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Infirmiers : les tops et les flops des annonces du gouvernement De Wever, selon l’acn

10/03/25
Infirmiers : les tops et les flops des annonces du gouvernement De Wever, selon l'acn

Fragilisé par des conditions de travail difficiles et un manque de reconnaissance, le secteur infirmier peine à retenir ses professionnels. Pour tenter d’y remédier, le gouvernement De Wever a présenté plusieurs mesures : indemnisation des étudiants en quatrième année pour leurs stages, renforcement du rôle des infirmiers responsables de soins généraux ou encore ajustements dans l’organisation et le financement des soins à domicile. Mais ces annonces ont-elles répondu aux attentes du terrain ? Le Guide Social a rencontré Jacinthe Dancot, présidente de l’acn et partenaire de la FNIB, qui a livré son regard critique sur ces annonces et souligné ce qu’il faudra réellement changer pour assurer l’avenir de la profession et donner aux infirmiers la place qu’ils méritent dans la société.

Le Guide Social : Nous avons récemment publié l’interview d’une infirmière qui a fait une pause après la pandémie, ressentant le besoin de prendre du recul quelques mois après avoir affronté la crise. Quatre ans après la Covid, quel état des lieux faites-vous de la profession infirmière en Belgique ? Y a-t-il eu un avant et un après ?

Jacinthe Dancot : Avant même la pandémie de Covid, la pénurie de personnel infirmier était au moins pressentie et déjà perceptible dans certaines régions, notamment en Flandre. Depuis la crise sanitaire, cette situation s’est aggravée, de nombreux professionnels ayant quitté la profession, souvent en raison de la souffrance morale ou du burn-out causés par la pandémie et ses répercussions.

Selon les données de décembre 2024 de la commission de planification, qui a recensé le nombre d’infirmiers en Belgique en 2022, 228 251 professionnels sont habilités à exercer. Toutefois, tous ne travaillent pas en tant qu’infirmiers « actifs ». Par exemple, je ne suis pas comptabilisée dans cette catégorie, car j’enseigne aux futurs professionnels.

Si l’on considère uniquement ceux qui exercent effectivement comme infirmiers, ils ne représentent que 59 % du total, ce qui est relativement faible, même en tenant compte du fait que certains infirmiers « non-actifs » sont pensionnés. En équivalent temps plein, ce chiffre tombe à 51 %. Autrement dit, près de la moitié du temps de travail infirmier possible n’est pas assuré ou ne s’effectue pas dans les soins. Ces chiffres montrent donc qu’il ne s’agit pas tant d’une pénurie d’infirmiers, mais plutôt d’un problème de disponibilité dans la profession.

En fait, la véritable pénurie concerne avant tout les conditions de travail décentes, celles qui permettent aux professionnels de donner du sens à leur métier et de s’y maintenir sur le long terme !

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Valoriser la profession sans tomber dans le misérabilisme

Le Guide Social : On parle souvent des conditions de travail comme facteur clé de la désertion des infirmiers, mais le leadership joue-t-il aussi un rôle important ? Existe-t-il des modèles de gestion ou d’organisation qui permettent de limiter la désertion ?

Jacinthe Dancot : Il existe, par exemple, des modèles hospitaliers basés sur le concept des Magnet Hospitals, ou hôpitaux magnétiques. Ce concept, développé aux États-Unis, repose sur le constat que certains hôpitaux parvenaient mieux que d’autres à fidéliser leurs infirmiers. Il est question, entre autres, de leadership, d’accès à la formation continue, de consultation des infirmiers dans les décisions, d’autonomie, etc. Un projet similaire existe en Europe sous le nom de Magnet4Europe.

Le Guide Social : L’un de vos chevaux de bataille est d’éviter un discours trop négatif sur la profession, afin de ne pas accentuer la crise des vocations. Comment parvenir à valoriser les aspects positifs du métier sans nier les difficultés, afin d’encourager les jeunes à choisir cette belle profession ?

Jacinthe Dancot : Je pense qu’il est important d’éviter un discours trop misérabiliste sur la profession, car entendre en permanence que tout va mal crée un cercle vicieux. Bien sûr, tout n’est pas parfait, loin de là, et il faut être réaliste. Mais il ne faut pas non plus oublier qu’il y a des infirmiers qui aiment leur métier, qui y trouvent un équilibre et qui s’épanouissent. D’un autre côté, il faut aussi, à mon avis, éviter la notion de « vocation », comme si ce choix était une évidence et était valorisant en soi pour la personne quels que soient les difficultés. Il s’agit d’un choix professionnel, ce qui implique des études, une carrière à faire évoluer, et un salaire en adéquation avec les responsabilités prises.

Comme je le disais, tout ne va pas mal partout : cela dépend aussi du cadre de travail, du type de management et des affinités de chacun pour tel ou tel secteur. Il serait dommage de détourner les jeunes d’une profession aussi précieuse à cause d’un discours trop négatif. Mais pour que ce choix professionnel initial tienne ses promesses et permette une carrière longue et épanouissante, il reste encore des efforts à accomplir, notamment au niveau politique, pour améliorer l’environnement de travail.

« Les infirmiers demandent à être consultés… et vraiment écoutés »

Le Guide Social : Justement, parlons un peu de politique. Le gouvernement De Wever a récemment présenté ses ambitions pour la profession infirmière, avec plusieurs mesures phares : la création d’un nouveau statut pour les étudiants de quatrième année, le renforcement du rôle de l’infirmier responsable de soins généraux, ainsi que des réformes touchant l’organisation et le financement des soins infirmiers à domicile. Pensez-vous que ces mesures vont dans la bonne direction ? Et, plus largement, estimez-vous que les propositions du Fédéral sont suffisantes pour répondre aux défis et besoins du secteur ?

Jacinthe Dancot : Pour l’acn et la Fédération nationale des infirmières de Belgique (FNIB), l’annonce d’une politique visant à améliorer l’attractivité et la rétention des praticiens de l’art infirmier est une bonne nouvelle. Une mesure incontournable pour l’avenir de la profession.

Reste à voir quelles mesures concrètes émergeront de cette politique. L’enjeu est que les différents niveaux de pouvoir travaillent réellement ensemble, pour éviter qu’à chaque discussion, on nous réponde : « Oui, mais ça, c’est la compétence de quelqu’un d’autre ». C’est une problématique systémique, qui nécessite des réponses globales, impliquant plusieurs ministres et différents échelons de décision.

Les infirmiers demandent à être non seulement consultés, mais véritablement écoutés, pour permettre que les décisions prises tiennent compte de la réalité du terrain. Sans cela, les mesures risquent d’être déconnectées des besoins concrets de la profession.

Le Guide Social : Concernant l’attractivité du métier, une des mesures envisagées par l’Arizona est l’introduction d’un statut spécifique pour les étudiants en soins infirmiers. Celui-ci permettrait aux étudiants de quatrième année d’être indemnisés pour les frais liés à leurs stages. Avec l’allongement des études, ces coûts – minerval, trajets, dépenses du quotidien – peuvent être un frein pour certains. Pensez-vous que cette mesure soit un levier efficace pour attirer et soutenir les futurs infirmiers ?

Jacinthe Dancot : Outre les coûts que vous évoquez, pendant cette année supplémentaire, il n’y a aucune rentrée d’argent pour les étudiants, alors qu’il n’y a eu aucune revalorisation salariale pour compenser l’allongement de la formation. Cette proposition est donc une bonne mesure. Il faut juste s’assurer qu’elle ne soit pas mise en œuvre au détriment de l’apprentissage ou de l’accompagnement de celui-ci.

Je m’explique : il y a quelques années, madame De Block, alors ministre de la Santé, avait déjà proposé un projet similaire. Elle voulait que les hôpitaux financent la mesure, mais avec une enveloppe fermée. Premier problème : si l’étudiant ne fait pas son stage à l’hôpital, il n’y a pas de financement. Deuxième problème : une enveloppe fermée, ça signifie quoi ? Que l’argent utilisé pour payer les stagiaires sera pris ailleurs, donc potentiellement au détriment d’autres postes. À l’époque, on voyait très clairement le risque : remplacer des professionnels diplômés par des étudiants, sans véritable accompagnement. Or, ce n’est pas le but. Il faut maintenir de bonnes conditions d’apprentissage, qui dépendent aussi de la situation des équipes de soins sur le terrain. Et donc, le principe du défraiement est une mesure d’attractivité, mais pas à n’importe quel prix.

Ce qui est essentiel, au-delà de l’attractivité, c’est la rétention. Pour cela, il faut améliorer les conditions de travail, notamment en garantissant un bon ratio patients/infirmier.

Lire aussi : Séduire, recruter, fidéliser : les nouveaux défis des employeurs du secteur infirmier

« Il faut changer de logiciel… »

Guide Social : Vous aviez fait de cette revendication un point clé lors des élections.

Jacinthe Dancot : Les chiffres d’autres pays sont parlants : en ajoutant un infirmier par unité, les structures de soins dépenseraient un certain montant, mais elles en récupèreraient plus du double.

Pourquoi ? Parce que cela réduit les complications, les infections, la durée des hospitalisations, les réhospitalisations et l’usage des traitements et produits de santé coûteux, ce qui diminue considérablement les coûts globaux. Et pourtant, cet enjeu ne semble pas encore pris en compte dans l’accord de coalition. Comme l’a souligné mon collègue de la FNIB à la radio : il faut changer de logiciel.

Le Guide Social : C’est-à-dire ?

Jacinthe Dancot : La santé de la population est un pilier essentiel de la prospérité d’un pays. Une personne malade ne peut pas travailler, ce qui représente un coût plutôt qu’une contribution économique, sans parler de toute la souffrance que cela induit.

Les infirmiers jouent donc un rôle clé : ils ne représentent pas un coût pour le système, mais ils constituent une partie de la solution pour réduire le déficit et maîtriser les dépenses de santé. Et ce n’est pas tout, il est prouvé qu’ils représentent un réel investissement : par exemple, chaque euro investi dans un infirmier est récupéré au double sur le long terme, une fois le système bien structuré, dans l’étude que je viens d’évoquer.

« Le grand retour de Frank Vandenbroucke ? Un top et un flop »

Le Guide Social : Le gouvernement De Wever annonce le renforcement du rôle de l’infirmier responsable de soins généraux, notamment en lui confiant de nouvelles responsabilités. Une bonne nouvelle ?

Jacinthe Dancot : La réforme de l’art infirmier était très attendue. Cependant, à l’heure actuelle, la distinction entre l’infirmier responsable de soins généraux et l’assistant en soins infirmiers, créé sous Vandenbroucke I, reste trop floue. Résultat : aucune des deux fonctions n’est réellement attractive.

Si l’écart de compétences n’est pas assez clair, cela crée de la confusion sur le terrain, avec un manque de repères sur qui fait quoi, et le danger qui s’ensuit en termes de qualité des soins et de sécurité des patients.

Ajoutez à cela le fait qu’il existe toujours deux filières distinctes de formation infirmière en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette dualité complique encore davantage l’organisation et la répartition des rôles…

Il faut clarifier les rôles ! Car actuellement, la distinction entre les fonctions ne donne pas suffisamment de balises. La solution proposée ici, c’est de marquer cette différence, non pas en limitant les compétences de l’assistant en soins infirmiers – qui doit rester un profil attractif pour encourager les vocations – mais en renforçant celles de l’infirmier, afin de mieux valoriser son rôle.

Le Guide Social : Il s’agit à la fois d’élargir ses compétences et de mieux les mettre en avant, afin de rendre visibles ses responsabilités.

Jacinthe Dancot : En augmentant les compétences et les responsabilités de l’infirmier, on peut aussi revaloriser son barème et mieux marquer la distinction entre les fonctions, tout en maintenant l’attractivité de chaque rôle. C’est donc, à notre sens, une évolution positive.

Certains infirmiers craignent que cela les éloigne du terrain et les cantonne à des tâches administratives, mais ce n’est pas le cas. Leur rôle reste centré sur l’évaluation de l’état de santé, l’établissement de diagnostics infirmiers, la prescription et la coordination des soins, ainsi que la répartition des tâches et la dispensation des soins plus complexes. Ce rôle nécessite une présence importante auprès de la personne soignée.

Le Guide Social : L’accord de l’Arizona signe aussi le grand retour de Frank Vandenbroucke, au poste de ministre de la Santé.

Jacinthe Dancot : C’est à la fois un top et un flop…

Certaines décisions prises par M. Vandenbroucke lors de la précédente législature ont suscité une forte opposition, notamment parmi les infirmiers francophones, allant jusqu’à des manifestations et deux recours contre son texte sur l’assistant en soins infirmiers.

La critique portait sur un manque de clarté dans l’organisation des rôles et une distinction insuffisante entre les fonctions. Un des problèmes soulevés était qu’avec ce cadre, on pourrait presque imaginer un lieu, par exemple une maison de repos fonctionnant sans infirmiers, uniquement avec un médecin-coordinateur et des assistants en soins infirmiers, ou quasiment comme cela, ce qui est inacceptable. Il est essentiel de garantir des normes incluant des infirmiers, des assistants en soins infirmiers et d’autres professionnels pour assurer une dispensation des soins adaptée. Je rappelle que les études internationales montrent que, en diminuant la qualification des soignants, on diminue aussi la qualité des soins, et on augmente la morbi-mortalité. Et que seuls les infirmiers responsables de soins généraux devraient être habilités à évaluer la complexité des situations de soins infirmiers, puisqu’ils sont les seuls experts du sujet.

Cela dit, sous sa précédente législature, M. Vandenbroucke s’est attaqué à des problèmes qui traînaient depuis longtemps. Il a révisé certaines mesures mal conçues, comme en réintroduisant un complément pour les infirmiers spécialisés. Il a aussi réécrit la loi coordonnée afin de mieux refléter l’ensemble des compétences et du rôle des infirmiers. Donc, tout n’a pas été négatif, loin de là. Mais certains aspects sont à revoir, et nous espérons que M. Vandenbroucke l’a compris et s’y attèlera en concertation avec nous.

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« S’il doit y avoir des économies, elles ne doivent pas se faire au détriment des infirmiers »

Le Guide Social : Un point clé de cet accord reste bien sûr le budget alloué à la santé. Peut-on réellement parler d’un refinancement du secteur, ou les moyens restent-ils limités ? Pensez-vous que ce budget soit à la hauteur des enjeux actuels ?

Jacinthe Dancot : On annonce effectivement un ralentissement de la hausse du budget dédié à la santé. Ce n’est pas aussi catastrophique que ce que l’on aurait pu redouter... On parlait carrément de réduction. La croissance est maintenue, mais si l’on se réfère aux prévisions du Bureau du Plan, elle ne suffira pas à couvrir l’augmentation des besoins en santé. Au final, cela reste donc insuffisant.

L’enjeu est de s’assurer que les mesures prises ne visent pas uniquement à faire des économies, mais bien à rendre le système de soins plus efficient. Concrètement, cela signifie qu’il faut mettre un fort accent sur les soins de première ligne, ainsi que sur la prévention et la promotion de la santé.

Le Guide Social : Par exemple, via les infirmiers en santé communautaire.

Jacinthe Dancot : Tout à fait ! La prévention étant une compétence communautaire, la note fédérale reste vague sur la question de la prévention, mais mentionne une volonté de collaboration, ce qui est essentiel.

S’il doit y avoir des économies, elles ne doivent pas se faire au détriment des infirmiers, qui manquent déjà de ressources, ni des patients, en particulier les plus vulnérables. Sinon, on ne ferait que les fragiliser davantage. Des marges d’économie existent plutôt du côté de l’organisation des soins très spécialisés.

Aujourd’hui, les hôpitaux sont nombreux et proposent souvent les mêmes services, ce qui engendre des coûts élevés et un manque d’efficacité. Une meilleure rationalisation, avec des soins très spécialisés concentrés dans certains centres et un fonctionnement en réseau, pourrait améliorer la situation. Mais cela ne peut se faire qu’en garantissant un accès renforcé aux soins de première ligne. Il est inacceptable qu’actuellement, certaines personnes ne trouvent même pas de médecin traitant.

« Sans un bon ratio patients par infirmier, les infirmiers continueront à courir dans tous les sens comme des poules sans tête ! »

Le Guide Social : Comment l’acn a-t-elle réagi à l’annonce sur la réforme des pensions, notamment la suppression de la prépension ? On sait que de nombreux infirmiers ne parviennent pas à mener leur carrière jusqu’au bout. L’absence de dispositif de prépension suscite-t-il des frustrations chez vos collègues ?

Jacinthe Dancot : Le problème, c’est que 86 % des praticiens de l’art infirmier sont des femmes, qui, comme dans d’autres secteurs, rencontrent plus de difficultés à avoir une carrière complète. Dans ce métier, avec des horaires variables, beaucoup sont contraintes de prendre un temps partiel ou de faire des pauses pour gérer leur vie familiale. Résultat : atteindre le nombre d’années requis pour une pension minimale est encore plus difficile pour elles.

C’est clairement un gros flop, sans même parler du fait que la profession infirmière n’a toujours pas été reconnue comme pénible. Pourtant, la charge physique est indéniable : soulever des patients, travailler en horaires décalés… À cela s’ajoute la pénibilité psychologique, avec l’exposition à la douleur, à la mort, à l’agressivité, au bruit constant… Sans oublier les contraintes organisationnelles liées à l’organisation familiale.

Mettre en place des mesures pour reconnaître cette pénibilité et améliorer les conditions de pension aurait dû être une priorité. Je ne comprends pas pourquoi cela n’a jamais été fait, et malheureusement, on ne semble toujours pas aller dans cette direction.

Le Guide Social : Après la lecture de cet accord de coalition, quel est votre ressenti global ?

Jacinthe Dancot : La lecture de cet accord ne suscite ni grand enthousiasme ni sentiment de catastrophe imminente. Certains points essentiels manquent, comme des ratios patients/infirmier sécures ou la question de la pension, mais certaines mesures vont dans la bonne direction. L’enjeu, maintenant, c’est d’être vigilant sur leur mise en œuvre et de s’assurer que les infirmiers soient réellement impliqués dans les décisions, car personne ne connaît mieux leur profession qu’eux.

Le Guide Social : Sur quels points serez-vous particulièrement intransigeante face à la nouvelle politique mise en place ?

Jacinthe Dancot : Pour moi, la priorité, ce sont les conditions de travail, et cela passe par un ratio patients/infirmier sécure ou un équivalent adapté aux secteurs non-hospitaliers. Sans cela, les infirmiers continueront à courir dans tous les sens comme des poules sans tête, enchaînant les actes techniques sans pouvoir assurer des soins de qualité et porteurs de sens. Au final, tout le monde y perd.

Un autre point sur lequel il faut être intransigeant, c’est de ne pas remplacer les infirmiers par du personnel moins qualifié. Les études scientifiques le montrent clairement : c’est une catastrophe pour la qualité des soins.

Se battre pour les nouvelles générations d’infirmiers

Le Guide Social : Qu’est-ce qui vous pousse à vous battre sans relâche pour votre profession ? Cela fait des années que vous êtes engagée au sein de l’association professionnelle, travaillant aux côtés de vos collègues pour défendre le métier. Qu’est-ce qui rend cet engagement si essentiel pour vous ?

Jacinthe Dancot : D’abord, parce que je trouve que c’est une profession magnifique.

Pour moi, c’était une réorientation. J’avais fait d’autres études avant, et en découvrant ce métier, j’ai eu le sentiment qu’il répondait à quelque chose de profond en moi. Il avait du sens, une utilité sociétale, et quand on trouve quelque chose d’aussi précieux, on doit se battre pour le préserver.

Dans l’enseignement, je vois chaque année arriver des centaines de jeunes, passionnés, qui font cette même découverte et qui s’engagent avec une motivation incroyable. Je trouve que ça vaut la peine de se battre pour eux, pour qu’ils deviennent de bons infirmiers, qu’ils exercent dans un système qui leur permette de s’épanouir et d’offrir des soins de qualité.

Propos recueillis par Emilie Vleminckx



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