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Chronique d'un psy : un psy pour les psy…

17/08/17
Chronique d'un psy : un psy pour les psy...

Essentielle à une pratique professionnelle épanouissante, on n’en parle que trop peu, pourtant la plupart des psy y font référence comme une véritable bouée dans leur quotidien : la supervision.

Cette semaine, une réflexion est venue se loger dans un creux de mon esprit tourmenté : je partage le même type de lien émotionnel avec mon dentiste et mon superviseur. A savoir, je les aime autant que je les déteste. Je m’explique : j’ai un infini respect tant pour mon dentiste, lui qui me promet des dents saines jusqu’à ma mort en échange d’une séance de torture annuelle où je le soupçonne très clairement de prendre son pied, que pour mon superviseur clinique. De fait, je suis conscient qu’il me fait du bien, qu’il est réellement pertinent et qu’il arrive à me donner suffisamment de matière à penser ma pratique, mais en même temps, ce salopard a l’art de mettre le doigt là où ça fait mal.

Qu’on se le dise, je ne suis en rien masochiste et j’accepte avec grâce de me plier aux règles de la supervision de manière mensuelle, même si je sais que je vais sortir de là avec plus de questions que de réponses, la larme à l’œil, rempli d’angoisses de mort, mais au clair avec une pratique qui me préoccupe. Cette habitude fait partie de mon quotidien, comme un rappel de vaccin que je m’inflige pour me souvenir que le doute et la réflexion sont à la base de mon métier. Je suis du coup assez étonné quand j’apprends que finalement, se faire superviser n’est pas banal…

Bien évidemment, je ne vais pas vous sortir de chiffres, ni d’études, étant beaucoup trop fainéant pour pousser ma recherche plus loin que ne le ferait un quelconque quidam. Bref, en tapant sur un célèbre moteur de recherche les mots « supervision », « study », « psychology » et autres mots beaucoup moins appropriés, je suis tombé sur des articles intéressants, mais pas la moindre indication claire sur un pourcentage. Donc, tel un Newton abruti par le poids des technologies, je vais partir d’un ressenti profond pour formuler une hypothèse que j’espère être complètement fallacieuse, tout en me disant qu’au pire, j’aurai jeté un pavé dans la mare. A la vue de ce que j’ai lu et des rencontres avec d’autres professionnels, j’ai le sentiment personnel que trop peu de psy se font superviser.

Quand on invoque les raisons, je ne peux qu’accepter les logiques profondes du style : ça coûte de l’argent, l’institution ne veut pas payer, je suis en perpétuelle formation et autres arguments qui tiennent la route. Néanmoins, il y en a un qui me choque et qui pourtant n’est pas si anodin que ça : « Cela ne sert à rien ». Pardon ? Ça veut dire que toutes les larmes versées au nom des propos acérés de mon superviseur sont superflues ? Toutes mes remises en question sont vaines ? Tout ça, ce n’est que du vent ?

Très clairement, j’ai du mal à saisir ce type de propos venant d’une poignée de psychologues qui assument pleinement le fait que leur pratique se suffit à elle-même et que finalement, il n’est pas nécessaire de s’assurer que leurs doutes professionnels trouvent une contenance, une écoute et une réflexion autre que la leur. Attention, que l’on ne se méprenne pas, je n’ai pas dit que la supervision était la clé et que tout psychologue clinicien qui est suivi par un autre professionnel s’affranchit de faire d’énormes bêtises, tant il faut que le superviseur soit lui-même approprié…

En conclusion, cette semaine, en dehors de la question pertinente de savoir qui supervise les superviseurs, je me suis fait une autre réflexion. Finalement, est-ce qu’on a réellement besoin d’avoir un dentiste ? Globalement, non... J’ai fait le choix d’avoir de belles dents et d’éviter de devoir boire de la soupe pour le restant de ma vie… Tout est une question de priorité et d’hygiène, qu’elle soit sanitaire ou psychologique…

T.Persons

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Commentaires - 1 message
  • Merci pour cette excellente chronique qui amène un peu de soleil dans cette grisaille belge.

    Q.Vassart vendredi 18 août 2017 10:29

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