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Chronique d'un psy : il était une fin ...

04/09/17
Chronique d'un psy : il était une fin ...

Une ultime chronique d’un psy ou l’occasion de faire un compte-rendu sincère d’une année magique.

Cette semaine, une tristesse inégalable a envahi les bas-fonds de mon âme. Tel un socialiste éjecté des majorités politiques, je m’apprête, avec le courage du désespoir, à renoncer à tous mes mandats trop peu rémunérés. C’est donc avec une plume sincère, empreinte d’émotions vives que je vous le confesse aujourd’hui : les chroniques d’un psy, c’est fini…

Alors comme ça, on arrête tout ? Avant de sortir vos mouchoirs ou votre plus précieux champagne, laissez-moi vous dire pourquoi cette annonce est à la fois une bonne mais également une très mauvaise nouvelle.

Voulant parfaire mon optimisme, commençons par les mauvaises nouvelles : notre profession de psychologue clinicien est en péril. Tout être suffisamment vif d’esprit s’est certainement rendu compte que finalement, le plus grand ennemi du psychologue en Belgique, c’est lui-même. Derrière cet effet de manche, laissez-moi vous expliquer plus clairement ce qui me taraude. A l’heure actuelle, j’ai le sentiment profond qu’il n’y a que très peu de place à la liberté de penser dans notre si belle profession. C’est un cri du désespoir, mais en qualité d’homme de terrain, j’ai le sentiment que les différents organismes représentant nos intérêts ont oublié d’où l’on vient et surtout ce que l’on représente.

Vous l’aurez compris, malheureusement, faire de l’humour à propos de la profession de psychologue est de plus en plus sensible, surtout lorsque l’on a l’impression que l’on ne peut plus traiter d’une thématique sans être sujet à interprétations et instrumentalisations en tout genre. Puis, on ne va pas se le cacher, écrire humoristiquement pour des psy quand on fait partie du même bateau, en dehors du fait que c’est tout sauf sexy, c’est surtout prendre le risque de se faire beaucoup d’ennemis.

Dans toute cette histoire, la bonne nouvelle, c’est que tout n’est pas perdu. Elle existe bel et bien cette génération de psychologues qui veut dresser un autre portrait de la profession. Il y a encore de nobles êtres humains de toutes obédiences confondues qui s’unissent pour fédérer notre métier et je m’en réjouis. Enfin, parmi eux, il y en a qui ont suffisamment de recul pour faire la différence entre l’information et la satire, entre l’absurde, l’humour et la liberté. Je vous remercie pour votre soutien indéfectible.

Bref, il est temps pour ces chroniques de tirer leur révérence, en espérant qu’elles auront pu trouver une relative utilité au sein d’un lectorat joyeusement hétéroclite. Je serais un goujat de m’en aller sans remercier l’équipe du Guide Social pour la liberté qu’elle m’a accordée tout au long de cette année. Je tire également mon chapeau à Emily Counas grâce à qui j’arrive à faire croire au monde entier que j’ai une orthographe irréprochable Enfin, un grand merci à l’illustrateur de génie qui met parfaitement en dessin ce que je ne pourrais jamais mettre en mot !

J’adresserai également une pensée particulière à tous mes détracteurs. Qu’ils soient coachs, patients neurasthéniques, psychanalystes ou cognitivo-comportementalistes, je vous remercie du fond du cœur ! Vos commentaires haineux, souvent injustifiés, parfois discutables, qui ont le mérite d’avoir épaissi le portefeuille de mon superviseur, m’ont nourri tout au long de cette année tout en me confrontant à l’évidence même : si j’ai survécu aux commentaires de vieux psy frustrés par le temps, je peux aisément écrire pour n’importe qui !

Quant à ceux qui n’arriveront pas à se remettre de cet arrêt brutal, je vous renverrai avec douceur à cette citation de John Fitzgerald Kennedy qui nous disait avec candeur : “Il ne faut pas se laisser abattre”.

En conclusion, cette année, j’ai eu l’opportunité d’écrire sur le métier de psychologue clinicien. Ce fut un honneur pour votre serviteur d’agrémenter vos semaines au rythme de mes tribulations. Enfin, pour ceux qui pensent pouvoir se débarrasser définitivement de ma prose, ne m’en veuillez pas trop si je reviens dans deux semaines. Charles Aznavour fait bien ses adieux tous les ans, non ?

T. Persons

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Commentaires - 3 messages
  • Bravo pour cette prose. Reviens-nous vite !

    Blueberry jeudi 7 septembre 2017 13:11
  • C'est bien dommage que vous arrêtiez.Vous arrêtez vraiment?? Enfin,si oui, c'est plutôt la raison qui me chagrine. Mais oui, cette profession se rigidifie malheureusement. On a voulu des lois pour combler notre portefeuille ou notre manque de confiance en nos pratiques, on verra se qu'on récoltera , et ce que le patient récoltera...bref, ces débats en deviennent ennuyeux...et je ne vais pas entrer lÍ -dedans.Cela dit, je pense qu'il y a une place et une NECESSITE pour d'autres opinions, pour un peu de controverse et d'autodérision. C'est pour ça que je trouve ça dommage d'arrêter. Donc, merci de continuer:)

    timmm jeudi 7 septembre 2017 18:05
  • quand je pense que je n'ai pas encore vu Aznavour en concert... bah ;-)

    Gene66 mardi 5 septembre 2017 12:39

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