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Eviter l'épuisement professionnel

02/05/19
Eviter l'épuisement professionnel

En tant que travailleurs sociaux, nous sommes soumis à une certaine pression psychologique, de par la nature même de notre travail. En effet, nous sommes notre propre outil de travail, que nous mettons au service de personnes grandement fragilisées, le tout dans un environnement professionnel parfois hostile. L’épuisement professionnel nous guette, et il n’est pas forcément toujours à mettre en lien avec le management de nos hiérarchies.

[DOSSIER]
 Accompagner sans s’épuiser
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Nous sommes des professionnels du social, mais avant tout, nous sommes des êtres humains, utilisant cette nature comme principal outil de travail. La profession que nous exerçons, l’environnement dans lequel nous évoluons, les situations que nous rencontrons font que nous sommes intrinsèquement soumis à une pression psychologique qui peut causer un épuisement professionnel. Nous pouvons cependant mettre des choses en place pour nous en prémunir.

La grille des méconnaissances, un outil précieux

La première action que nous pouvons mettre en place est sur notre manière de concevoir notre accompagnement. Il s’agit, en quelques sortes, de « changer de lunettes » sur les situations. En effet, qui ne s’est jamais plaint de l’inertie de ses bénéficiaires ? Qui n’a jamais eu l’impression de consacrer tant et tant d’énergie pour aider une personne, sans que cette dernière suive, pour finir par jeter le gant, se disant que chacun devait prendre ses responsabilités ? Ces situations nous épuisent, or, elles existent de notre propre fait et non de celui de nos bénéficiaires. Dans des cas comme ceux cités, nous sommes la propre cause de notre frustration et de l’épuisement professionnel qui en découle. Adopter la « Grille des Méconnaissances » nous aide à sortir de cette impasse.

Un accompagnement plus sain

Une fois que nous adoptons cet autre point de vue, et que nous acceptons de maintenir un accompagnement adapté au niveau de (mé)connaissance de la situation dans lequel se trouve la personne, nous sortons d’un cercle vicieux bien connu. Au lieu de mobiliser une quantité de plus en plus importante d’énergie pour « sauver » une personne qui n’en demande pas tant et de finir par jeter le gant, nous accompagnons la personne dans les étapes de la prise de conscience de sa situation, en acceptant que peut-être elle n’en franchira jamais certaines. Cette posture professionnelle permet de gérer son énergie, évite bien des déconvenues et offre de gagner en sérénité et en humilité.

Course effrénée vs calme plat

Nous sommes également très sollicités de toutes parts, et pouvons avoir l’impression de perdre notre temps à courir dans tous les sens. Qui n’a jamais connu ces journées où on rentre chez soi en ayant l’impression de ne pas avoir arrêté, tout en n’ayant rien fait ? À l’inverse, qui n’a jamais connu ces journées vides de travail, ces périodes creuses de la semaine et de l’année ? L’une comme l’autre nous épuisent : la première par sa surcharge laissant une impression confuse de course effrénée sans queue ni tête, et la seconde par l’ennui et l’impression de vide et d’inutilité qui s’en dégage. Nous pensons, à tort, que comme nous avons beaucoup de journées épuisantes, des périodes plus calmes ne nous font pas de tort. Or, c’est faux : les sentiments d’inutilité et d’ennui qui en découlent sont épuisant psychologiquement.

Planifier et organiser son année

Selon les professions, nous pouvons plus ou moins prévoir les moments creux et les grosses échéances. Nous pouvons donc nous organiser en fonction de cela et établir un « retroplanning » annuel, mensuel et hebdomadaire. L’idée étant de « lisser » autant que faire se peut le travail sur l’année. Bien entendu, cette méthode n’est pas efficace pour celles et ceux ne fonctionnant bien que sous pression. Pour les autres, elle demande autodiscipline, organisation et prévoyance. À voir donc si le bénéfice retiré vaut l’investissement consenti.

L’urgence qui n’en est pas toujours

Au-delà de ces périodes pleines et creuses à gérer, nous sommes parfois consumés par des urgences : des personnes se présentent à nous avec des situations à régler de toute urgence (expulsions, conditions de logement catastrophiques, etc.) Ils viennent nous « déposer » ces urgences et à nous d’en endosser la responsabilité. Certains nous somment même de leur trouver une issue. Sauf que, lorsqu’on investigue un peu, on se rend assez rapidement compte que bien souvent, la situation « urgente » n’est pas si nouvelle. Même dans de tels cas, la grille des méconnaissances s’applique et notre investissement doit être à la hauteur de celui des personnes. Ceci nous permet de dégager de l’énergie pour les réelles situations d’urgence qui sont, sommes toutes, assez rares.

Analyser son environnement professionnel

Reste la question de l’environnement professionnel : de ce qui nous est demandé et dans quelles conditions cela nous est demandé. Notre secteur est soumis à une double pression : celle générée par nos bénéficiaires et celle générée par nos décideurs. Nos responsables ressentent fortement cette pression, et certains nous la répercutent. Nous sommes donc une sorte de tampon entre les deux, position malaisée. De plus, certaines équipes et institutions vivent aussi de réels problèmes de management, qui accentuent encore ce climat. À nous aussi de rester à l’écoute de notre vécu et de notre ressenti, afin de nous préserver, voire de nous protéger lorsque c’est nécessaire.

MF - Travailleuse sociale

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