé par les CPAS bruxellois afin d’y présenter leurs résultats, les participant.es ont pu entendre les difficultés auxquelles font face les travailleurs et travailleuses sociaux.

Déclic ! Leur combat pour l’accès aux droits est lié à celui des conditions de travail plus favorables que réclament les assistants sociaux. Avec la période électorale dans laquelle nous entrons, il n’en fallait pas plus pour les motiver à se lancer dans un nouveau projet : Les Assises du Social, leur propre colloque, pour sensibiliser les politicien.nes aux conditions de travail des assistants sociaux en CPAS et leurs liens avec le quotidien des ayants droit.

Lire aussi : Le témoignage de Marie-Pierre Doumont, assistante sociale en CPAS

« Créer un espace de dialogue entre les usager.ères et l’institution »

Khalid Chatar est responsable du pôle Éducation permanente et coordinateur social du Collectif Formation Société. En partenariat avec le CPAS de Saint-Gilles, il a mené le projet Plateforme Citoyenne et Participative, dont l’objectif était de rassembler des ayants droit afin de réfléchir et proposer des recommandations vis-à-vis du non-recours aux aides et aux services du CPAS.

La plateforme a débuté en janvier 2022, avec une vingtaines de participant.es : « Nous avons analysé les situations vécues par chacun.e pour petit à petit essayer de trouver des problématiques communes. Nous avons alors choisi de travailler sur l’aide médicale car c’est le seul droit auquel ont accès les personnes sans papiers. De plus, nous avons constaté qu’il était difficile d’y accéder et que les périodes d’attribution étaient différentes d’une personne à l’autre. Nous avons donc réalisé des recherches pour comprendre cette différence. »

Au bout de six mois de travail, le groupe a communiqué trois principales recommandations à la présidente du CPAS ainsi qu’à divers responsables :

  • besoin de séances d’information collectives pour connaître les droits et les manières de les appliquer.
  • nécessité d’un.e médiateur.rice ou un facilitateur.rice pour les situations d’urgence afin de soutenir les assistants sociaux indisponibles et produire un reporting qui identifie les contextes récurrents.
  • création d’une instance structurelle d’usager.ères expert.es au sein du CPAS

Pour Richard Kawael, membre de la plateforme, les réflexions et recherches ont permis « de nous aider à mieux comprendre comment le CPAS fonctionne et par répercutions, renseigner d’autres ayants droit ».

Pour Marilyn Micklethwoite, également participante à la plateforme, ce projet est une vraie réussite car il a offert la possibilité de « créer un espace de dialogue entre les usager.ères et l’institution » mais surtout des réalisations concrètes sur le terrain : « Il y a eu un changement dans la manière dont les personnes à l’accueil nous reçoivent. Ils sont plus respectueux. Par rapport à la carte médicale, elle est attribué directement et elle dure 12 mois pour tout le monde. Ces victoires nous ont nourri et amené à vouloir continuer. »

« J’ai été frappée par la souffrance exprimée par les travailleurs sociaux »

Cette motivation s’est vue renforcée à l’occasion d’un colloque organisé le 14 octobre 2022 par la fédération des CPAS autour de la place de la parole des usagers. A cette occasion, le groupe d’ayants droit devait présenter le projet de plateforme citoyenne afin d’inspirer d’autres CPAS. Ironiquement, le groupe n’a pas eu la parole.

Malgré cette déception, la participation aux ateliers de réflexion lui a permis une prise de conscience quant aux conditions de travail des assistants sociaux au sein des CPAS. «  Leur mission est complexe. Ils font face à une quantité énorme et très diverse de demandes. C’est un service universel qui doit répondre à toutes les situations qui peuvent exister. Nous avons également rencontré le directeur général qui nous a fait part des difficultés de recrutement et du nombre grandissant de burn-out », remarque Khald Shtar.

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Marilyn Micklethwoite souligne : « J’ai été frappée par la souffrance exprimée par les travailleurs sociaux, leurs difficultés par rapport à leur hiérarchie, l’impossibilité pour certains de développer des projets, la démotivation quand le public ne se présente pas aux rendez-vous... On s’est dit qu’on pouvait faire quelque chose et occuper une vraie place. Nous avons donc décidé de créer notre propre colloque autour de la souffrance et des conditions de travail des assistants sociaux. »

Khalid Chatar poursuit : « Aujourd’hui, l’idée est de continuer et devenir ce comité d’experts, mais de manière autonome. »

les missions des Assises du social

« Nous avons été mandatés pour refaire un travail sur le non-recours, mais nous n’allons pas pouvoir agir sur le non-recours si nous ne prenons pas en compte les difficultés et conditions de travail des assistants sociaux », souligne Khalid Chatar.

Boosté par la réussite de la Plateforme Citoyenne et dans le cadre de l’année électorale qui arrive, le collectif travaille à organiser un colloque en avril 2024 sur la réalité du travail des assistant.s sociaux.ales. « Parce que cela nous concerne aussi », insiste Richard Kawael.

L’idée est d’associer un maximum de parties prenantes : des bénéficiaires, des travailleur.ses sociaux.ales, des chercheur.ses et des politiques. De ces derniers, le trio attend un positionnement : « Nous allons travailler sur deux supports : les digital storytelling et les conférences gesticulées. Nous souhaitons partir à la fois des vécus des ayants droit et des assistants sociaux de CPAS. Ce genre d’initiative met en lumière à quel point il est important d’associer les premiers concernés à toutes les étapes. Ils sont une vraie ressource et peuvent amener à faire un pas de côté. »

Marilyn Micklethwoite conclut : « Il y a une vraie solidarité dans le groupe. On se soutient, on se motive, on veut faire bouger les choses. »

Le rendez-vous est pris pour avril prochain !

A.Teyssandier



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