Vous êtes travailleur social et vous souhaitez intégrer un CPAS ? Voici tout ce que vous devez savoir !
Vous disposez d’un diplôme d’assistant social ou d’éducateur spécialisé et vous êtes à la recherche d’un job ? Opérateurs incontournables, les CPAS sont de gros pourvoyeurs d’emploi. Des postes très variés sont proposés régulièrement. Pour remplir quelles missions ? Avec quelles conditions de travail ? Et pour quels avantages ? Focus sur ces « temples du social » où l’aide apportée permet d’influer durablement sur la vie des gens
Travailler dans un CPAS : une ambition, un premier choix ou une alternative ? Voici tout ce que vous devez savoir avant de postuler en tant que travailleur social. Pour répondre aux différentes questions que vous vous posez, nous avons épluché les offres d’emploi publiées sur le site des pouvoirs locaux wallons « JobCom »(1). Nous avons interrogé également le CPAS de la Ville de Bruxelles ainsi que le CPAS de Charleroi.
Un CPAS, c’est quoi ?
On les qualifie de « bras armés sociaux » des communes et sont, dans les grandes villes, parfois stigmatisés d’être des usines du social. Qu’il s’agisse d’un procès légitime ou non, il semble établi en tout cas que les CPAS sont rarement bien appréhendés dans la diversité de leurs missions.
Avant de découvrir les différentes opportunités qu’offrent les CPAS, rappelons qu’il s’agit « d’un service public au service du public, c’est-à-dire un service créé par l’État pour répondre à un besoin de la collectivité. Le CPAS a été créé en 1976 afin de permettre à toute personne de mener une vie conforme à la dignité humaine. (…) Le CPAS a pour mission d’examiner les demandes d’aide des personnes et d’accorder les aides auxquelles ils peuvent prétendre. (…) Le CPAS est garant du droit à l’intégration sociale et du droit à l’aide sociale pour toute personne qui a sa résidence habituelle et effective sur le territoire belge »(2)
Il y a un CPAS par commune. A l’échelle de la Wallonie, cela représente 262 CPAS et 19 en Région bruxelloise dont celui de la Ville de Bruxelles qui, à lui tout seul, rassemble près de 3.000 (!) collaborateurs.
Pour réaliser quelles missions ?
« L’assistant social au sein d’un CPAS est la personne de référence pour tout ayant droit. Dans ce cadre, il/elle assure le suivi des demandes d’aide sociale et/ou financière et accompagne l’ayant droit tout au long de son parcours d’intégration en l’orientant si nécessaire vers des services de seconde ligne et ce, dans un objectif d’émancipation socio-professionnelle », résume Mehdi Fargaoui, Expert en recrutement et évaluation des compétences au CPAS de la Ville de Bruxelles.
Voilà pour le cadre général. Et concrètement ? « Au CPAS de Charleroi, on retrouve des assistants sociaux absolument partout, nous explique Jérôme Duveau, Manager social (3). La première ligne rassemble environ 120 assistants sociaux répartis dans les 12 antennes sociales. C’est à ce niveau que se fait l’accueil de la demande et que les travailleurs sociaux pourront soit y répondre directement, soit orienter la personne vers les autres services en fonction des besoins ».
Par analogie avec le monde médical, la première ligne équivaut au médecin généraliste. Il s’agira pour l’assistant social d’évaluer et d’analyser la situation du bénéficiaire, de participer aux différentes démarches nécessaires à l’octroi éventuel d’aide(s), de réaliser des enquêtes sociales et d’en assurer le suivi ou encore de développer des relations partenariales internes et externes.
Aux côtés de la première ligne se déploie la seconde ligne qui rassemble tous les médecins spécialisés : les espaces citoyens, le service logement, le service de médiation de dettes, le service de santé mentale, le service d’aide aux familles ou encore les maisons de retraite. "Même le département des finances du CPAS compte un AS pour s’assurer d’avoir une gestion sociale et humaine de la situation et éviter que le contentieux ne soit géré comme il pourrait l’être par un service de recouvrement privé. Comme on peut le constater, il y a des assistants sociaux à quasiment tous les échelons", poursuit le Manager social.
Dans les annonces publiées sur JobCom, plusieurs types de postes sont proposés pour travailler dans des crèches ou comme agent d’insertion socioprofessionnelle ou encore au sein d’ILA (Initiative Locale d’Accueil – pour l’accueil des demandeurs d’asile).
Des postes sont également à pourvoir pour les éducateurs A1. « Chaque antenne sociale dispose d’un éducateur qui réalise les suivis individuels. Ses missions sont multiples : il peut accompagner un bénéficiaire dans la salle d’attente pour un rendez-vous en santé mentale ou à la commune pour renouveler sa carte d’identité ou encore organiser une sortie dans le cadre d’une démarche de remobilisation familiale, précise Jérôme Duveau. En action collective, les éducateurs vont aider les personnes à intégrer les ateliers ou à visiter le SIEP. Dans un espace citoyen, on leur demandera d’organiser des ateliers et de les animer. En urgence social, ils feront des tournantes dans les rues de la ville pour aller à la rencontre des personnes sans-abri. L’éducateur, c’est le relais de terrain de l’assistant social quand ce dernier réalise le volet administratif du bénéficiaire. C’est un agent tout terrain qui a un rôle essentiel ».
Que faut-il pour se faire engager ?
Pour prétendre à un poste d’assistant social, certaines conditions sont communes à tous les CPAS. Il faut en effet avoir un diplôme belge de Bachelier d’assistant social ou être en possession d’une décision d’équivalence assimilant le diplôme d’études étranger au diplôme requis au moment de l’engagement.
Du reste, on vous demandera de disposer d’une connaissance des législations sociales (loi organique des CPAS du 08.07.1976, la loi du 02.04.1965 relative à la prise en charge des secours accordés par les CPAS et la loi du 26.05.2002 concernant le droit à l’intégration sociale) et d’avoir des capacités en termes de gestion du stress et des conflits. L’expérience dans le secteur social ou dans un CPAS sera considérée comme un plus. Disposer d’un passeport APE sera soit exigé, soit considéré comme un atout.
Dans les offres que nous avons épluchées, il est demandé de manière quasi systématique d’avoir le permis B ainsi qu’un véhicule. Mais dans les faits, l’un et l’autre ne constituent pas des conditions sine qua non pour être engagé, comme on a pu nous le préciser au CPAS de Charleroi. Au CPAS de Bruxelles, on a même insisté sur le fait que le permis n’était pas demandé.
« On recherche surtout des collaborateurs motivés et motivants pour les bénéficiaires qui ont un désir d’apprendre et de s’investir et qui n’ont pas peur de se confronter à de nouvelles législations », précise le Manager social.
Quelles sont les conditions de travail ?
Les conditions peuvent légèrement varier d’un CPAS à l’autre. De manière générale, sont proposés des CDD (contrats à durée déterminée), CDI (contrats à durée indéterminée) ou CDR (contrats de remplacement).
· Salaire en fonction de l’échelle barémique B1
« Le salaire d’un assistant social est calculé sur base de l’échelle barémique BH1 conforme aux barèmes des administrations locales de la Région Bruxelles-Capitale avec un salaire mensuel brut qui peut varier en fonction de la valorisation des expériences professionnelles antérieures ainsi que de la réussite de l’examen linguistique SELOR », précise Mehdi Fargaoui, Expert en recrutement et évaluation des compétences au CPAS de la Ville de Buxelles.
En Région wallonne l’échelle B1 équivaut à minimum 2.615,40 euros bruts mensuels indexés au 1er juillet 2021.
· Horaires
Le régime horaire de travail peut légèrement varier d’un CPAS à l’autre. Au CPAS de Fleurus, on proposera par exemple un contrat de remplacement en temps plein de jour suivant un régime de 36h/semaine en horaire fixe. Nous avons rencontré dans les différentes offres consultées des régimes de 37h/semaine et le plus souvent, de 38h/semaine.
« Au CPAS de Charleroi, un temps plein équivaut à 38h/semaine avec une possibilité de prester 39h pour obtenir des congés compensatoires », précise Jérôme Duveau.
Possibilité également d’avoir des horaires flottants et spécifiques en fonction de l’affectation (dans les maisons de retraite ou dans l’urgence sociale en abri de nuit).
· Régime de congé attrayant
La plupart des CPAS mettent en avant l’attractivité du régime de congé proposé. « A Charleroi, nous avons droit à 250 heures de congé auxquelles s’ajoutent les 76 heures de congés compensatoires si vous faites l’horaire flottant. C’est assez conséquent », sourit le Manager social.
Au CPAS de Bruxelles, il nous est précisé que le régime de congé est attrayant et est calculé en fonction de l’âge.
Quels sont les avantages ?
· Chèque-repas
Légère variation d’un CPAS à l’autre mais généralement le montant par chèque repas s’élève à 5,50€ (Charleroi) ou 6,00 € (Bruxelles).
· Prime de fin d’année
Elle n’est pas octroyée dans tous les CPAS. Dans les offres que l’on a consultées, elle était notamment proposée par les CPAS de Boussu et d’Ecaussines.
· Prise en compte de l’ancienneté
Au CPAS de Bruxelles notamment on tient compte de l’expérience professionnelle (secteurs public et/ou privé) antérieure sous réserve de la remise d’attestations probantes en application du statut pécuniaire.
· Evolution de carrière
C’est un avantage qui compte. Les CPAS favorisent l’évolution de carrière pour celle ou celui qui en fait le choix, qu’elle soit horizontale ou verticale. « Vu la multitude d’intervenants internes, il est possible de passer d’un service à l’autre au cours de sa carrière, ce qui permet de continuer à s’outiller, à s’équiper, à se rafraîchir mentalement par la diversité de son action", explique Jérôme Duveau. "L’évolution verticale est rendue possible, quant à elle, en passant des examens. Dans chaque département, il y a différents services. Dans chaque service, il y a un système de responsabilités pyramidal qui favorise l’ascension ».
Au cours de son parcours professionnel, le Manager social a connu bon nombre de changements et d’évolutions. Après des études d’AS à Charleroi, le travailleur social a été engagé au CPAS de Bruxelles. Il y a travaillé de nombreuses années avant de vouloir se rapprocher de son domicile et intégrer l’équipe de l’antenne sociale de Marchienne Docherie. C’était en 2010. « Après quelques années, j’ai demandé une mobilité interne au service Accueil et diversité. Puis j’ai passé les examens pour devenir adjoint au Manager de l’antenne de Couillet - Montignies. Puis j’ai passé les examens pour le poste de Responsable du Collectif Bilan et Orientations. Ensuite j’ai passé des examens pour devenir Manager et on m’a affecté à l’antenne sociale de Jumet ».
· Ecolage et formation continue
« Un écolage particulier est mis en place pour les nouveaux engagés. La charge de travail est limitée de sorte à pouvoir se former et poursuivre son écolage dans de bonnes conditions », précise le Manager social.
Une fois bien installé dans ses fonctions, le travailleur social bénéficiera d’une formation continue. Le CPAS de Charleroi dispose d’une cellule « formation » en interne. Tout agent peut soumettre également une demande pour suivre une formation en externe.
· Sécurité d’emploi
Gros avantage du secteur public : la sécurité raisonnable d’emploi. « Même si votre contrat est lié à un subside, il y a un roulement lié notamment au départ à la pension qui est tel que vous avez de grandes chances de voir votre contrat se prolonger et/ou de pouvoir obtenir un CDI », avance Jérôme Duveau.
A cela s’ajoute un avantage propre à la fonction publique : l’opportunité de nomination statutaire. « Les garanties financières sont aussi un aspect très appréciable, précise Jérôme Duveau. Je n’ai jamais connu de retard de payement ni au CPAS de Bruxelles ni à celui de Charleroi ».
· Un réseau à lui tout seul
Autre bénéfice : quand on est diplômé dans le secteur social, il y a ce qu’on appelle dans le métier « le réseau ». Le CPAS, à lui seul, regroupe une série de départements et de services qui créent déjà un énorme réseau. Et comme l’explique Jérôme Duveau : « C’est un luxe quand on travaille en première ligne d’avoir des relais rapides de terrain qui font partie de la même institution, qui permettent d’avoir une intervention ciblée et efficace. C’est luxueux pour le travailleur et c’est tout bénéfice pour l’ayant droit. Contrairement à certaines ASBL, on ne fait pas avec des bouts de ficelles, on n’est pas dans la débrouillardise ».
· Un travail qui fait sens
Autre aspect crucial, le CPAS offre un travail qui épouse des valeurs et qui fait sens. « L’impact positif qu’un travailleur social peut avoir sur la vie des gens est incommensurable », nous confie encore Jérôme Duveau.
· Avantages spécifiques au CPAS de Bruxelles
– Prime linguistique si réussite des examens du SELOR ;
– Abonnement gratuit de la STIB et intervention dans les frais de transport (SNCB, De Lijn, TEC, vélo) ;
– Prise en charge du ticket modérateur par le CPAS pour les soins médicaux (CHU Brugmann, CHU Saint-Pierre, Institut Jules Bordet, Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola) ;
– Possibilité d’une assurance hospitalisation à tarif préférentiel.
« Non, ce n’est pas une usine sociale »
Chaque année, les CPAS reçoivent des centaines de candidatures et de demandes de stage. « Pour un étudiant, le CPAS peut parfois faire peur car il apparait comme une imposante structure administrative. Il faut aussi voir les côtés positifs pour les bénéficiaires et pour les travailleurs : la pluridisciplinarité et la multitude de services, les moyens qu’ils soient financiers ou humains et matériel, la possibilité de développement personnel et professionnel. On ne peut pas nier l’impact administratif et juridique du travail car il s’agit d’une structure qui est liée à des logiques fédérales et communales. Mais ce n’est pas 100% du travail, ni même 50% du travail réalisé. Il ne faut pas avoir peur d’intégrer un CPAS par crainte d’une surcharge administrative. La richesse interne au niveau de l’action qui est menée dans les CPAS au bénéfice des gens dépasse largement l’écueil de l’administratif », conclut le Manager social.
Lina Fiandaca
Et pour aller plus loin :
[Regardez]
[Ecoutez]
[Découvrez les fiches métiers dédiées à la profession d’assistant social] :
– Formation, débouchés, contrats… : découvrez le métier d’assistant social
– Quelle formation pour devenir assistant social en Belgique ?
– Quel est le salaire d’un assistant social en Belgique ?
– L’importance de la déontologie pour l’assistant social
– Quel est le travail de l’assistant social de CPAS en ILA ?
[Découvrez les autres témoignages d’AS] :
– "Je suis fière lorsque je peux aider une personne à atteindre ses objectifs"
– "Le travail en planning familial ? Il n’y a pas de routine !"
– Assistantes sociales indépendantes : "Pour retrouver l’essence de notre métier"
– Fiona, assistante sociale : une reconversion professionnelle au service des SDF
– "Le métier d’assistant social n’est pas un sacerdoce"
– "Je ne pensais pas qu’on pouvait avoir autant d’impact dans la vie des gens"
– "Assistant social de formation, je suis devenu directeur d’une maison d’accueil"
– "Mon job ? Offrir un soutien émotionnel aux mineurs étrangers non-accompagnés”
[Découvrez les autres professions du secteur psycho-médico-social] :
– Les témoignages
– Les fiches métiers
1 : Ce site de l’Union des Villes et Communes de Wallonie regroupe les postes à pourvoir dans les 262 communes/CPAS wallons. https://www.uvcw.be/jobcom/
2 : Alain VAESSEN, Le CPAS c’est quoi ?, brochure éditée par la Fédération des CPAS wallons, p.3 et p.6. https://www.uvcw.be/publications/78
3 : A l’antenne de Jumet, Jérôme Duveau est Manager social. Il gère une équipe de 11 assistants sociaux, un éducateur, 5 agents administratifs, 2 agents chargés de réaliser les payements pour le compte de bénéficiaires et 2 agents communautaires qui interviennent dans la recherche de logement ou gèrent des ateliers de théâtre. Jumet compte 24.000 habitants. C’est une section de la ville de Charleroi. Avant la fusion des communes en 1977, Jumet était une commune à part entière.
Ajouter un commentaire à l'article