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Demandes anonymes au CPAS : idée testée mais pas toujours approuvée

29/03/19
Demandes anonymes au CPAS: idée testée mais pas toujours approuvée

Il y a quelques semaines, le Guide Social relayait la décision du CPAS de Fosses-la-Ville de présenter des demandes d’aides sociales anonymes au conseil de l’action sociale. Une mesure qui a suscité de nombreuses réactions, souvent positives... Mais, est-ce vraiment l’idée du siècle ?

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« La mesure a été présentée comme une initiative révolutionnaire mais elle est déjà en application en Belgique depuis un petit temps déjà. Le débat n’est pas neuf », lance Bernard Taymans, responsable du Service social du CPAS de Braine-le-Château. Celui qui est aussi Président de la Fédération wallonne des Assistants sociaux des CPAS poursuit : « Dans notre logiciel, il existe une option permettant d’anonymiser les demandes. Elle est d’ailleurs utilisée au sein d’une poignée de CPAS. D’autres ont également testé la mesure puis ont fait marche arrière. L’expérience ne s’était pas révélée concluante… »

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Faut-il revoir tout le processus décisionnel ?

Les membres du conseil de l’action sociale de Fosses-la-Ville traitent donc des demandes d’aides sociales totalement anonymes. Aucune adresse, aucun nom n’est renseigné dans les dossiers qui atterrissent sur leur bureau. Dans une petite commune comme Fosses-la-Ville où tout le monde se connaît, cette nouvelle pratique vise à promouvoir l’équité ainsi que la transparence.

« Je travaille à Braine-le-Château, qui accueille à peine 10.000 âmes. Dans ce contexte, les gens sont davantage susceptibles de se connaître, c’est un fait. Et, effectivement, les conseillers ne sont pas exempts de préjugés, je suis d’accord », commente Bernard Taymans. Dans les plus petites communes, les habitants passent difficilement incognito. Cela peut être un inconvénient et conduire à du favoritisme ou à l’inverse. En revanche, nous pouvons aussi regarder l’autre face d’une même pièce et se dire que parfois cette proximité peut être utile pour traiter le dossier de certains citoyens… Non ?

Une chose est certaine : pour le responsable du Service social du CPAS de Braine-le-Château, ce débat autour de l’anonymisation remet surtout en question le processus décisionnel actuel des dossiers. «  Ce sont des élus qui prennent des décisions sur des questions sociales gérées par des assistants sociaux », rappelle-t-il. « Je ne dis pas que l’anonymat devant le conseil ne sert à rien mais si cette mesure se fait seule, elle n’est pas assez significative. Elle le serait peut-être davantage si elle était utilisée tout au long du processus… Mais bon, l’anonymat total est quasiment impossible dans les faits, vu le système décisionnel actuel. Et le vrai débat est là ! Pour moi, il faut plutôt remettre en question la manière dont on statue sur les demandes d’aides sociales ! »

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Une question d’autonomie locale

Pour la Fédération des CPAS de Wallonie, pas question de se positionner en faveur ou en défaveur de ce choix d’imposer l’anonymat au sein de l’organe décisionnaire. « Par contre, cette mesure fait de plus en plus de bruit. Nous allons certainement en discuter avec le comité directeur. Mais ce n’est pas dit que l’on dira les plus et les moins de cette démarche. Ou même qu’on prendra seulement position. Rien n’est certain », pointe la Fédération.

Et de conclure : « Nous voulons avant tout laisser fonctionner l’autonomie locale tant que c’est juridiquement correct. Certains CPAS souhaitent emboîter le pas de Fosses-la-Ville ? Rien ne leur y empêche ! »

E.V.

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