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Sept leviers incontournables pour améliorer la santé mentale

26/03/19
Sept leviers incontournables pour améliorer la santé mentale

Ce lundi, six associations actives en santé mentale ont révélé leurs revendications, à l’approche des élections du 26 mai prochain. Usagers, proches ainsi que professionnels ont présenté, d’une seule et même voix, sept propositions pour plus de santé mentale en Belgique. Voici leur plaidoyer !

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« Notre démarche est partie d’un constat. Les associations originaires du nord et du sud du pays ont beaucoup de points communs et même des propositions similaires. Le but était donc de mettre cette convergence de visions en évidence », pointe Alexis Vanderlinden, du CRéSAM, Centre de Référence en Santé Mentale. « Trop souvent, les différences entre Bruxelles, la Wallonie et la Flandre sont mises en exergue, une tendance qui impacte grandement le secteur. Nous avons donc souhaité nous mettre tous autour de la table afin de rédiger des propositions communes à l’approche des élections de mai. »

Concrètement, trois associations dédiées principalement aux professionnels (CRéSAM, LBFSM et Steunpunt Geestelijke Gezondheid) ont été rejointes autour de la table par trois associations regroupant des usagers et leurs proches (Psytoyens, Similes et UilenSpiegel). Un groupe de travail qui a donné naissance à sept leviers pour améliorer la santé mentale en Belgique :

 [A lire]  : Une pétition contre la réforme des services de santé mentale

1. La santé mentale dans toutes les politiques

« Actuellement, la santé mentale est beaucoup trop axée sur les pathologies psychiatriques et pas assez sur le bien-être des personnes. Or, une série de pathologies peuvent découler d’un mal-être… Nous estimons donc qu’il est plus que nécessaire que les ministères de la santé, des affaires sociales, du travail ou encore du logement travaillent en collaboration. Il faut développer une vraie transversalité », pointe Daniel Mulier, de l’association Psytoyens, dédiée à la concertation des usagers en santé mentale. « Il nous semble urgent de travailler sur tous les secteurs connexes qui peuvent avoir un impact sur la santé mentale. Un exemple ? Vivre dans un logement insalubre peut avoir un impact énorme sur la rechute d’une personne souffrant d’une pathologie mentale. »

Le secteur réclame également une mesure de l’impact des décisions prises par les politiques sur la santé mentale et le bien-être des citoyens. Le but ? Prendre des décisions responsables.

2. L’implication des usagers et des proches

« Pour nous, il est primordial d’impliquer les usagers mais aussi leurs proches à tous les niveaux du parcours de soin. Leur implication est, par exemple, importante au niveau de l’organisation et de l’évaluation des services ou bien des politiques de santé mentale », lance Catherine Jardin, de l’association Similes qui regroupe des familles et des amis de personnes atteintes de troubles psychiques. « Actuellement, certains conseils d’administration d’hôpitaux accueillent des familles afin de récolter leurs avis. Une ouverture se fait donc mais elle n’est pas suffisante. Il faut donc aller encore plus loin. » Pour se faire, le groupe plaide pour une reconnaissance des associations d’usagers et de proches. Une mesure qui ne va pas sans un mode de financement plus stable.

3. Des pratiques de proximité

« La santé communautaire est à l’interface entre le champ spécifique de la santé mentale et tous les autres champs qui participent au bien-être des individus », pointent les signataires du plaidoyer. « Elle constitue une voie privilégiée aux changements tant individuels que collectifs et est complémentaire aux pratiques cliniques habituelles. » Ainsi, développer des initiatives locales comme des maisons de quartier pour favoriser le tissu social autour de l’usager est une des mesures concrètes proposées par le secteur.

4. Des soins ambulatoires et résidentiels qui se complètent

« Actuellement, nous assistons à une vraie volonté de désinstitutionnaliser les soins et de sortir de plus en plus des soins hospitaliers. Mais, attention, il ne faut pas passer d’un extrême à l’autre », alerte Yahyâ Hachem Samii, de la Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale. « Nous privilégions la diversité d’offres pour répondre à la diversité de besoins. Alors oui, il est bon de travailler le plus possible au sein du milieu de vie de l’usager mais en parallèle parfois le passage en institution est nécessaire. Il permet à la personne de s’apaiser pour repartir du bon pied. »

Le collectif pointe donc l’importance notamment d’aligner les budgets octroyés au service ambulatoire sur ceux des hôpitaux afin de rendre les collaborations plus égalitaires. Il appelle aussi les dirigeants de demain à prôner et à appuyer la collaboration entre l’ambulatoire et le résidentiel pour garantir la continuité des soins.

 [A lire]  : Elections : les Services de Santé Mentale ont besoin de plus de moyens

5. Les réseaux : facilitateurs de soins

« Actuellement, les réseaux de santé mentale sont souvent caractérisés par beaucoup d’effort et d’engagement où se côtoient une multitude de services et de modèles organisationnels complexes mais avec une vision encore vague du futur et des responsabilités encore peu claires », observent les associations. « Les réseaux sont cependant un bon outil pour donner plus de visibilité et de cohérence à l’offre de soins. Nous demandons que les pratiques de réseaux soient soutenues de façon stable et durable,
en vue d’une véritable plus-value adaptée aux réalités locales et à celles des patients. »

Le "groupe de six" appelle les futurs élus politiques à attribuer aux réseaux une responsabilité de facilitation et de coordination des soins. Cela ne pourra se faire sans garantir notamment le financement du travail en réseau à chacun des partenaires.

6. Les nouvelles technologies au service de la relation

« Nous sommes favorables au fait de continuer à implanter des outils innovants dans le secteur de la santé mentale. Cela permet notamment aux jeunes d’avoir un meilleur accès aux soins mais aussi d’obtenir facilement les réponses à leurs questions », poursuit Alexis Vanderlinden, du CRéSAM. « Nous militons donc pour un soutien aux opérateurs de qualité afin de ne pas tomber dans le conflit d’intérêts. Ces outils ne doivent en effet pas être développés par des organismes qui ont des intérêts commerciaux, comme une entreprise pharmaceutique par exemple. De plus, il convient d’être extrêmement vigilants au niveau du respect des données personnelles. »

 [A lire]  : Santé mentale : 70% des services ont une équipe enfants-adolescents

7. Investissements sérieux dans la santé mentale

Finalement, les six associations concluent en réclamant un investissement sérieux, c’est-à-dire à la hauteur des besoins, garantissant un accès des soins à tous, et combiné à des politiques intégrées de prévention. Elles souhaitent aussi une augmentation du financement des services dédiés à la santé mentale pour renforcer une offre forte et cohérence. Plus de moyens doivent également, selon elles, être alloués aux secteurs partenaires comme l’enseignement, l’aide à la jeunesse ou bien encore le logement. Ce coup de boost aura pour effet de donner lieu à davantage de collaborations avec le secteur de la santé mentale ainsi que plus d’actions transversales.

E.V.



Commentaires - 1 message
  • Plus de moyens au secteur partenaire comme l'aide Í  la jeunesse OK mais si on s'intéresse Í  la médiation en générale et surtou médiation familiale on ferait de la prévention solide et Í  moindre coût une séance de médiation DOIT ETRE PRISE EN CHARGE PARTIELLEMENT PAR LA MUTUELLE
    Les usagers seraient soutenus dans leur démarche vers la médiation = gestion des conflits et reconstruction des relations familiales = prévention de la santé physique, psychique = moins de recours aux médicaments au psychiatre

    Bibi004 jeudi 25 avril 2019 17:17

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