Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Être éducateur spécialisé et travailler en tant qu’indépendant

28/12/23
Être éducateur spécialisé et travailler en tant qu'indépendant

Parfois, au fil du temps, les conditions de travail en milieu institutionnel finissent par faire déchanter certains travailleurs, y compris les éducateurs spécialisés. En effet, les milieux de travail, qu’ils soient publics, institutionnels ou associatifs obéissent de plus en plus à des règles strictes, des canevas dont il devient compliqué de s’éloigner.

C’est alors que l’envie de développer son propre projet peut émerger. Rêve d’autonomie totale, de mettre en place ce qu’on n’a pas pu faire ailleurs. Pour d’autres, ce sera le souhait d’être capitaine du bateau, ou encore celui de se libérer d’un carcan devenu trop lourd et contraignant. Mais avant toute chose, être éducateur spécialisé et travailler en tant qu’indépendant, est-ce compatible ?

Lire aussi : Assistantes sociales indépendantes : "Pour retrouver l’essence de notre métier"

Les mentalités évoluent et les lignes bougent

De fait, nous associons encore assez peu le statut de travailleur indépendant au métier d’éducateur spécialisé. Traditionnellement, ce statut est plus envisagé au niveau des professions (para) médicales, telles que kiné, logopède, ergothérapeute, psychologue, infirmier, etc. Pourtant, les mentalités évoluent, les lignes bougent. Pour preuve, nombre d’assistants sociaux sautent le pas du statut de travailleur indépendant, même si cela reste souvent une activité à titre complémentaire.

Éducateur indépendant : pas nécessairement incompatible…

Être éducateur spécialisé et avoir un statut d’indépendant ne sont pas nécessairement incompatibles. En effet, il y a de la place pour des offres privées d’accompagnement éducatif individuel, ou encore d’animations ou de stages. Le souci réside plus souvent dans la perception de ce type d’offres par les pairs, ou encore dans le fait de cibler correctement sa clientèle et de « faire son trou », de faire connaître son activité.

Et pourtant encore trop mal perçu par les pairs

Après tout, pourquoi tirer à boulets rouges sur des personnes désireuses de mettre en place un projet professionnel personnel, de proposer une offre de services innovante, de venir répondre à une demande non rencontrée par ailleurs ? Ce type d’activité n’est pas à mettre en concurrence avec les offres institutionnelles. D’une part car les offres institutionnelles et associatives ne s’adressent pas toujours à tous les publics.

Certaines personnes ne sont pas suffisamment en difficultés pour y prétendre. Pour d’autres encore, le délai d’attente sera trop long. Parfois, le cadre institutionnel ne convient pas… Bref, il peut tout à fait y avoir une demande pour une offre de service proposée par des travailleurs indépendants, plus souples et réactifs que les institutions et associations, sans pour autant être moins professionnels !

Une précieuse expérience acquise

De plus, ces derniers vont acquérir une solide expérience et de nombreuses compétences transposables par ailleurs. En effet, travailler en tant qu’indépendant, c’est mettre la main à toutes les pâtes, que ce soit dans la conception et l’exécution du projet, mais aussi au niveau de sa promotion, du démarchage, de la comptabilité, etc. C’est donc acquérir une connaissance plus fine des différents rouages de la machine. C’est aussi développer un sens plus aigu du décodage de la demande et des moyens à mettre en place pour y répondre.

Quid du détricotage du filet de la sécurité sociale

À l’argument du détricotage du filet de la sécurité sociale, j’ai envie de répondre ceci. Ce détricotage est en marche depuis de nombreuses années, et il est le fait d’une volonté politique et non citoyenne. Les cadres institutionnels et associatifs deviennent parfois trop contraignants, sous financés dans certains domaines et mal financés dans d’autres. Certains travailleurs rêvent de projets ou de méthodes de travail qu’ils ne peuvent mettre en place dans le cadre de leur emploi salarié et les générations actuelles se permettent plus de libertés que les précédentes quant à leur statut. En somme, les travailleurs sociaux, éducateurs, infirmiers, etc qui font le choix du statut indépendant principal ou complémentaire ne sont pas la cause de ce détricotage, ils en sont une conséquence.

MF - travailleuse sociale

Découvrez les autres textes de l’autrice



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour