Le Plan Autisme est un recueil de belles intentions, mais il manque de concret
Le Plan Autisme proposé par le gouvernement est certes un recueil de belles intentions, mais manque de concret.
« Un recueil de belles intentions, un manque de concret et beaucoup de conditionnel ». C’est de cette façon que Cinzia Tolfo, responsable de la plateforme Inforautisme, résume le Plan Autisme proposé par les Ministres Prévot, Schyns, Gréoli et Frémault fin avril. Contrairement à ce qu’ont annoncé les Ministres, les associations de parents n’ont pas été concertées et ils n’ont pris connaissance du plan qu’une fois ce dernier élaboré.
[DOSSIER]
– Des soins à domicile pour les autistes ?
– Le secteur associatif bouscule le politique en matière d’autisme
– Autisme : le politique manque de volonté
– De l’importance d’investir dans les jeunes autistes
– Un Plan transversal autisme : un (premier) pas vers l’inclusion ?
Stop à l’approche psychanalytique
Le Plan autisme présenté par les Ministres inclut principalement une approche psychanalytique de l’autisme. Ce type d’approche refuse d’étiqueter un enfant dès le plus jeune âge, alors que dans le cas de l’autisme, c’est primordial de le faire. Beaucoup de parents se plaignent de cette approche, qui ne fonctionne pas. « Nulle part dans le monde, sauf en Belgique ou en France, nous avons cette approche psychanalytique, c’est aberrant ! Nous ne voulons plus en entendre parler ! Nous voulons des thérapies comportementales et éducatives, qui elles ont porté leurs fruits, » explique C. Tolfo.
L’importance du dépistage P.R.E.C.O.C.E
En ce qui concerne le dépistage précoce, le Plan Autisme proposé par les Ministres comporte beaucoup d’incohérences. D’une part, il ne veut pas enfermer l’enfant dans un diagnostic avant 2 ans et conseille de le garder comme une sorte d’hypothèse. D’autre part, il préconise un dépistage le plus précoce possible. Pour Inforautisme, cela n’a aucun sens. Selon Cinzia Tolfo, « En fonction de l’approche, il n’y a aucun souci pour l’enfant d’être dépisté très tôt et c’est même important de le faire. Il est évident que si on adopte une approche médicamenteuse, psychiatrique, c’est très mauvais (et d’ailleurs, cela ne vaut pas uniquement pour l’autisme). Mais si on a une démarche comportementaliste, il n’y a aucun danger ».
Ce que veulent concrètement les parents
Les parents ont été très déçus de ce Plan Autisme : « Nous avons été reçus au Cabinet du Ministre, nous avons dit ce que nous voulions dans le Plan et c’est tout. Nous n’avons jamais vu de projet. Nous n’y retrouvons quasiment rien de ce que nous demandions, » précise C. Tolfo. Concrètement, ils veulent :
1) Une prise en charge précoce et intensive, pas du palliatif. Le Plan n’explique pas comment dépister, quels outils utiliser, alors que plusieurs existent, sans besoin de formation. C’est le cas des tests C.H.A.T, M.C.H.A.T. notamment. Ils demandent également une meilleure formation des intervenants.
2) Arrêter de parler de souffrance. « La souffrance est une conséquence du manque de compréhension. On ne souffre pas parce qu’on est autiste, c’est ridicule. »
3) Tenir compte de l’étude commandée par le Fédéral et réalisée par le KCE et le Conseil Supérieur de la Santé qui indiquait aux Régions les bonnes pratiques à adopter. « Les seules recommandations viennent de l’AWIPH, ce n’est pas suffisant. Ils n’ont jamais tenu compte de cette étude du Fédéral, alors qu’ils auraient dû », explique C. Tolfo.
La suite ?
Le GAMP et Inforautisme ont prévu une réunion avec une vingtaine d’associations de parents d’autistes pour créer une plateforme commune, qui verra le jour début juin : Autisolidarité. « Le Ministre Prévot a repris mot pour mot ce qu’il a dit l’année dernière pour ce Plan, ça ne va pas, nous voulons nous rassembler. Nous allons peut-être tenir une conférence de presse en réaction, pour expliquer clairement ce que nous pensons. » Ce qui est certain, c’est qu’ils explorent une possibilité d’action en justice contre l’Etat belge à l’Europe car ce n’est pas la première fois que notre pays manque à ses devoirs en matière de handicap.
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