Les soignants bruxellois, tous bilingues ?

Le personnel soignant bruxellois pourrait bientôt être obligé d’être bilingue pour pouvoir exercer. C’est en tous cas le sujet d’une proposition de loi déposée par 5 députés N-VA à la Chambre, qui souhaitent imposer un test linguistique aux praticiens de soins de santé.
Dans le dialogue entre le soignant et le patient, la communication est primordiale, d’autant plus en cas d’urgence. Pour la Belgique, avec ses 3 langues officielles, la question se pose tout particulièrement. Des députés N-VA ont ainsi rédigé une proposition de loi afin d’instaurer un test linguistique pour les prestataires de soins sur le territoire bruxellois, où néerlandais et français se côtoient au quotidien. Concrètement, celui-ci pourrait imposer un bilinguisme immédiat.
Une maîtrise des langues officielles obligatoire
Le texte N-VA souhaite insérer un nouvel article dans l’arrêté royal qui réglemente les professions de santé. Avec celui-ci, le personnel soignant, dont les kinésithérapeutes, infirmiers et sages-femmes, ne pourraient exercer sans avoir prouvé leur connaissance des langues officielles de la région dans laquelle ils exercent. Pour les soignants bruxellois, cela signifierait donc d’être nécessairement bilingue. Un test de langues deviendrait dès lors obligatoire pour le personnel de soins.
Sur le sujet, la ministre de la Santé Maggie De Block reste muette et son cabinet s’est contenté de déclarer au Soir que des "discussions sont effectivement en cours concernant la loi sur la qualité de la pratique des soins de santé, et la connaissance des langues en fait partie."
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Et le terrain ?
Pour la députée Catherine Fonck, cheffe de groupe cdH, "les exigences de la N-VA sont disproportionnées avec les besoins du terrain", rapporte La Libre. Il s’agit là de savoir si dans une région bilingue, la maîtrise des deux langues par tous les soignants est nécessaire. En effet, la communication avec le patient est un exercice particulièrement important pour les prestataires de soins. Au centre de la relation d’aide et de confiance, elle est aussi nécessaire en cas d’urgence pour comprendre le plus exactement possible la nature des symptômes. Dans certaines formations comme celle de sage-femme, la communication fait ainsi partie des enseignements et dans la pratique des prestataires de soins, de nombreuses stratégies peuvent être mises en place.
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Elargissement du test linguistique
Pour exercer en Belgique, un test linguistique est déjà imposé aux prestataires de soins diplômés hors Union Européenne, l’apprentissage de la langue étant essentiel pour l’intégration professionnelle. Avec cette proposition de loi, la N-VA souhaite donc l’élargir à tous les soignants. Pourtant, selon la Constitution, l’emploi des langues en Belgique ne peut pas être réglementé, sauf en matière d’autorité publique et d’affaires judiciaires. Le secteur de la santé ne peut donc théoriquement pas être touché. Face à cela, le texte de proposition de loi joue sur la différence juridique entre "l’emploi" d’une langue et sa "connaissance". Avec cette proposition, c’est ainsi tout le débat communautaire qui pourrait se ranimer.
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