Sages-femmes : entre peur et adaptation face au coronavirus
Cette crise sanitaire engendrée par le Covid-19 touche tous les secteurs du système de santé. Pour les sages-femmes, le quotidien est chamboulé. Entre capacité d’adaptation, recours à des outils technologiques pour poursuivre les missions et le manque de matériel médical, leur vie professionnelle est bien remplie. Le point sur une situation qui ne cesse d’évoluer.
Une des choses que le coronavirus n’a pas perturbés reste le nombre d’accouchements. C’est par cette boutade que Vanessa Wittvrouw, présidente de l’Union Professionnelle des Sages-Femmes Belges démarre notre échange. Lorsqu’on lui demande ce qui a changé dans sa vie professionnelle et celle de ses collègues, elle s’attarde surtout sur ce qui est resté le même.
« On déplace et reporte les activités non-essentielles. On continue le suivi médical des grossesses, les consultations importantes, en utilisant le téléphone et les visioconférences lorsque c’est possible. L’objectif est d’assurer l’accompagnement des couples au sein des hôpitaux qui acceptent encore des sages-femmes venues de l’extérieur de leurs structures. Nous continuons aussi le soutien et le suivi médical concernant la parentalité, le retour au domicile, l’allaitement, du fait que les séjours en maternité sont plus courts depuis quelques années. »
Du travail, il y en a, donc. Mais il faut parfois faire preuve de créativité, savoir d’adapter alors que le métier est centré sur le contact, l’affect, l’attention et l’écoute. Cette part importante du quotidien des sages-femmes est difficilement exerçable à distance. Côté économique aussi, il faut s’adapter. C’est pourquoi l’Union est en attente de la mise en place d’une possibilité pour pouvoir facturer ces consultations en visioconférences. Cela devrait venir « dans la semaine qui vient » selon Vanessa Wittvrouw.
Toujours pas de masques
L’adaptabilité, facteur clé et d’une importance capitale pour assurer les missions quotidiennes. On diminue donc les temps de visites à domicile, on établit des recommandations pour le corps de métier. D’ailleurs, l’Union Professionnelle des Sages-Femmes Belges travaille sur une série de visuels qui seront disponibles sur leur site internet, afin de guider les néo-parents. Le but étant d’éviter leur contamination tout comme celle des sages-femmes, en prenant des précautions simples.
Oui mais voilà, des précautions, sans matériel, ne valent pas grand-chose. Certaines choses sont irremplaçables. Le matériel en fait partie. Vanessa Wittvrouw témoigne : « Il nous manque du matériel, on recevra les masques bientôt. Mais nous en sommes à la troisième semaine de confinement ! Alors on fait du bricolage avec les moyens du bord pour se créer des masques, heureusement que des particuliers nous aident, faisant dons de certains en tissu. »
Point positif : les cabinets étant fournis en temps normal en gants et gels hydroalcooliques, de cela il ne manque pas. « La solidarité se met en place. Mais nous sommes en attente de matériel pour gérer certaines situations. » Car oui, certains néo-parents et certaines femmes enceintes sont Covid-positif. Il existe même un monitoring de ces cas particuliers qui offre des recommandations particulières aux patients.
« Incompréhension, colère, frustration »
Lorsqu’on évoque l’état d’esprit au sein de la profession, Vanessa Wittvrouw lâche : « De manière générale, nous continuons par passion et parce que nous tenons à assurer notre charge et accompagner les néo-parents en maternité et autres. Mais il y a de la colère, de la frustration et de l’incompréhension face au manque de matériel, de tests et aux décisions prises par les responsables politiques. Comment expliquer le manque de masques dans les structures hospitalières ? Sur le terrain, ça gronde. Il y a de la peur. De la peur pour soi, de rentrer chez soi, de contaminer nos familles et nos patients. »
C’est pourquoi lorsqu’on lui demande si elle a un message à faire passer, la présidente de l’Union Professionnelle des Sages-Femmes Belges s’exécute : « Il s’adresse aux futurs parents. Contacter vos sages-femmes concernant le suivi post-natal avant l’accouchement. Cela aidera à diminuer votre anxiété, la nôtre et les risques. » Des recommandations et des visuels décrivant les précautions à prendre sont en cours de préparation et seront disponibles sur le site de l’Union, dans la semaine.
C. D
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