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Papotages d’éducs : les possibilités d’emploi

11/01/24
Papotages d'éducs : les possibilités d'emploi

Avec ma copine Justine, éducatrice spécialisée, on a papoté un long moment. On a discuté études, boulot, expériences, équilibre vie pro et perso, etc. Cette semaine, on retrouve au menu les débouchés du métier. On a toutes les deux connu des périodes fastes et des périodes creuses en termes d’emploi, on a galéré ou non pour trouver du boulot.

Justine a fait ses études dans une haute école liégeoise, de laquelle elle est sortie il y a 8 ans. J’ai aussi fait mes études dans une école liégeoise, pas la même, et c’était il y a plus longtemps : 18 ans.

L’évolution des possibilités d’emploi

« Quand je suis sortie des études, le secteur était complètement bouché », débute Justine, avant de développer : « D’ailleurs, mes premiers emplois n’étaient pas du tout comme éducatrice. J’ai même travaillé dans un cinéma ! Je ne me formalise pas, toute expérience est bonne à prendre, au final tout s’entremêle et nous permet d’évoluer. Au début, pour mon premier emploi en tant qu’éducatrice, j’ai même accepté de dévaluer mon diplôme et d’être engagée en tant qu’A2, car c’était difficile d’être engagé, il y avait beaucoup de candidats et les employeurs pouvaient se permettre de telles demandes. »

J’ai aussi connu ça : lorsque j’ai été diplômée, il n’était pas rare d’avoir 200 candidats pour une offre d’emploi à mi-temps. Les procédures de sélection étaient à rallonge, avec sélection sur CV, examen écrit, au moins un entretien… La plupart des candidats sélectionnés avaient au minimum deux diplômes, dont un universitaire. Les seuls à trouver facilement du boulot étaient les hommes, car il y avait tellement de femmes éducatrices qu’il était difficile d’assurer une mixité au sein des équipes. Évidemment, aucun employeur ne le disait ouvertement. Pour ma part, je n’ai pas connu de réelles galères pour trouver du boulot, car j’ai pu déployer une certaine force de persuasion, mais j’ai travaillé dans des endroits où je n’avais pas vraiment envie de bosser.

La situation actuelle

« Aujourd’hui, j’ai l’impression que le secteur est beaucoup plus ouvert, qu’il y a énormément de possibilités, beaucoup plus que lorsque j’ai commencé à travailler ! On dirait presque que ce sont les éducateurs qui ont le choix maintenant », poursuit Justine. « J’ai quasiment l’impression que c’est un métier en pénurie. Bien entendu, tout dépend aussi des régions. Dans ma région, il n’y a pas tellement de postes, il faut être prêt à faire quelques kilomètres, mais il y a énormément d’opportunités. Les employeurs aussi reçoivent plus d’aides, ça leur permet d’engager des éducateurs à de meilleures conditions qu’avant, par exemple en valorisant les diplômes. »

Il me semble aussi que de nos jours, il y a beaucoup plus de possibilités d’emploi qu’avant pour les éducateurs. Pourtant, je n’ai pas l’impression que le secteur soit refinancé… D’un côté, on engage beaucoup en ce moment et d’un autre côté, on restreint les budgets, donc je ne comprends pas très bien. Ce que je constate aussi, c’est que beaucoup d’éducateurs, comme de nombreuses autres professions du social, se reconvertissent après quelques années, et qu’il y a un gros roulement dans pas mal d’institutions. J’entends aussi qu’il y a une « crise de l’engagement » dans le secteur… En tout cas, ça fait du bien de se dire que les éducateurs sont actuellement dans une position favorable en termes de recherche d’emploi, qu’ils ont moins la pression d’accepter un salaire inférieur ou de prendre n’importe quel job à n’importe quel prix.

Un conseil ?

« Je crée mes propres opportunités, si j’ai envie de travailler ici, je postule et si je ne suis pas engagée, je vais voir ailleurs. Que le secteur soit ou non bouché ne change pas grand-chose pour moi, dans ma manière de voir les choses. Pendant un temps, j’ai été dégoûtée de l’institutionnel, mais maintenant, je me rends compte que c’est important de faire partie d’un réseau, d’une structure établie, qui a les moyens, des partenaires, qui avance avec d’autres. Ça permet d’évoluer autrement dans son travail, et aussi en tant que personne. Ça permet de mettre en place des projets intéressants », précise Justine.

Je pense que tout est une question d’offre et de demande. Lorsque les candidats se bousculent au portillon, les employeurs se permettent d’être plus exigeants, parfois même avec des critères de sélection qui ne sont pas pertinents. Quand il est difficile de recruter, c’est une autre histoire. Au final, c’est comme ça partout. Ceci dit, c’est à chacun de faire le point, en fonction de sa situation personnelle, financière, de ses envies et impératifs. Le tout est de bien savoir ce que l’on veut et ce dont on a besoin. Après, le fait que le marché de l’emploi soit en demande en ce moment enlève une fameuse pression. Si ça ne se passe pas bien ici, c’est plus facile d’aller chercher ailleurs. Du coup, c’est un peu le moment idéal pour tester plein de boulots et de structures.

MF - travailleuse sociale

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