Pour 2018, les conventions nominatives seront prises en charge… et après ?

Interrogée au Parlement de Wallonie ce mercredi, la ministre en charge de l’Action Sociale, Alda Greoli, a bien confirmé que les budgets avaient été dégagés par l’AViQ pour prendre en charge 61 situations. Les députés saluent ce geste, mais une question demeure cependant : et quoi, pour le futur ?
Nous vous en parlions hier : fin mai, l’AViQ a envoyé un courrier aux familles d’enfants en situation de handicap, leur expliquant que les budgets ne permettraient malheureusement pas la prise en charge des conventions nominatives, décernées dans les cas de handicaps lourds, qui requièrent une prise en charge d’urgence. Tollé dans le secteur. Les associations comme le Gamp, Infor’autisme ou encore Inclusion ASBL demandent des explications. Une rencontre est organisée avec la ministre en charge, Alda Greoli, qui se solde sur une note positive : les budgets ont effectivement été dégagés pour 2018, pour 61 situations. Pour les députés wallons qui l’interrogeaient à ce sujet au Parlement, c’est effectivement une bonne nouvelle. Cependant, ils n’ont pu s’empêcher de presser la ministre d’agir concrètement, mais surtout… structurellement.
[DOSSIER]
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Un débat houleux
Si la ministre en charge est du même avis que les députés qui l’interrogent sur le fait que l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de leurs familles demandent des mesures concrètes, il n’en demeure pas moins que, dans la réalité, ces mesures font cruellement défaut. Ainsi, comme le précisait la députée Eliane Tillieux (PS) à la ministre « Le pays et la Wallonie ont été condamnés par l’Europe pour leur prise en charge des personnes en situation de grande dépendance. L’AViQ annonce à présent aux familles qu’après l’ajustement budgétaire, aucun moyens supplémentaires n’a été dégagé pour les conventions nominatives ». Mathieu Daele (Ecolo) ajoute : « Un véritable coup de poing dans le ventre » ! Eliane Tilieux continue d’interroger la ministre sur la véracité de ses affirmations. Alors, l’AViQ a-t-elle les moyens, oui ou non ? Pour Eliane Tillieux, si le nouvel organisme en charge depuis la 6ème réforme de l’Etat en matière de handicap gère bien ces questions, concrètement, dégager les moyens pour les conventions nominatives l’entrainerait à devoir raboter d’autres budgets. Ce que dément Alda Greoli.
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1 million d’euros
La ministre confirme à Mme Tilieux que pour 2018, 1 millions d’euros sont disponibles pour prendre en charge 61 situations. Pour le député Mathieu Daele, c’est effectivement une bonne nouvelle, mais il insiste sur le futur : « Une solution pour le problème immédiat, oui, mais que comptez-vous faire d’un point de vue plus structurel ? » La ministre a bien conscience du problème, et précise que « Concernant 2018, il n’y a pas d’enveloppe supplémentaire prévue, puisque les budgets sont disponibles à l’AViQ. C’est donc 1 million d’euros qui ira à la prise en charge de 61 situations. Pour 2019, 2,5 millions supplémentaires s’ajouteront, pour la prise en charge de nouveaux cas. Au niveau structurel, je vous rappelle qu’une enveloppe a été dégagée pour créer 150 places supplémentaires dans les institutions spécialisées. Les dossiers sont en cours et nous espérons avoir une réponse pour 2019. »
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Des moyens qui font toujours défaut
Pour Eliane Tilieux, même avec ces enveloppes, les moyens demeurent insuffisants. « L’AViQ peut subsidier ces places uniquement parce qu’elle fait des économies ailleurs. Or, la réalité est que la demande de prises en charge des cas prioritaires ne fait qu’augmenter et les moyens pour les conventions nominatives ne sont pas suffisants. » Argument qu’appuie Mathieu Daele : « Les 61 situations dont vous parlez sont déjà « finalisées », elles concernent exclusivement des personnes sur liste d’attente, mais qui ont déjà eu le feu vert. Qu’en sera-t-il, pour les personnes qui vont y entrer dans les semaines à venir ? Que va-t-il se passer pour la 62ème, la 63ème situation ? Que sera le futur ? »
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Résoudre l’entièreté des situations
A travers les budgets dégagés, la ministre souhaite pouvoir, dans le futur « résoudre l’entièreté des situations ». Utopique, pour Eliane Tilieux. « Madame la ministre, ce n’est pas possible de résoudre l‘entièreté des situations. Vous parlez de la prise en charge de 61 situations. Or, chaque année, c’est entre 135 et 185 cas prioritaires en plus, qui s’ajoutent. Aujourd’hui, nous ne savons même pas répondre aux besoins ponctuels de ces personnes, comment voulez-vous y arriver dans le futur ? » Mathieu Daele, quant à lui, apporte une (première) piste de solution. En effet, selon lui « Il faudrait peut-être déjà commencer par ouvrir les places qui ont été acceptées dans les appels à projet datant déjà de 2013 et de 2016 et qui n’ont toujours pas été concrètement mises sur pied. »
Alors, vers un réel changement pour le secteur du handicap ?
Affaire à suivre…
A.S.E.
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