Renforcer le soutien aux services de l'aide à domicile, une urgence !
Les fédérations des services d’aide aux familles du secteur privé et public ont besoin de soutien de la part du gouvernement wallon et le font savoir. Pour améliorer et renforcer leur travail, elles plaident, d’une seule voix, pour la mise en place de cinq axes prioritaires. Au menu : augmentation des heures de prestation des SAFA ou encore soutien et renforcement de l’encadrement des travailleurs du secteur.
Via un courrier envoyé à la ministre wallonne Christie Morreale, en charge notamment de l’Emploi et de l’Action sociale, la Fédération des CPAS wallons, la CODEF, la FASD, la FCSD ainsi que FEDOM ont uni leurs forces pour réclamer à la Région l’amélioration ainsi que renforcement de l’accompagnement à domicile dans le privé et le public. « Aujourd’hui et demain, les enjeux à rencontrer au niveau de notre secteur et plus encore au niveau des besoins de la population sont tellement importants », martèlent les différents organes. Face à ce constat, elles réclament la mise en place d’une politique globale et de long terme.
« Etant entendu qu’il s’agit là d’un chantier de longue durée, nous avons identifié une série de priorités répondant à l’urgence du soutien de nos services face à une demande sans cesse croissante tant en terme qualitatifs que quantitatifs », annoncent les fédérations. « Elles poseront les bases de l’amélioration et du renforcement de l’accompagnement à domicile en replaçant celui-ci comme un enjeu majeur de société. »
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Augmenter les heures de prestation des SAFA
Faute d’un contingent suffisant, les services d’aide à domicile doivent régulièrement refuser des demandes de personnes dépendantes ou en difficultés sociales. Pour endiguer ce phénomène, les fédérations estiment qu’il est urgent de développer davantage l’offre de service.
Pour se faire, elles proposent notamment d’augmenter le « contingent pour les aides familiaux pour que les SAFA puissent répondre à l’augmentation des demandes de bénéficiaires et créer une norme de croissance pluriannuelle récurrente de réponse aux besoins de la population. » Autres revendications : mettre en place des contingents pour les gardes à domicile et les aides ménagers sociaux et prévoir en suffisance les contingents heures inconfortables et de nuit.
Soutenir et renforcer l’encadrement dans les SAFA
« La gestion d’équipe est un axe important dans l’organisation du travail des travailleurs sociaux. Au cœur de cette gestion, les temps d’encadrement et de concertation (réunions d’équipe) sont indispensables dans un secteur où les prestataires travaillent seuls à domicile », rappellent la CODEF, la FASD et les autres signataires. Et de rajouter : « De plus, les travailleurs sociaux effectuent le suivi social des bénéficiaires vivant dans des situations de plus en plus complexes et variées. Enfin, l’encadrement administratif des prestataires s’est alourdi par le découpage de l’organisation de l’aide, la complexification des législations sociales… » En Wallonie, la réglementation en vigueur définit des références minimales que les fédérations jugent trop limitatives. Il s’agit d’un travailleur social pour 26 aides familiaux et d’un travailleur administratif pour 40 aides familiaux.
Dans ce dossier, les représentants du secteur exigent une série de changements et ce sans rajouter du travail au personnel encadrement. Sans surprise, ils demandent notamment aux mandataires politiques de revoir les normes d’encadrement. Concrètement, ils demandent 1 travailleur social pour 18 travailleurs de terrain et 1 travailleur administratif pour 25 travailleurs de terrain. Une autre proposition est de relever aussi les normes pour les petits services, en passant à 0,5 ETP administratif et à 0,5 ETP travailleur social. « 8 millions d’euros étaient prévus au budget 2019 pour mettre en œuvre cette révision des normes d’encadrement. Ces moyens doivent pouvoir être alloués au plus vite afin de donner un signal fort aux travailleurs et ainsi permettre un management adapté aux réalités de terrain. »
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Garantir les ressources humaines nécessaires
« Dans les années à venir, les SAFA vont avoir besoin de travailleurs supplémentaires pour pouvoir faire face à l’augmentation des demandes », alertent les fédérations. « Or, les employeurs dans le secteur de l’aide à domicile évoquent, depuis plusieurs années déjà, des difficultés de recrutement et un besoin de remplacement du personnel âgé et de congés de tous types. »
Il serait donc bon d’encourager le recrutement dans le secteur mais également de mettre en œuvre des dispositifs pour éviter la fuite du personnel au sein des SAFA. Comment ? Les signataires du courrier ont plusieurs pistes : intégration des statuts professionnels dans le décret SAFA, finalisation du statut d’employé à condition que les moyens nécessaires soient effectivement dégagés, application du protocole aide et soin dans les législations mais également garantie qu’il y ait un nombre suffisant de formations dans tous les bassins d’emploi ou encore mise en place de formations gratuites pour faciliter l’accès au permis de conduire.
Garantir l’accessibilité financière pour les bénéficiaires
« Le barème de contribution du bénéficiaire n’a jamais été ni indexé en lien avec la croissance des revenus, ni actualisé depuis sa dernière modification en 1993 », poursuivent-elles. « Par conséquent, aujourd’hui, un peu plus de 50% de nos bénéficiaires payent le prix horaire maximum, soit 7,81€/heure. Cela représente un coût substantiel pour les ménages et un frein important à l’accès à un volume adéquat d’aide et de services à domicile. »
Voilà pourquoi elles plaident pour la révision des barèmes de contribution des bénéficiaires sans perte de ressources pour les services et en poursuivant l’opérationnalisation de la grille avec les 3 types de barèmes (AMS, AF et GAD) en prévoyant une phase de test pour en analyser la pertinence.
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Poursuivre la réforme du dispositif APE
Alors que les quatre premiers points étaient soutenus à l’unanimité par les représentants du secteur, cette cinquième revendication est appuyée seulement par les fédérations privées.
Que soutiennent-elles ? Concrètement, la poursuite de la réforme du dispositif APE en garantissant aux employeurs le même niveau de subvention et le même nombre d’emplois. Elles soutiennent également le « transfert des moyens APE dans les politiques fonctionnelles (y compris pour les métiers et services ne rentrant pas dans les cadres actuels comme c’est le cas notamment pour les services et postes APE non agréés et non subventionnés) en les maintenant dans le secteur à profit social et sans mettre en péril l’existence des services et la qualité des prestations. »
Dans sa Déclaration de Politique Régionale, le nouveau Gouvernement a pointé sa volonté de travailler sur le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie qui le souhaitent. Pour y parvenir, l’exécutif a promis de développer les services d’aide et de soins à domicile. Avec leur liste de priorités, les fédérations souhaitent que leur voix ait un écho certain dans les mesures qui seront prises pour le secteur de l’aide à domicile.
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