Schaerbeek investit contre la radicalisation

En 2013, la commune de Schaerbeek met en place ses premiers outils pour lutter contre la radicalisation violente. Elle mise depuis essentiellement sur la prévention et travaille en étroite collaboration avec le secteur de l’Aide à la jeunesse.
A Schaerbeek, les premiers départs de jeunes vers les zones de conflit ont été un électrochoc pour la commune qui a décidé, comme celle d’Anderlecht notamment, de mettre en place des outils pour lutter contre la radicalisation. En collaborant avec le secteur de l’Aide à la jeunesse, particulièrement actif en la matière ces dernières années, Schaerbeek a misé sur la prévention et sur un travail de fond auprès des jeunes et des familles.
Mobiliser différents acteurs
Si l’engagement de Schaerbeek contre la radicalisation violente a débuté dès 2013, la commune s’est inscrite dans une démarche de plus grande ampleur à partir de 2015. De nombreux acteurs du secteur de l’Aide à la jeunesse ont été mobilisés, comme les éducateurs de rue, les services de médiation scolaire et de prévention en général.
Avec le premier subside de la part du Fédéral, la commune a engagé un coordinateur de la lutte contre la radicalisation. Elle a ensuite employé les fonds pour soutenir des actions associatives et le travail dans les quartiers et pour engager un second coordinateur. Les coordinateurs travaillent en collaboration avec des services spécialisés dans la lutte contre la radicalisation, mais aussi avec des acteurs de terrain comme les directions des écoles et les clubs de sports. Ces derniers sont le premier maillage de la chaîne de prévention, puisqu’ils permettent d’orienter directement les jeunes vers les instances adaptées lorsqu’ils repèrent un comportement inquiétant.
– [A lire] : Une formation à la radicalisation pour les professionnels
Des projets innovants
Dans le cadre de son engagement, la commune a soutenu des projets innovants pour lutter contre la radicalisation violente. C’est le cas de la "Mothers School", des sessions de soutien aux familles qui aident notamment les mères à repérer les situations problématiques et à savoir comment réagir. C’est l’ASBL Society Against Violence Extremism (Save) qui est à l’origine de cette initiative. Un projet a aussi été monté par des éducateurs de rue pour dénoncer la propagande terroriste : ils ont invité un expert pour expliquer aux jeunes les raisons de la guerre en Syrie et proposé une aide plus constructive en envoyant des vivres et des couvertures aux victimes. Enfin, le projet "Rien à faire, rien à perdre" a confronté des jeunes aux témoignages vidéos de returnees et de leurs proches. Cela a permis aux jeunes de se rendre compte des pratiques de propagande organisées par les réseaux terroristes. C’est en partie ce que propose le projet YARIM, qui souhaite mettre les jeunes au centre de la création du contre-discours à l’endoctrinement extrémiste.
– [A lire] : Un nouvel appel à projet pour la lutte contre le radicalisme
Pour quelle efficacité ?
Malgré tous les outils mis en place, il est difficile d’évaluer l’efficacité de la prévention. "Aujourd’hui encore, nous ne sommes pas certains que cela marche, nous n’avons pas le recul nécessaire, nous sommes toujours en train d’inventer et de chercher des pistes pour comprendre", témoigne le bourgmestre Bernard Clerfayt pour Le Soir. Il insiste tout de même sur la nécessité de poursuivre le travail.
En Belgique, les différents niveaux de pouvoir se mobilisent ainsi pour lutter contre la radicalisation violente. Alors que la question de la re-fédéralisation de certaines compétences se pose en matière de lutte contre le terrorisme, la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région bruxelloise ainsi qu’un certain nombre de communes et villes francophones ont récemment conclu un accord de collaboration en la matière. Quant à la Région wallonne, elle développe actuellement les nouveaux axes de son Plan de prévention contre la radicalisation.
– [A lire] : La FWB prévient la radicalisation
Ajouter un commentaire à l'article