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Les lieux d'enfermement : soigner et punir, l'éternelle aporie

05/10/17
Les lieux d'enfermement : soigner et punir, l'éternelle aporie

Un accompagnement psychique dans un lieu d’enfermement recèle de grandes particularités. A prendre en compte de toute urgence…

Il est presque paradoxal, dans ces lieux de collectivité, de promiscuité, d’uniformisation permanente, d’introduire un espace pour une parole libre et une réflexion sur soi, sur son histoire, sur son rapport à l’autre et au monde. Gageure, me direz-vous ? Ou nécessité criante au cœur de la tourmente de l’enfermement ?

Des murs et des grilles

Sans limites symboliques, sans garde-fous sociaux, ce sont des murs bien réels qui feront butée pour celui qui enfreint les règles des hommes. La prison, la défense sociale, ce sont des lieux où tout se voit, se guette, se traque. L’intimité n’y a pas sa place, pas plus que le silence. L’espace de parole proposé par le psychologue permet dès lors d’ouvrir une fenêtre sur l’après, à condition de donner également la parole au passé, sans jugement, juste pour déplier les événements de vie sous un éclairage nouveau.

S’inscrire dans une histoire

Le praticien est là pour entendre, pour recevoir un récit de vie qui a sa logique, sa continuité, en ce compris les moments de dérapage, de confusion, de perplexité. A travers la trame qui se dépose, mais aussi dans la relation qui se tisse et dans le transfert qui s’ébauche, il est une invite à faire des liens, à dire les souffrances, les incompréhensions, et à reprendre le fil d’une vie dans une narration qui lui redonne une certaine cohérence, voire une contenance. Etre deux pour cette exploration bienveillante est bien sûr capital.

La fonction du symptôme, y compris dans le passage à l’acte

Le dérapage social (et parfois psychique) qui est à l’origine de l’enfermement possède une fonction. Il est une tentative de parer à l’insupportable. Ce n’est pas la question du sens de l’acte qui nous occupe alors, mais plutôt celle de sa fonction : qu’est-il venu tenter, maladroitement, violemment, de colmater, de suturer ? Ce n’est qu’à partir de là que l’on pourra trouver d’autres alternatives, plus compatibles avec le lien social, mais qui gardent cette même fonction.
De la nécessité d’être un « électron libre » dans l’institution
Le psychologue qui accompagne des détenus ou des internés propose ainsi d’entendre autrement le parcours de son patient. Pour ce faire, il ne peut s’inscrire complètement dans l’institution qui l’accueille et doit, a minima, se réserver la liberté d’une autre logique, d’une autre écoute, et d’une confidentialité indispensable au cheminement proposé.

Intérêt de la médiation artistique

Dans cette exploration singulière, la médiation artistique est précieuse. Parce qu’elle donne la parole au corps, parce qu’elle permet de dire autrement, poétiquement, parfois sans mots, parfois bien à l’abri de la fiction, des éléments indicibles et des trouvailles énigmatiques sur son rapport à soi et à l’autre. L’Art, c’est une façon de réhabiliter l’émotion, l’imaginaire, le ressenti, mais de le faire protégé par toutes sortes de conventions, de balises, qui forment un cadre rassurant.

DB, psychologue 

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