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Le secteur associatif bouscule le politique en matière d'autisme

03/04/18
Le secteur associatif bouscule le politique en matière d'autisme

Depuis la mise sur pieds du Plan transversal Autisme en 2016, trop peu de mesures concrètes ont été prises, pour l’associatif. Entre manque de subsides structurels ou manque de volonté politique, le secteur a décidé de se mobiliser. Il a donc prévu, depuis décembre 2017, une action par mois chez chacun des gouvernements des entités fédérées. Les premiers à les recevoir : Fadila Laanan et Céline Frémault, à Bruxelles.

Le secteur du handicap en veut plus. Plus de subsides, plus de places réelles, plus d’investissement de la part du politique. Si un premier pas a été fait, avec la mise sur pieds du Plan transversal Autisme en 2016, peu de mesures réelles concrètes ont été prises en conséquence. Pire, pour le secteur, ce plan autisme n’a fait que reprendre des initiatives déjà existantes, les faisant passer pour des nouveautés. Une déception, donc. C’est pourquoi il a décidé de se mobiliser. Ainsi, le Gamp (Groupe d’Action qui dénonce le Manque de Places pour personnes handicapées de grande dépendance) a prévu une action par mois dans tous les gouvernements des entités fédérées. Retour sur les rencontres avec la ministre-présidente de la Région bruxelloise, Fadila Laanan et Céline Frémault, en charge à la Cocof.

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Le politique, conscient du problème

Le secteur a préparé diverses rencontres avec les politiques. La première s’est déroulée en décembre dernier, chez la ministre-présidente de la Région bruxelloise. Pour Fadila Laanan, la rencontre fut constructive et le gouvernement reste à l’écoute. Plusieurs moyens ont été mis en place, tant pour l’inclusion, avec « Un accent particulier sur la transversalité avec des projets comme le handisport », que l’augmentation du budget à la politique d’aide aux personnes handicapées, « qui augmentera de 5,8 millions en 2018. Cela concerne en particulier les aides individuelles à l’intégration (+330.000 euros), la formation professionnelle (+50.000 euros), les primes à l’emploi (+ un million d’euros) et le renforcement des services d’accompagnement (+ 300.000 euros) », précise-t-elle. Le gouvernement bruxellois a cependant conscience que ces moyens ne sont pas suffisants, tant pour faire face aux besoins des personnes elles-mêmes, que des familles.

Céline Frémault confirme que plusieurs budgets ont été dégagés, notamment pour « les centres qui prennent soin des personnes de grande dépendance qui verront leurs normes d’encadrement augmentées. A cet égard, j’ai réservé un budget de 280.000 € pour l’année 2018 via un budget initiative. Un appel à projet a été lancé en décembre 2017, les projets d’arrêtés de subvention devraient être prochainement soumis au gouvernement francophone bruxellois. Ils permettront à 7 centres accueillant plus de 85 % de personnes parmi les plus dépendants de recevoir 40.000 € de subvention. »

Si Cinzia Tolfo, présidente de l’ASBL Infor’autisme et membre du Gamp reconnait qu’il « y a un peu d’argent qui va aller dans des conventions nominatives, ça c’est vrai », elle regrette cependant que les budgets débloqués soient si peu ambitieux et qu’ils n’aillent pas exclusivement à la création de places pour adultes ou à la prise en charge efficace des enfants. Sans remettre en cause le besoin de moyens pour les professionnels du secteur, la priorité, à l’heure actuelle, est selon elle la création réelle de place et non le subventionnement des infrastructures.

Des plans pluriannuels

Également consciente du problème et du manque de moyens, Céline Frémault précise que 2 plans pluriannuels ont été récemment adoptés, « afin de poursuivre la création de places supplémentaires à Bruxelles. Environ 100 nouvelles places verront le jour en 2018, soit dans des centres existants, soit dans de nouvelles structures de jour, d’hébergement ou en logements accompagnés. Il ne s’agit évidemment pas que de places de Grande Dépendance ou destinées à des enfants autistes. Il est important de pouvoir offrir des solutions adaptées et différenciées en fonction des différents types de handicap. C’est l’objectif que nous poursuivons depuis le début de la législature. »

Quid du modèle de subventionnement de la Flandre ?

Pour le secteur, un des soucis en Wallonie et à Bruxelles demeure le système de subventionnement. Comme l’explique Cinzia Tolfo, de l’ASBL Infor’autisme, en Flandre, la personne et non la structure, reçoit un financement. Elle peut dès lors choisir comment elle investit la somme perçue. Pour la ministre en charge à la Cocof, Céline Frémault, « si le système en place actuellement en Flandre peut montrer certains avantages, il ne pourrait pourtant pallier définitivement le problème du manque de places à Bruxelles. La création de places d’accueil et d’hébergement reste la priorité du Gouvernement. Toutefois, un projet tel que celui-là est financé en tant que projet pilote (en Cocom), le BAP (Budget d’Assistance Personnalisé). Le montant réservé à cette politique a d’ailleurs déjà doublé depuis le début de la législature. »

La transversalité, critère primordial

Il est certain que la prise en charge des personnes en situation de grande dépendance concerne la société belge à tous les niveaux, tant fédéral, communautaire que régional. Le Plan Autisme posait justement les jalons d’une prise en charge au niveau de chacune des entités. Argument soutenu tant par Céline Frémault que Fadila Laanan, pour qui la mise sur pieds du Plan transversal Autisme « concerne différents niveaux de pouvoirs et est au carrefour entre différentes compétences : l’enseignement, l’aide à la jeunesse, la santé fédérale et régionale, les hôpitaux psychiatriques, l’aide aux personnes en situation de handicap, les CPAS et les diverses entités régionales. Pour les personnes atteintes d’autisme, il y a certes le besoin de créer des places, mais il faut à chaque fois, avec l’aide des services d’accompagnement tel le SUSA trouver des solutions adaptées. »

Et en 2018 ?

Les perspectives 2018, pour le gouvernement bruxellois, se concentreront sur la création de places, tant à la Cocom qu’à la Cocof. Ensuite, en fonction des publics, le gouvernement a prévu plusieurs projets, dont le soutien à des projets de loisirs pour enfants. Il compte également pérenniser les projets mis sur pieds récemment. Plus spécifiquement, « Pour les adultes, poursuite du développement des places, des logements inclusifs, du développement d’un réseau dense de services d’accompagnement. Pour l’enseignement, priorité à la détection précoce et à l’inclusion scolaire. Pour les particuliers, aides individuelles à dispenser par la Cocom avec des budgets renforcés et le développement de l’assurance autonomie. Pour les proches, plus de soutien à ces aidants », explique Céline Frémault.

Afin de répondre aux différents types de handicaps, le gouvernement créera, en 2018, 100 places supplémentaires dans des centres existants. Le Service Phare, quant à lui, a lancé un appel à projet pour une norme supplémentaire pour la grande dépendance, qui permettra à 7 services de se partager 280.000 euros, soit l’équivalent d’une personne supplémentaire. L’année 2019, plusieurs places dans différentes institutions verront également le jour.

Le secteur, lui, continuera ses interpellations. Prochaines ministres au programme ? Alda Greoli, en charge de la Petite Enfance à Bruxelles et de l’Action sociale en Wallonie et Marie-Martine Schyns, ministre wallonne de l’Enseignement.

A.S.E.

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