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Travailleur social : cumuler plusieurs emplois pour ne pas s'épuiser

03/04/19
Travailleur social: cumuler plusieurs emplois pour ne pas s'épuiser

Depuis longtemps, on nous vante le modèle du travail à plein temps chez un employeur unique. Certes, ce type d’emploi présente de nombreux avantages, mais il a également des inconvénients. La formule peut choquer, mais cumuler plusieurs emplois différents peut aider le travailleur social à ne pas s’épuiser. Evidemment, un certain nombre de conditions doivent être réunies pour que cela se passe au mieux et que le travailleur tire tout le bénéfice de ce cumul.

De nombreux travailleurs s’épanouiront au sein d’un seul emploi chez un unique employeur. Cela offre facilité d’organisation, un certain confort et, pour ceux qui y font carrière, la possibilité d’évoluer en même temps que la structure. Toutefois, ce modèle ne convient pas à tous les travailleurs : pour certains, exercer plusieurs emplois permet un meilleur épanouissement et limite les risques de fatigue professionnelle.

Sécurité et stabilité de l’emploi unique

Un seul emploi chez le même employeur offre une certaine sécurité, plus ou moins aléatoire selon la nature du contrat. Cela offre aussi la possibilité d’évoluer en même temps que la structure et sa fonction en son sein. Si en plus cet emploi est à plein temps, il permet de ne pas trop perdre d’informations et de s’investir dans plus de projets. De plus, un seul emploi évite cette « gymnastique mentale » que connaissent ceux qui en cumulent plusieurs.

Difficulté de « fermer la porte » du travail

D’un autre côté, certains travailleurs, parmi les plus sensibles et les plus investis, auront des difficultés, malgré les années d’expériences, à « fermer la porte » en fin de journée et ramèneront leur travail à la maison, du moins en pensée, surtout s’il s’agit d’un emploi à plein temps. Les travailleurs dont c’est la nature de prendre les choses à cœur et de s’investir énormément penseront plus facilement à leur travail en dehors de ce dernier s’ils y vont cinq jours par semaine. Le weekend leur paraîtra bien court pour décompresser.

Travailler sur soi, ou travailler moins

Evidemment, il est possible de réaliser un travail sur soi pour apprendre à prendre du recul, mais il y a des limites aux changements que l’on peut opérer sur soi-même, surtout lorsqu’il s’agit de sa nature profonde. Certains choisiront aussi d’opter pour un travail à temps partiel, qui offre également le luxe de disposer de plus de temps privé. Qui plus est, en y étant moins, on est forcément investi dans moins de projets et on perd certaines informations, ce qui force la prise de recul. Ceci dit, financièrement parlant, cette option n’est pas possible pour tout le monde …

Cumuler plusieurs emplois, à quelles conditions ?

Ceux qui ne peuvent se permettre de se contenter d’un seul temps partiel ont la possibilité d’en cumuler plusieurs. Pour que cela fonctionne, il faut impérativement que plusieurs conditions soient réunies, sinon le niveau de stress augmentera et la situation tournera au cauchemar organisationnel. Tout d’abord, les horaires des deux emplois doivent être fixes tout au long de l’année et compatibles entre eux. Si ce n’est pas le cas, la porte est ouverte à des négociations perpétuelles avec les deux employeurs.

Le choix de l’indépendance

Il faut l’avouer, il est assez rare dans sa recherche d’emploi de trouver deux postes à temps partiel aussi compatibles en termes de modalités pratiques. Une autre option est, pour les personnes qui sont attirées par plus d’indépendance, d’opter pour une profession indépendante complémentaire. Par exemple, être psychologue à mi-temps pour un employeur et développer sa patientèle privée en complément. Les professions indépendantes s’ouvrent de plus en plus au niveau des travailleurs sociaux, qu’ils soient éducateurs, assistants sociaux, logopèdes, etc.

Développer un registre différent

Une autre option, toujours dans l’idée d’exercer une profession indépendante complémentaire, est de changer complètement de registre. Ceux qui ont une fibre artistique peuvent par exemple développer cet aspect et en faire une profession complémentaire. Pratiquer une passion, quelle qu’elle soit permet de mieux gérer son stress et d’exprimer autrement ses émotions et sa créativité. Ceci étant dit, comme pour toutes les professions indépendantes, il faut compter un certain temps et un peu d’investissement avant que cela devienne rentable.

Trouver la solution qui nous offre de la sérénité

Personnellement, je fais partie de ces travailleurs qui prennent les choses à cœur et qui s’investissent beaucoup. Malgré les années, je continuais à éprouver des difficultés à fermer la porte du travail en rentrant à la maison. À la faveur d’un changement important dans ma vie, j’ai saisi l’opportunité d’un mi-temps, que j’ai combiné avec une profession indépendante, que j’exerçais déjà auparavant. Aujourd’hui, cette profession indépendante a changé, et j’en exerce une deuxième, tout en poursuivant mon mi-temps. Les premiers temps, ce choix de vie demande une certaine gymnastique mentale et de la rigueur en termes d’organisation, mais au fil des mois et années, cette gymnastique devient un automatisme. Pour ma part, ce choix m’a apporté plus de sérénité que celui de l’emploi unique. En définitive, c’est cet objectif que nous cherchons tous à atteindre, seule la route y menant sera différente en fonction de chacun.

MF - travailleuse sociale

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