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Chronique d'un psy : la théorie du genre…

17/07/17
Chronique d'un psy : la théorie du genre...

Parce qu’il s’agit d’une question que l’on pose souvent, je me permets de donner mon avis quant à la question du sexe du psychologue dans la relation d’aide.

Cette semaine, alors que le temps semblait manifestement bloqué en mode caniculaire, j’ai eu un coup de chaud en discutant avec un collègue médecin d’un hypothétique renvoi vers ma consultation d’une de ses patientes : « Pour Madame, je pense qu’il est clairement mieux indiqué de la renvoyer vers une femme plutôt qu’un homme ». Cette réflexion m’intriguant au point de rendre le match de tennis diffusé machinalement dans notre salle commune de moins en moins intéressant, je me suis permis de lui demander la raison d’une telle indication. J’aurais préféré mille fois une logique bienveillante renvoyant qu’il s’agissait d’une personne assez fragile pour qui mon côté rentre-dedans n’aurait pas collé ou que la patiente avait réellement besoin d’une maman, voire un argument beaucoup plus percutant du style : Madame m’a spécifiquement demandé que ce soit une femme et comme je suis un médecin à l’écoute de ses patients, je me suis dis que cela serait une bonne idée. Malheureusement ce ne fut pas le cas. Non, à la place, j’ai eu droit à une rhétorique des plus laconiques : «  Bah, elle a un cancer du sein ».

Première information majeure : on vit apparemment dans une société où il parait logique de classer la prise en charge psy selon l’organe néoplasié ? Donc, si je comprends bien, si c’est un testicule ou une prostate, c’est pour un homme. Si l’on se rend compte que l’organe touché est un utérus ou un sein, c’est pour une femme. Du coup, on fait quoi pour les poumons, le pancréas et les intestins ? Face à mon discours, mon collègue a coupé court à la discussion : « Finalement, il serait quand même plus facile si les hommes consultaient un psychologue masculin et si les femmes allaient user un canapé féminin, non » ? Sentant la crise d’angoisse arriver, j’aurais dû, pour le bien de ma consultation précaire, m’en tenir à un sourire soulevant un certain malaise, mais faisant mine de ne pas comprendre que mon collègue était aussi futé qu’une mouche cognant la vitre d’une véranda en plein été. Bref, il m’a été impossible de réprimer ma frustration par rapport à un sujet qui, je me dois de vous le dire, me casse prodigieusement les pieds.

Pourquoi choisir à la place du patient s’il préfère un homme ou une femme ? A-t-il vraiment un avis sur la question ? On peut se le dire clairement, il est usuel de postuler que lorsqu’un patient reçoit en pleine figure un diagnostic d’une potentielle mort imminente, que le psy soit une femme ou un homme, il s’en tamponne le coquillard. Pourquoi le genre c’est si important ? C’est quoi le malaise avec le fait que les hommes ne pourraient pas aussi bien comprendre les femmes ? Et vice-versa ? Je n’en sais rien, même si, en tant que clinicien, j’ai mon avis sur la question.

Soit, qu’on se le dise, je ne pense pas qu’un homme soit moins capable de faire un travail psy avec une femme, surtout s’il est compétent et qu’il se sent parfaitement à l’aise avec les questions suscitées par la patiente. De fait, je prends le parti de me dire que mes cinq années d’études, mon troisième cycle, et mes diverses formations ne m’ont pas totalement servis à rien et qu’ils devraient être globalement les seuls éléments à prendre en compte si l’on veut me renvoyer un patient.

En conclusion, cette semaine, je crois que j’ai fait une gaffe parce mon collègue pense que je le crois un brin sexiste. Or, il n’en est rien… Penser que parce que l’on est un homme ou une femme on est plus qualifié pour un job, cela porte également un autre nom : on appelle cela de la bêtise, humaine certes, mais bêtise quand même…

T.Persons

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