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Prix de l’essence : "Un impact catastrophique sur les travailleurs du non-marchand !"

27/04/22
Prix de l'essence :

Le lundi 25 avril à Mons, plusieurs syndicats ont mené une action commune pour attirer l’attention des politiques sur les frais de carburant de certains travailleurs à domicile. Cette situation déjà critique est aggravée par l’actuelle hausse des prix de l’énergie. Olivier Lecomte, de la CGSLB, et Steve Cheron, du Setca, décryptent cette situation pour le Guide Social.

Les aides-soignantes, certains éducateurs spécialisés et travailleurs sociaux doivent utiliser leur véhicule personnel comme outil de travail afin de se rendre chez leurs bénéficiaires. Les frais de carburant liés à ces déplacements sont des frais professionnels, remboursés a posteriori. Actuellement, ils sont remboursés à 37 centimes par kilomètre, ce qui “est bien loin du coût actuel de l’essence, face à la hausse foudroyante des prix de l’énergie et son impact catastrophique sur les travailleurs”, explique Olivier Lecomte, secrétaire général de la CGSLB.

Coût des déplacements : mission impossible pour les travailleurs

Les travailleurs du non-marchand n’ont pas de véhicule de société à leur disposition, qui coûterait trop cher à leur employeur. Ils n’ont d’autre choix que d’utiliser leur véhicule personnel pour se rendre chez leurs bénéficiaires et doivent parfois faire de nombreux déplacements : “Les travailleurs du non-marchand peuvent effectuer jusqu’à 500 kilomètres par mois, dont le coût fait partie de leurs frais de mission”, poursuit Olivier Lecomte.

Le périmètre d’action des travailleurs est défini par leur employeur, “le travailleur ne peut pas se permettre de choisir son lieu de travail en fonction de ses moyens financiers, au risque de créer des tensions avec son employeur”, rajoute-t-il. “Selon les travailleurs, leurs frais de déplacement peuvent être de plusieurs centaines d’Euros par mois”, renchérit Steve Cheron, secrétaire général du Setca.

Ces conditions de travail déjà difficiles sont d’autant plus critiques face à l’actuelle hausse du prix du carburant. Elles peuvent entraîner des conditions de vie précaires pour les travailleurs, contre lesquelles les syndicats protestent avec force : “Les salaires des travailleurs du secteur non-marchand ont toujours été peu élevés, mais dans le contexte actuel leur niveau de vie est directement impacté par l’inflation. Leurs conditions de travail en elles-mêmes sont précaires et une grande partie de leur salaire est allouée pour les besoins de première nécessité”, pointe Olivier Lecomte. Ceci place certains travailleurs face un dilemme délicat : allouer leurs ressources pour leurs besoins personnels ou leurs activités professionnelles. “La hausse des prix ne concerne pas seulement le carburant, les travailleurs doivent dépenser plus d’argent pour se nourrir, leur budget se restreint. Certains doivent choisir entre faire leurs courses ou faire le plein pour leurs bénéficiaires”, explique Steve Cheron.

De plus, les actions de ces travailleurs sont bien souvent vitales pour les bénéficiaires, leur présence est donc requise d’office et leurs déplacements ne peuvent être allégés. Dans l’attente d’une réaction de la part du gouvernement, il n’y a pas d’alternative pour ces travailleurs, suspendus au remboursement de leurs frais de déplacement.

Lutte des syndicats : urgence des remboursements

La première revendication des syndicats est d’anticiper le calcul des remboursements. En effet, tous les ans au mois de juillet, les frais de remboursement sont réévalués en tenant compte du contexte économique. Mais les syndicats militent pour une réévaluation anticipée de ce calcul face à l’urgence de la situation. “Il faut avancer l’indexation pour limiter la casse”, prévient Olivier Lecomte.

Par ailleurs, Bénédicte Linard, ministre de la Santé en Fédération Wallonie-Bruxelles et Christie Morreale, ministre du Travail en Wallonie, avaient toutes deux déjà été informées de la condition des travailleurs, avant la mobilisation du lundi 25 avril. “Elles sont tout à fait conscientes du souci, mais l’enjeu est d’une complexité propre à la Belgique”, rappelle Olivier Lecomte.

En effet, les modifications législatives sont délicates et dépendent de l’entité compétente : “Au niveau fédéral, c’est le ministre de la Santé qui a le pouvoir de changer le taux de remboursement”, explique Steve Cheron. “Mais les secteurs de la ministre Morreale en région wallonne sont concernés, notre mobilisation visait à leur rappeler leur responsabilité dans la résolution de cette situation.

La seconde revendication des syndicats vise à considérer les frais de carburant comme des subsides et non comme des remboursements. “L’employeur pourrait ainsi avancer le plein du travailleur”, propose Olivier Lecomte. Pour faire avancer leurs revendications, les syndicats restent mobilisés.

Prochain rendez-vous : le 5 mai à Bruxelles

Les syndicats poursuivent leurs actions et organisent une manifestation le jeudi 5 mai à Bruxelles. Tous les travailleurs du non-marchand impactés par cette situation sont invités à y prendre part. “L’objectif est de ramener le problème au gouvernement fédéral et anticiper le calcul des remboursements”, conclut Steve Cheron.

Luisa Gambaro



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