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Comment améliorer l'accès à l'aide et aux soins des plus vulnérables ?

12/04/19
Comment améliorer l'accès à l'aide et aux soins des plus vulnérables?

A la veille du scrutin du 26 mai, le SMES-B invite les futurs élus à prendre dix mesures afin d’améliorer l’accès à l’aide et aux soins des personnes cumulant grande précarité et souffrance psychique. L’asbl plaide ainsi pour un renforcement de la formation des (futurs) intervenants psycho-médico-sociaux. Un dossier dédié aux élections et aux revendications du secteur !

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Des logements de qualité pour les plus vulnérables

« La région bruxelloise connaît de longue date une crise du logement, qui ne fait que s’accentuer : ce sont aujourd’hui plus de 43 000 ménages qui sont inscrits sur la liste pour accéder à un logement social, avec un délai d’attente de dix ans », pointe le SMES-B. « Ce droit fondamental qu’est l’accès au logement se révèle encore plus inaccessible pour les personnes qui présentent ou cumulent certaines problématiques : précarité, troubles de santé mentale, addictions, handicap physique ou mental… avec, pour conséquence, l’engorgement de structures d’hébergement (hôpitaux psychiatriques, initiatives d’habitation protégées…) par ces publics, les détournant de leur rôle premier et entraînant à son tour leur inaccessibilité. »

Pour endiguer ce phénomène, l’asbl réclame que l’ensemble des autorités compétentes apportent leur soutien à une série de solutions structurelles et durables. Exemples ? Les projets Housing First, les équipes de guidance à domicile ou encore les initiatives de mutualisation.

Renforcer les structures « bas seuil »

« Conformément au Plan Santé bruxellois, il convient d’avoir une vigilance accrue pour les publics fragilisés (sans-abri, ex-détenus, toxicomanes, migrants, travailleurs du sexe…), en renforçant les dispositifs dits à « bas seuil » ou « ligne 0,5 », qui permettent d’accrocher les personnes les plus vulnérables, avec l’objectif de les réintégrer dans le circuit de soins traditionnel. » Pour se faire, le SMES-B demande la mise en place d’un réseau de soins à bas seuil de qualité. Il permettrait l’accès rapide aux soins pour les personnes les plus fragiles. Autre revendication : la création ou, le cas échéant, la consolidation, d’équipes mobiles psychiatriques « F2a » et « F2B » spécifiques pour ces publics-cibles, dans le cadre de la réforme « Psy 107 ».

Encourager la mobilité des services d’aide et de soins

Pour pallier le taux important de non-recours aux droits sociaux, des pratiques de mobilité des services ont peu à peu émergées. Pour l’asbl, il est essentiel d’aller encore plus loin. Elle écrit : « Il convient d’encourager la mobilité des services de santé mentale et hospitaliers, des services sociaux, notamment des CPAS ou encore des acteurs divers amenés à intervenir autour de la situation de ces personnes, tels que les juges de paix ou les administrateurs de biens. »

Améliorer la couverture sociale des plus fragiles

Le SMES-B défend une harmonisation des pratiques des CPAS. Elle concernera l’accès aux soins de santé, aux aides au logement ainsi qu’à l’octroi de l’adresse de référence. Il plaide aussi pour le perfectionnement de la couverture sociale des plus vulnérables de manière plus générale.
Il est aussi question d’améliorer l’accès des publics vulnérables aux soins psychiatriques. « Les publics cumulant problématiques sociales et psychiques continuent à présenter d’importantes difficultés d’accès aux soins psychiatriques, particulièrement lors des épisodes de crise », peut-on lire dans le mémorandum.

« Lors du théâtre législatif organisé pour les 25 ans du SMES-B, le public a dès lors formulé les propositions suivantes : la création d’une réserve de lits psychiatriques activables en cas de crise, sur le modèle des lits « en portefeuille » dans le secteur des maisons de repos et la création de lieux « de répit », non médicalisés, pour permettre aux personnes de se poser quelques jours pendant une crise. Ces lieux pourraient être cogérés par les bénéficiaires eux-mêmes. »

Soutenir la pair-aidance

« La pratique de la participation des publics se répand depuis plusieurs années, tant en santé mentale que dans le secteur social ou de la toxicomanie. Celle-ci peut prendre différentes formes. L’une d’entre elles est la pair-aidance. Le recours à des (ex-)bénéficiaires permet une meilleure prise en charge des publics, grâce au savoir expérientiel que ces « experts du vécu » ont développé. »

Selon l’asbl, il est important de soutenir l’intégration des pair-aidants dans les équipes socio-sanitaires. Pour y parvenir, elle pointe plusieurs pistes comme développer des formations et intervisions pour pair-aidants ou diffuser les pratiques existantes et les rendre accessibles à de nouveaux opérateurs.

Mieux former les intervenants psycho-médico-sociaux

« Parmi les facteurs qui haussent les seuils d’accès aux structures d’aide et de soins figurent notamment les stéréotypes et craintes des travailleurs sociaux et des soignants par rapport aux populations vulnérables, et leur sentiment d’incapacité à répondre aux problématiques complexes », déplore l’association. « Ainsi, les situations de violences reçoivent souvent comme réponse une augmentation des seuils d’accès. Pourtant, il est possible de déconstruire ces représentations, d’outiller ces travailleurs avec des techniques simples. De même, le renforcement de la connaissance mutuelle des services entre eux permet d’améliorer la prise en charge et la continuité de l’aide et des soins, souvent mise à mal faute de relais. »

L’asbl a donc trois revendications à ce sujet : l’intégration, dans la formation initiale, d’une sensibilisation au cumul des problématiques, la mise en place de modules de formation continue et finalement le soutien aux projets d’intervisions ou d’immersions interinstitutionnelles.

Focus sur les structures d’appui aux professionnels

Le SMES-B recommande la mise en place d’un cadre législatif reconnaissant (et subventionnant) le travail d’appui aux travailleurs de première ligne, ainsi que le travail intersectoriel.

Organiser une politique intégrée de l’aide et des soins

« Tout comme les services doivent dépasser leurs frontières sectorielles pour mieux prendre en charge les problématiques complexes des publics vulnérables, les autorités publiques doivent davantage articuler leurs politiques. » Pour l’asbl, il est ainsi notamment primordial d’harmoniser les procédures administratives entre les différentes instances bruxelloises et de de permettre au budget régional de financer les politiques sociales et de santé.

Soutenir les initiatives associatives

De nombreuses initiatives issues du tissu associatif sont précaires. En cause ? Un manque de soutien structurel. « Nous soutenons donc autant que possible, le soutien aux associations à travers des financements pluriannuels, permettant une meilleure gestion des deniers publics et une accélération et une amélioration des procédures de liquidation des subventions, pour éviter le recours à des prêts bancaires. » L’asbl conclut en réclamant la préservation du régime des ASBL pour maintenir le tissu associatif hors de toute logique marchande.

Lire la totalité du mémorandum du SMES-B.



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