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Réforme des réseaux hospitaliers : quels impacts pour le personnel ?

19/11/19
Réforme des réseaux hospitaliers: quels impacts pour le personnel ?

Maggie De Block, lors de la dernière assemblée plénière de la Chambre, a défendu l’efficacité de la réforme des réseaux hospitaliers. La ministre de la Santé a rappelé que l’objectif principal est d’assurer un encadrement plus important des patients pour soulager le personnel infirmier. Cependant, les travailleurs craignent d’être les dommages collatéraux de cette vaste réorganisation du paysage hospitalier belge.

Depuis de longs mois, le personnel de l’ensemble du milieu hospitalier se mobilise pour protester contre des conditions de travail devenues inhumaines. Adoptée en février 2019, la réforme des réseaux hospitaliers vise à réorganiser l’ensemble des services hospitaliers de tout le territoire belge. Pour le 1er janvier 2020, les structures hospitalières belges doivent se regrouper en maximum vingt-cinq réseaux « locorégionaux ». Le but d’une telle réorganisation est de rationaliser l’offre de soins afin de l’optimiser. Lors de l’assemblée plénière du 14 novembre dernier, Caroline Taquin, députée MR, a interpellé la ministre de la Santé publique, Maggie de Block, afin de savoir comment cette réorganisation va contribuer à l’amélioration des conditions de travail du personnel hospitalier.

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Remodeler en profondeur le système hospitalier

Face à la colère des blouses blanches, la députée MR a souligné l’importance de faire évoluer rapidement la situation alarmante du personnel des soins de la santé. La réforme défendue par Maggie de Block vise à créer des réseaux hospitaliers c’est à dire à rassembler les structures hospitalières qui se trouvent géographiquement à proximité. Ainsi, réunir les différents services au sein d’un même centre hospitalier pourrait permettre d’augmenter le nombre de personnes qui encadrent les patients et donc de s’organiser avec plus d’efficacité. Cette refonte d’une très grande ampleur nécessite un travail de la part des autorités fédérales et fédérées notamment du point de vue du partage de données et de la mise en place des structures.

Face à l’importance de ce remodelage, Caroline Taquin a souhaité savoir si les services hospitaliers étaient déjà totalement intégrés au sein de leur propre réseau et quelles en étaient les conséquences pour le personnel hospitalier. Elle a donc questionné la Ministre de la Santé sur plusieurs points : « Cette réorganisation structurelle est-elle de nature à contribuer, fût-ce indirectement, à une amélioration des conditions de travail du personnel infirmier. Par ailleurs, la question de la continuité géographique est-elle garantie à ce jour par les entités fédérées ? Pouvez-vous nous indiquer si toutes les exigences sont déjà garanties, telle que la place des soins spécialisés ? »

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Une réelle avancée ?

Maggie de Block a assuré que cette réorganisation débouchera sur un encadrement des patients plus important permettant de soulager un effectif hospitalier trop réduit au sein de nombreux services. Elle a aussi annoncé qu’il revient aux Communautés de gérer l’évaluation puis l’approbation des réseaux hospitaliers pour concentrer le plus de personnel au sein d’un même centre hospitalier.

Au sein de l’Administration de la Santé publique, des groupes de travail ont été créés pour s’assurer de la collaboration entre les différentes structures. Les services d’urgence font l’objet d’une étude spéciale par un des groupes qui est chargé d’organiser une concertation sur la nécessité de garantir ces services au sein des réseaux.

Cependant, l’intégration des services au sein de réseaux hospitaliers ne réjouit nullement les professionnels du secteur. En effet, ces derniers s’inquiètent du manque d’information quant à la possibilité d’un transfert géographique et professionnel dans la cadre d’une restructuration. Ils appellent donc à une clarification du statut des travailleurs. En février dernier, Yves Helendorff, Secrétaire National de la CNE, adressait au Guide social son inquiétude face au manque de concertation des travailleurs par les autorités : « Les organes de concertation sociale restent confinés aux différents hôpitaux. Or, les enjeux du transfert les dépassent. Il va se passer que les décisions seront prises au niveau des réseaux et imposées aux travailleurs, sans possibilité de concertation sociale  ! »

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De plus, de nombreux emplois administratifs et médico-techniques vont disparaître. Yves Helendorff constatait avec amertume : « On peut comprendre cette perte d’emplois, si le but est de mieux réaffecter les moyens. Mais on veut une garantie que ceux-ci seront investis dans les soins et le personnel. »

Les professionnels espèrent donc que des mesures spécifiques seront prises pour que cette réforme débouche sur une réelle amélioration de leurs conditions de travail.

A.T.



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