Travail social : c’est (bientôt) l’heure des élections… Parlons revendications

10/01/24

Amis politiciens, arrive le moment où nous allons passer aux urnes pour vous accorder ou non notre confiance pour une nouvelle législature. Voici donc le moment tant attendu où nous pouvons vous faire part de nos doléances et revendications, en espérant qu’elles vous atteignent et que vous en teniez compte dans votre programme.

Je suis travailleuse sociale depuis pas loin de 18 ans et j’ai eu l’occasion d’évoluer dans le secteur public, intercommunal, mais aussi dans des petites et grandes associations. Avec le temps, c’est également le recul qui vient, ainsi qu’une certaine conscience d’interconnections peut-être moins évidentes de prime abord. Pour notre secteur, des revendications, j’en ai… Si elles vous parviennent, j’espère que vous les entendrez.

Plus de décence

Pardonnez-moi ma franchise, c’est qu’il ne sert à rien de se perdre en circonlocutions. Ma première demande ne concerne pas notre secteur, mais vous concerne directement, ou plutôt la manière dont vos conditions de vie participent à votre déconnexion d’avec la réalité qui est celle de la majorité des personnes que vous gouvernez. Autrement dit, sans fioritures, je vous demande de faire preuve d’un peu de décence.

Plus de connexion avec la réalité

À l’heure où nous devons tous nous serrer la ceinture, vos salaires à 5 chiffres plus les frais, payés avec les deniers du contribuable, donc les nôtres, ont du mal à passer. Et surtout, comment pouvez-vous nous comprendre, vous qui bénéficiez de telles facilités qu’elles vous coupent totalement de la réalité, et notamment des conséquences de décisions que vous prenez. Je vous demande donc de faire en sorte d’avoir un peu plus de contact avec la réalité, la vraie, la nôtre.

Croyez en la population que vous gouvernez

Parlant financements, ma seconde revendication concerne nos finances. Le secteur social est sous et mal financé. Je ne vous demande pas simplement d’y injecter de l’argent, mais de croire en nous, travailleurs sociaux. De croire aussi en la population que vous gouvernez. Je vous demande de croire que les personnes les plus fragiles ont elles aussi une place au sein de notre société, qu’il ne peut pas uniquement être question de les assister ou de les mener, manu militari, vers une « responsabilisation » forcée.

Voyez plus loin qu’une législature

Je vous demande de voir plus loin que le temps d’une législature, d’envisager les choses en termes de générations, de prendre des décisions avec une visée à long terme. Je vous demande de croire qu’il est possible de travailler sur une génération pour en récolter les fruits sur la génération suivante, ou sur celle d’après. Je vous demande de croire au pouvoir des graines que l’on sème. Je vous demande de mettre de côté les indicateurs de mesure à court terme, de cesser d’évaluer le travail social comme on évaluerait les résultats financiers d’un magasin

Croyez en nous, travailleurs sociaux

Je vous demande de croire en nous, travailleurs sociaux. De croire que nous pouvons réellement aider notre société, si nous en avons les bons moyens, placés au bons endroits, de la bonne manière. Je vous demande de croire que nous aussi, nous pouvons avoir une place autrement plus valorisante et intéressante qu’être un emplâtre sur une jambe de bois. Nous pouvons et nous voulons faire tellement plus que vider une baignoire avec une cuillère percée. Nous avons l’expertise, l’envie, la volonté. Nous voulons simplement avoir le sentiment d’être suivis, soutenus en haut lieu. Et le haut lieu, c’est vous.

MF - travailleuse sociale