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Cumuler plusieurs emplois, une question d'organisation

29/04/19
Cumuler plusieurs emplois, une question d'organisation

Cumuler plusieurs emplois présente un souci majeur : celui de l’organisation. C’est même la raison pour laquelle de nombreux travailleurs sont épuisés par ce cumul. Il est en effet très difficile de trouver des emplois compatibles et, lorsque c’est le cas, l’organisation personnelle peut parfois poser souci. Pourtant, en réunissant plusieurs conditions, cumuler plusieurs emplois peut être gérable, et même profitable.

[DOSSIER]
 Eviter l’épuisement professionnel
 Accompagner sans s’épuiser

Dans un précédent article, nous évoquions le fait qu’il peut parfois être intéressant de cumuler plusieurs emplois, pour certains travailleurs, notamment les plus sensibles et / ou les plus investis. Cependant, pour être bénéfique, un tel cumul doit s’opérer dans des conditions précises et faire l’objet d’une organisation sans failles.

Importance de la négociation initiale

Premièrement, et c’est une conditions qui me paraît impérative, il faut que les deux emplois aient des horaires fixes toute l’année, et que ces horaires soient compatibles. Les deux employeurs doivent être au courant de l’existence d’un autre emploi, et chaque contrat de travail doit prévoir un horaire déterminé, qui restera fixe tout au long de l’année. Cela paraît évident, mais de nombreux emplois à temps partiel ont des horaires variables, parfois avec des augmentations du volume horaire selon certaines périodes de l’année, comme par exemple les emplois d’animateurs. Il est primordial d’établir ce point à l’embauche, en sachant que le premier employeur, ou celui qui offre le volume horaire le plus élevé, aura priorité. Négliger cette étape revient à ouvrir la porte à une négociation perpétuelle avec les deux employeurs, qui sera usante pour toutes les parties.

Deux emplois au sein de la même structure ?

Une autre condition, parfois moins évidente, est de ne pas exercer ses deux emplois au sein de la même structure. Attention toutefois, certains s’en accommodent parfaitement. Pourtant, la plupart du temps, exercer deux emplois au sein de la même structure, d’autant plus s’ils sont exercés dans le même bureau ou bâtiment, revient à porter deux casquettes pour le même employeur. Si c’est l’effet recherché et que les deux emplois sont un « simple » montage au niveau du financement, alors il n’y aura aucun souci pour l’employé. Si ce n’est pas l’effet recherché, que les deux emplois sont fort différents, et les interférences malvenues, cela posera des problèmes de gestion au travailleur.

Paradoxalement, le cumul peut offrir de la sécurité

Un des avantages du cumul de temps partiels, lorsqu’il est choisi, négocié et assumé par le travailleur et que les horaires et lieux d’exercice sont compatibles, c’est que, paradoxalement, il peut offrir une plus grande sécurité. En effet, à l’heure actuelle, un CDI ne veut plus dire grand chose et un emploi unique peut se retrouver menacé, pour diverses raisons. Par contre, deux emplois peuvent-ils se retrouver menacés en même temps ? Cette situation me semble plus rare. Il est vrai que celui qui a la chance de trouver deux emplois compatibles à tous points de vue aura des difficultés à retrouver une équivalence si un des deux venait à cesser, mais au moins, il ne se retrouverait pas en chômage complet du jour au lendemain.

Rigueur, gymnastique mentale et organisation personnelle

La gestion personnelle du cumul d’emploi demande, évidemment, beaucoup de rigueur. Il faut savoir séparer les choses, éviter de mélanger les deux postes, ou encore d’achever du travail d’un emploi durant les périodes de travail du second. En outre, il faut pouvoir s’adonner à la gymnastique mentale de passer de l’un à l’autre. La manière dont les horaires sont établis peut aider : des journées complètes par emploi sont préférables à des demi-journées, d’autant plus s’il s’agit de travailler ici le matin et là l’après-midi. N’oublions pas qu’il faut respecter ce petit délai d’adaptation au changement de costume qui s’opère. Avec le temps, cette gymnastique mentale devient un automatisme. Ceci dit, pour que ce soit le cas, il faut qu’une routine ait le temps de s’installer, d’où l’importance d’établir des horaires fixes annuels.

Importance du lâcher prise

Un autre aspect important et pourtant négligé de la gestion personnelle du cumul d’emploi est le lâcher prise. Un travailleur à temps partiel n’est, par définition, pas présent tout le temps, au contraire de ses collègues à plein temps. Il ne peut donc pas s’investir dans autant de projets, ni être présent au moment du passage de toutes les informations. Certes, des moyens de communication existent, mais malgré les cahiers de communication, les mails et autres réunions, un travailleur à temps partiel loupera toujours des infos. Et il faut l’accepter. Cela fait partie de ce type de travail. Paradoxalement, cela peut aider les personnes surinvesties à décrocher un peu … Au final, le plus important reste d’être à l’écoute de ses besoins professionnels, ainsi que de ses caractéristiques personnelles, et de tenter de trouver des solutions pour les satisfaire.

MF - travailleuse sociale

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Commentaires - 1 message
  • Dans mon domaine, on offre généralement des mi-temps avec prestation 1we/2, généralement les employeurs veulent avoir la main sur ses employés, rappel en cas d'absence, on est censée être rappelable Í  tout moment, refus de faire un horaire "fixe" on fait comment? on fait comment? et comment tenir avec une surcharge de travail importante et des h supp Í  n'en plus finir qui passe aux oubliettes...

    lelenne lundi 29 avril 2019 13:12

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