Rétrospective 2024 - Cinq cartes blanches qui vous ont fait réagir
En 2024, le Guide Social a réaffirmé son rôle de porte-voix des professionnels du secteur social et de la santé. En donnant régulièrement la parole aux acteurs et actrices du terrain, nous avons permis à des idées, des revendications ou bien encore à des espoirs d’être entendus.
Les cartes blanches, écrites par ceux qui vivent et façonnent le secteur au quotidien, ont une place centrale dans notre mission. Les contributions publiées en 2024 montrent la diversité et la force des voix qui animent le secteur social et de la santé. Elles témoignent des luttes, des revendications, mais aussi des espoirs portés par ces professionnels engagés.
Parmi les nombreux textes publiées cette année, cinq d’entre elles ont particulièrement marqué nos lecteurs et suscité des réactions passionnées.
1. Non Madame la RTBF, les fraudes sociales ne sont pas le problème majeur dans les CPAS
Dans cette carte blanche incisive, Marc Chambeau, enseignant à Cardijn (Helha), membre du bureau du Comité de vigilance en Travail social (CVTS) et du collectif des formatrices et formateurs en travail social (CFTS), réagit au reportage diffusé par la RTBF le 19 novembre 2024, qui met en lumière des supposées dérives au CPAS d’Anderlecht : accusations de clientélisme, enquêtes sociales bâclées et aides "trop facilement" octroyées.
L’auteur questionne le véritable scandale : est-ce la fraude sociale, souvent mise en avant, ou l’incapacité structurelle des CPAS à traiter dignement leurs bénéficiaires dans un contexte de sous-financement chronique et de surcharge de travail ? Avec près de 200 dossiers par travailleur social et un quart de la population anderlechtoise vivant sous le seuil de pauvreté, il pointe la responsabilité de l’État dans l’échec des politiques sociales et dénonce l’indifférence médiatique face à la pauvreté systémique. Une critique virulente des priorités journalistiques et politiques, appelant à recentrer les débats sur les véritables enjeux sociaux.
2. Remboursement des séances de psychomotricité : pour une égalité d’accès à la santé mentale
Cette tribune de l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF) dénonce une inégalité majeure dans le remboursement des soins psychomoteurs en Belgique. Actuellement, les enfants flamands bénéficient d’un remboursement INAMI pour les séances de psychomotricité, tandis que les enfants francophones n’ont droit à aucune aide similaire. Cet écart, dû à des différences dans les formations et la reconnaissance professionnelle entre les Communautés, empêche un accès égal aux soins pour des pathologies identiques.
Face à une explosion des besoins en santé mentale, l’UPBPF appelle le gouvernement fédéral à reconnaître la psychomotricité comme profession paramédicale et à harmoniser les remboursements au niveau national. Une telle réforme garantirait à tous les enfants un traitement équitable, quelle que soit leur Région de résidence, et permettrait de répondre à une demande croissante tout en soutenant les familles en détresse financière.
3. Les sages-femmes sont toujours à bout de souffle !
Un an après avoir dénoncé leurs conditions de travail précaires, les sages-femmes belges, via l’UPSFB et l’AFSF, tirent à nouveau la sonnette d’alarme. Malgré des promesses de refinancement et des discussions sur une révision de la nomenclature, les avancées sont quasi inexistantes. Ces professionnelles de première ligne, indispensables pour la santé des mères et des nouveau-nés, réclament aujourd’hui non plus une reconnaissance symbolique, mais les moyens financiers nécessaires pour simplement survivre dans leur métier.
Face à un système qui les rémunère bien en deçà de leurs responsabilités et à des conditions de travail qui se détériorent, les sages-femmes alertent sur les risques pour la qualité des soins. Elles appellent à un refinancement urgent pour garantir un accompagnement digne des familles et une prise en charge pérenne dans le cadre périnatal. Sans cela, c’est la santé des femmes et des enfants, mais aussi l’avenir même de la profession, qui sont menacés.
4. Travailleurs du psycho-médico-social : "Nous ne voulons plus de miettes !"
Des travailleurs du secteur psycho-médico-social, via des dizaines de signataires à cette carte blanche, dénoncent un sous-financement chronique, une surcharge administrative et des conditions de travail insoutenables. Malgré des besoins croissants et des publics de plus en plus précarisés, les politiques publiques privilégient des projets ponctuels et des objectifs chiffrables au détriment d’un refinancement structurel.
Ils réclament des moyens pour garantir des salaires décents, embaucher du personnel et offrir un accompagnement digne et émancipateur. Une mobilisation large est appelée pour défendre un secteur vital.
5. Manifeste pour la formation en travail social
Le Manifeste pour la formation en travail social, né d’échanges entre formateurs en 2022, dénonce l’influence croissante des logiques managériales dans l’enseignement. Ce texte réaffirme les valeurs fondamentales du travail social : émancipation, critique sociopolitique et accompagnement des publics en respectant leur autonomie.
Il appelle à des formations centrées sur la pratique, l’analyse critique et la collaboration avec les professionnels de terrain, tout en rejetant les approches standardisées et purement gestionnaires.
Ce manifeste vise à mobiliser formateurs, étudiants et décideurs pour défendre une formation en phase avec les enjeux du travail social et les besoins réels des publics concernés.
Emilie Vleminckx
Rédactrice en chef
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