Assistants en psychologie : nom d'un titre !
L’univers social regorge de richesses à tous les niveaux. Dans cet océan passionnant naviguent des « penseurs de terrain » peu (re)connus mais pourtant bien présents. Des défenseurs de l’« interdisciplinaire », appelés « assistants en psychologie » et pas forcément à juste titre.
Ah ! Ce fameux titre d’assistant en psychologie ! Nous sommes nombreux à nous questionner sur la pertinence des mots choisis pour décrire cette profession complexe et volontairement associative. Dans un précédent article, je m’interrogeais sur l’idée d’en modifier les termes, pour lui rendre honneur. Une idée qui suit son cours et au sujet de laquelle je suis allée questionner mes anciens professeurs…
Fabienne Deschoenmaecker est présidente de l’association des praticiens en psychologie appliquée et chef du département en psychologie de l’institut Libre Marie Haps. Jean Verriest est psychologue, psychothérapeute et maitre-assistant à la Haute Ecole De Vinci.
Fabian Cantaert est maître de formation pratique en psychologie appliquée à la Haute École Léonard de Vinci.
Comment tu t’appelles ?
On le sait, les termes « Assistant en psychologie » ne mettent pas forcément en valeur le métier en question, ou n’éclairent du moins pas ses fonctions premières sous la juste lumière… Tous s’accordent sur ce bémol : « C’est vrai que nous y réfléchissons », explique Fabienne Deschoenmaecker. « A l’époque, nous parlions de praticien en psychologie appliquée, mais ce titre nous a été refusé par les universités parce que, d’une certaine manière, c’est ce qu’elles font aussi… Nous devons essayer d’être créatifs pour trouver un label qui représenterait ce travail réflexif », ce qui n’est pas gagné…
De l’importance du travail collectif
Pour Fabian Cantaert, il s’agit de trouver une dénomination qui mette en avant « le caractère collectif et collaboratif du métier », qui est une compétence essentielle. Pour Jean Verriest, la question de la formation renvoie en effet à deux logiques différentes : celle du « label » (le diplôme, la certification) et celle de la compétence (savoir faire in situ). La nôtre - placée sous un spectre collectif et collaboratif, donc – est d’être directement efficient sur le terrain.
Assistants en psychologie « versus » psychologues : duel ou dualité ?
Actuellement, il est difficile de parler d’assistants en psychologie sans parler de psychologues. Un amalgame qui peut donner lieu à une forme de rejet des uns par les autres. Pour Jean Verriest « Ce n’est pas en rejetant nos cousins qu’on consolidera l’identité de l’assistant en psycho ». Ce qui a pu fonder cette idée erronée c’est peut-être la grande difficulté à « se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun » qui règne dans le secteur de la santé mentale (et ailleurs ?). Une difficulté qui pousserait chacun à se retrancher dans ses propres paradigmes, avec l’idée selon laquelle « mon modèle est meilleur que le tien », comme l’illustre Jean Verriest.
Pouvoir se différencier… sans s’isoler
Il est une position qui semble chère à nos trois interlocuteurs : ne pas être dans le conflit ou l’opposition face aux autres métiers. Le souci de chacun est d’avoir l’opportunité de s’identifier comme entité unique, complémentaire aux autres métiers de la santé mentale. Pour Fabian Cantaert, il s’agit davantage de considérer ceci : « Tant nous pensons que la pluridisciplinarité est capitale et est une des forces du bachelier en psycho, tant nous ne pensons pas que l’assistant en psychologie assiste le psychologue ». En fait, le terme « assistant » fait surtout référence au « caractère essentiel du travail d’équipe », souligne-t-il.
Pile ou Face ?
La question de la définition demeure malgré tout complexe aux yeux de ceux qui ne sont pas assistants en psychologie. Et cette nébuleuse est telle qu’elle peut, en effet, pousser à une définition par la différenciation… Pour Jean Verriest, « On en revient à cette malheureuse opposition entre la Logique de la certification et celle des compétences (ça c’est le côté pile). De l’autre côté du blason (côté face), il y a la demande réelle du terrain ». Et cette demande, elle se situe plutôt du côté des compétences que du label, comme l’illustrera un second article de ce dossier…
Bon sens et place
La question du nom n’est en fait, sans doute pas le cœur du débat : pour qu’une clinique sociale fonctionne, il faut avant tout qu’elle puisse s’appuyer sur des acteurs formés à l’écoute, s’appuyant sur une action réflexive et une éthique professionnelle. C’est probablement le lot de chaque personne amenée à étudier une branche psycho-sociale et en faire son métier. Reste à permettre à chacun de se voir octroyer une juste place, non-concurrentielle : comme dans tout système qui vit, chaque entité joue un rôle interdépendant des autres.
Celui de l’assistant en psychologie apparaît ici comme une clé de voûte entre la clinique de la pensée et celle du terrain. Acrobate, il jongle avec les deux approches-clés du travail institutionnel en veillant toujours à ne pas les opposer.
LT, assistante en psychologie
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