Seila, infirmière en chirurgie : “Je voulais travailler dans un hôpital qui vient en aide à tous”
Seila est infirmière au bloc opératoire du CHU Saint-Pierre. Entre deux interventions, elle nous raconte son parcours, de l’Espagne à la Belgique, et nous partage son amour pour son métier, entre protocoles chirurgicaux et passion du soin.
Un intérêt pour le soin né sur les plages espagnoles
“J’ai découvert que je voulais aider les autres en Espagne, mon pays d’origine, alors que je surveillais les plages en tant que maître-nageuse”, nous raconte Seila. “Au-delà des risques de noyade, nous devions surtout nous occuper de petites interventions, comme les piqûres de méduses. Cet été-là a été déterminant. J’ai su que je voulais vraiment travailler dans la santé.”
“Je voulais aider les gens, les soigner, me sentir utile”
“J’ai donc fait des études d’infirmière, en Espagne”, continue Seila. “J’ai vécu une première expérience dans une maison de repos, mais ce n’était pas vraiment un environnement dans lequel je me voyais poursuivre une carrière. La crise de 2008 a réduit les opportunités professionnelles en Espagne, j’ai donc cherché du travail à l’étranger. J’ai finalement trouvé un poste en France, au sein d’un service de soins intensifs post-opératoires. Cette expérience m’a permis de perfectionner mon français.”
“J’étais jeune à l’époque et l’Espagne me manquait. Je voulais retrouver ma langue maternelle… Je suis donc rentrée et j’ai entamé un master universitaire, lequel me permettait de travailler au sein de quartiers opératoires et en réanimation. Suite à ces études, je travaillais un temps plein dans une petite clinique privée et j’assumais quelques shifts à l’hôpital public. C’était très intense.”
“Quand mon compagnon, ingénieur, a eu une opportunité professionnelle en Belgique, nous avons saisi l’occasion. J’ai décidé de le suivre dans cette aventure.”
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L’arrivée en Belgique
“En Belgique, j’ai eu une première expérience au sein d’un hôpital privé bruxellois.”, explique Seila. “Ma spécialisation en chirurgie n’ayant pas été reconnue, je travaillais dans une unité d’hospitalisation post-opératoire en chirurgie digestive. Tout se passait bien, mais je ne me trouvais pas tout à fait où je souhaitais être.”
“Travailler au bloc me manquait”
“C’est dans ce contexte que j’ai postulé au CHU Saint-Pierre afin de travailler au sein du quartier opératoire.”
“Ici, à Saint-Pierre, on soigne tout le monde”
“En Espagne, le système de santé publique est largement apprécié. Il permet à chaque citoyen d’être soigné correctement. Je retrouve vraiment ce souci du soin accessible à tous au sein du CHU. Nous offrons une qualité de prise en charge équivalente à tous les individus, qu’il s’agisse de personnes défavorisées ou de membres de la famille royale. On ne retrouve pas cela partout et je me retrouve beaucoup dans cette valeur-là : le souci d’aider tout le monde.”
Infirmière en chirurgie, une vocation pour Seila
“Trouver la spécialisation qui nous correspond peut prendre du temps”, confie Seila, “mais il faut se donner les moyens et tester plusieurs services. Moi, je suis très carrée, très méthodique. J’ai besoin d’avoir un cadre dans mon métier. En ce moment, je suis instrumentiste en chirurgie cardiaque et cela me correspond bien, car je suis quelqu’un de très concentré. Je tire donc une grande satisfaction de mon travail, non seulement en raison de mes compétences, mais surtout grâce au sentiment gratifiant d’avoir un impact direct et positif sur la santé des patients.”
“Avoir un tel impact, c’est très gratifiant quand on est soignant”
“Mon métier me procure une immense satisfaction car je m’y sens bien. Quand je suis dans la salle d’opération, tout se déroule instinctivement ! C’est une expérience fluide pour moi, car j’éprouve tellement de passion que cela ne me semble pas être un effort. Lorsque nous entrons en salle d’opération”, continue Seila, “nous avons un rôle crucial à jouer dans l’amélioration de la santé du patient. Il y a un “avant” et un “après” l’opération. Et ça, ça me plait. Ça me donne vraiment l’impression d’être utile.”
“Il ne faut pas oublier qu’on est parfois face à des gens qui vivent l’un des pires moments de leur vie”
“Lorsqu’on accueille un patient, il est primordial de le rassurer, qu’il se sente en confiance. Certains patients souhaitent comprendre le déroulement de l’opération. Dans ce cas, je prends le temps d’expliquer la procédure. D’autres préfèrent ne pas être informés en détail. C’est un choix que je respecte également.”
“Quelle que soit la préférence du patient, nous débutons toujours par les présentations et une série de questions : ce qu’on appelle la checklist. Lors de nos échanges, j’essaye toujours d’établir une relation de confiance, de trouver des mots réconfortants. Il est essentiel de leur rappeler que nous sommes avant tout là pour les aider à aller mieux.”
“L’essence même de mon métier d’infirmière réside dans le fait d’assurer le confort et le bien-être du patient”
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Infirmière au bloc, ça consiste en quoi ?
“Mon rôle à moi est de m’assurer que tout le matériel est dans la salle à sa place, que tout est prêt en cas d’urgence”, expose Seila. “Nous sommes là en soutien des médecins chirurgiens. Nous devons souvent gérer des situations d’urgence et dans ces cas-là, il faut savoir garder son sang-froid, respecter la méthodologie.”
“En chirurgie, être sûr de soi, écouter les instructions du médecin et garder la tête froide sont des qualités essentielles”
“La journée commence par une petite réunion, durant laquelle on nous assigne nos spécialités du jour.”, raconte Seila. “Le plus souvent, j’assiste des interventions de cardiologie, d’orthopédie et de neurochirurgie. Mais nous sommes polyvalents, donc susceptibles d’intervenir sur tous les types de chirurgie.”
“Une fois les salles assignées, nous avons 45 minutes pour les préparer avant l’arrivée du premier patient”, expose Seila. “L’important est de préparer et de vérifier tout le matériel nécessaire à l’opération. Lorsque la salle est prête, nous allons chercher le patient.”
“Nous prenons en charge des interventions “one day”, programmées, qui nécessitent une hospitalisation d’un jour. Il est aussi possible que nous intervenions sur une opération en urgence. Il peut s’agir d’opérations courtes, comme en ophtalmologie qui, dans ce cas, vont s’enchaîner jusqu’à 15 dans la journée. Ou bien nous sommes sur des opérations plus longues, comme des pontages coronariens ou la pose de pacemaker. Ce type d’opérations prend parfois 5, 6 heures.”
“Malgré notre spécialisation, nous devons être capables de travailler dans chacune des disciplines de la chirurgie”
“Ce que j’aime dans mon métier, c’est qu’on ne sait pas ce qui nous attend. Une journée n’est pas l’autre. Parfois, nous recevons un patient qui saigne, mais sans ouvrir, on ne sait pas d’où provient l’hémorragie. Donc on ne sait pas quel type de chirurgie sera nécessaire. Dans ce cas, il faut savoir jongler entre les différentes spécialités de la chirurgie.”
À quoi ressemble l’horaire d’une infirmière au bloc ?
“J’ai la chance de travailler 4 jours par semaine”, explique Seila. “Et je travaille selon des horaires réguliers, ce qui n’est pas le cas de toutes les infirmières. Moi, j’ai des journées de dix heures, qui vont de 7 à 17 heures, ou bien de 10 heures du matin à 20 heures. Et bien sûr, nous avons quelques tours de garde le week-end, afin de pouvoir intervenir en cas d’opérations urgentes. De manière générale, nous travaillons peu les week-ends.”
Les dynamiques d’équipe
“Au bloc”, confie Seila, “nous changeons souvent d’équipe, mais nous nous connaissons tous. La dynamique est tournante, mais à force d’opérer ensemble, l’on finit par se connaître. Si l’on ne se connait pas, on se présente, bien sûr. C’est la première chose que l’on fait. Entre professionnels, mais aussi auprès des patients.”
“Pour exécuter nos tâches avec efficacité, la collaboration est essentielle”
“Pour être infirmière en chirurgie, il est nécessaire d’aimer travailler en équipe”, ajoute Seila. “La plupart des gens n’en n’ont pas forcément conscience, mais pour parvenir à une intervention chirurgicale réussie, de nombreuses personnes sont impliquées. En plus de l’équipe chirurgicale elle-même, il y a également les femmes de ménage, les aides logistiques, les secrétaires, les anesthésistes, les aides-soignants et bien d’autres. La réussite de chaque opération dépend de la collaboration et de l’implication de chacun. Sans labo, nous n’avons pas les poches de sang pour les transfusions. Sans une équipe de nettoyage efficace, la salle n’est pas propre et ne peut donc pas accueillir l’intervention.”
“L’esprit d’équipe est un atout essentiel face à la pénurie infirmière”
“Ce n’est un secret pour personne, nous faisons face à une pénurie infirmière”, confie Seila. “Ici, nous avons la chance d’avoir un très bon esprit d’équipe et de pouvoir compter les uns sur les autres. Nous formons une équipe vraiment solidaire, ce qui facilite la gestion de la pénurie.”
Le milieu hospitalier : une expérience formatrice
“L’hôpital est un environnement où l’on peut être amené à exercer dans différents domaines assez rapidement. Cependant, les débuts constituent indéniablement un véritable défi. Personnellement, j’ai rencontré des difficultés durant les premières années. Il m’a fallu du temps pour gagner en confiance en moi. Il est essentiel d’être autonome, mais il ne faut surtout pas craindre de poser des questions. Il est impossible de tout savoir, étant donné la diversité des spécialités. S’appuyer sur une équipe et acquérir des connaissances progressivement est donc tout à fait naturel.”
“Travailler dans un hôpital procure un autre avantage : l’accès à la formation”, continue Seila. “La formation dispensée à l’hôpital Saint-Pierre est vraiment de haute qualité.”
“À l’hôpital, j’ai constamment l’opportunité d’apprendre. Nous utilisons des techniques innovantes qui nécessitent une maîtrise au sein du bloc opératoire. Ces connaissances sont uniques à l’environnement hospitalier. Pour ceux qui sont passionnés par leur métier et désireux d’apprendre, l’hôpital offre une formation continue, que ce soit pour les jeunes professionnels en leur permettant de découvrir divers protocoles, ou pour ceux qui cherchent à évoluer en étant en contact avec une multitude de spécialités.”
"Les innovations sont, souvent, avant tout appliquées et apprises en milieu hospitalier”
Se construire en tant qu’infirmier
“Si j’avais un conseil à partager aux futurs infirmiers”, confie Seila, “ou bien aux infirmiers qui se cherchent encore parmi toutes les spécialisations possibles, c’est de trouver le domaine où ils se sentent bien. Moi par exemple, je sais que je ne pourrais pas travailler en néonatologie. Je ne pourrais pas, émotionnellement, gérer cela. Il est important de connaître ses limites, de savoir dans quoi on est vraiment bon.”
“Si tu as un bon esprit d’équipe, que tu apprécies le travail technique et que tu aimes ton métier d’infirmier, je te recommanderais de venir tester le travail au bloc opératoire, ou bien les soins intensifs.”
Du sang-froid, de l’esprit d’équipe, mais surtout… De la passion !
“Pour être une bonne infirmière”, conclut Seila, “Il faut aimer ce qu’on fait. Sinon, on finit par se fatiguer. C’est un métier qui nous demande beaucoup, mais qui nous apporte encore plus. Je suis témoin du bien-être de nos patients et je peux observer les résultats concrets de mes efforts. C’est vraiment gratifiant.”
"Il faut aussi être capable de gérer ses émotions car il y a des moments délicats auxquels nous sommes confrontés. Des décès surviennent, des épreuves nous poussent à dépasser nos limites. Il est crucial d’en être conscient et d’apprendre à affronter ces moments difficiles. C’est aussi cela, la réalité de la vie.”
“Souvent, en fin de journée, je ressens une grande fatigue. Malgré cela, je me sens incroyablement bien, car il y a quelque chose qui compense vraiment cette fatigue, la satisfaction d’avoir tout fait pour aider les patients, qui traversent un moment de vulnérabilité face à la maladie.”
“L’amour que j’ai pour ma profession, cette passion d’aider les autres”
“En tant qu’infirmier, on est là pour veiller au bien-être des autres, des patients, de l’équipe. Pour moi, c’est vraiment réconfortant.”
Propos recueillis par Mathilde Majois
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