Le secteur non-marchand passe à la vitesse supérieure

18/06/21
Le secteur non-marchand passe à la vitesse supérieure

Les travailleurs du non-marchand sont incontestablement parmi les plus sollicités durant cette crise sanitaire qui s’étire. Manque d’effectifs et de moyens, charges de travail démesurées, pression constante... Les maux sont nombreux. Cependant, les mobilisations se multiplient depuis plusieurs semaines. Le Guide Social fait le point sur le sujet.

Non-Marchand On Tour : le 20 mai dernier a eu lieu une première mobilisation des professionnels du secteur non-marchand bruxellois. Ils ont exposé leurs intentions et revendications au gouvernement, qui les avait reçus spécialement pour l’occasion. Les travailleurs ont ensuite pris le terrain d’assaut en défilant dans un petit train touristique avant d’être mis en représentation devant les cabinets des ministres Vervoort, Gatz, Maron, Trachte et Clerfayt. Cet engagement a fait suite aux promesses faites par le gouvernement d’augmenter le budget destiné au secteur (et non-tenues). Parmi les autres revendications : une revalorisation salariale, le retour aux 36 heures et une hausse de l’embauche de professionnels de terrain.

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Le 10 juin, ce sont les syndicats représentants du secteur non-marchand bruxellois qui se sont mobilisés, en se réunissant devant le cabinet du ministre du budget pour demander l’octroi d’une somme de 100 millions d’euros à destination de l’ensemble du secteur non-marchand. La rencontre avec le gouvernement (voir plus haut) ayant été infructueuse et n’ayant pas apporté les garanties attendues, ils ont décidé d’investir le cabinet du ministre en “campant” devant. Leur slogan : “Puisqu’ils ne s’occupent pas de nous, on occupe le terrain !”. L’augmentation du budget alloué au secteur était toujours au centre de leurs préoccupations, ainsi que le souhait d’obtenir rapidement des garanties de stabilité des métiers. Les syndicats ont également remis sur la table les revendications exprimées le 20 mai, à savoir une augmentation des salaires et du nombre de professionnels sur le terrain et une réduction du temps de travail hebdomadaire à 36 heures.

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La Santé en action

Le collectif “Santé en lutte” a organisé le 29 mai dernier une mobilisation des travailleurs du secteur : près de 2000 personnes se sont réunies dans les rues de Bruxelles pour demander un refinancement des soins de santé et sortir de la logique marchande des soins de santé, qui impacte fortement leur efficacité. "Nous exigeons un système de santé accessible à tous, riches comme pauvres, des conditions de travail décentes qui nous permettraient de remettre l’humain au centre des préoccupations", ont déclaré les organisateurs. Dans le même temps, des mobilisations ont eu lieu dans d’autres pays (France, Italie, Espagne, Roumanie, Canada), avec des revendications similaires.

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Des citoyens solidaires et d’autres mouvements (L’école en lutte, Extinction Rébellion, Youth for Climate, le Réseau de lutte contre la pauvreté) se sont également joints à la contestation. Cette manifestation a mis en exergue l’épuisement des travailleurs, qui espèrent enfin se faire entendre : “On n’en peut plus à plus d’un titre : physiquement, et ce, déjà avant la crise du covid qui n’a fait que mettre en évidence des situations déjà présentes avant", a déclaré ce jour-là un des manifestants au micro de la RTBF. Si la crise sanitaire a aggravé la situation, les difficultés rencontrées n’ont pas eu l’effet escompté : pour la majorité des manifestants, aucun enseignement n’a été tiré de la pandémie.

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Le cas des infirmiers.ères : un ras-le-bol général + le rejet de la réforme IF-IC

Le 7 juin, les services des soins intensifs et des urgences de l’hôpital Erasme se sont mis en grève à partir de 13h. La raison : l’augmentation des barèmes IF-IC à 100 % à partir de juillet prochain. Les salaires ne seraient plus calculés en fonction du diplôme mais de la fonction. Le personnel infirmier de l’hôpital s’est estimé lésé : “Si je passe dans le nouveau système, je perds entre 288 euros et 450 euros par mois jusqu’à la fin de ma carrière", affirme Fouzya Chihi, infirmière en chef aux urgences à l’hôpital Erasme, à la RTBF. Ce mouvement de grève a permis de mettre en lumière les revendications des infirmiers, qui se sentent peu considérés par les autorités : revalorisation salariale, uniformisation des études et donc suspension des barèmes IF-IC. Cependant, le personnel infirmier de l’hôpital n’a pas pu compter sur le soutien des syndicats, déçus de cette initiative “individuelle”.

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L’initiative collective, elle, a eu lieu ce lundi 14 juin. Plusieurs hôpitaux publics francophones étaient de la partie et ont répondu à l’appel de la CSC en se mettant en grève (CHR de la Citadelle à Liège, CHR de Verviers...). En ligne de mire, encore une fois, les fameux barèmes IF-IC. Et pour bien le faire comprendre, les infirmiers de l’hôpital n’ont pas hésité à brûler leur diplôme de spécialisation, estimant qu’il ne serait plus nécessaire à cause de la nouvelle réforme. Ils pointent du doigt l’uniformisation des salaires, qui selon eux nuit fortement à l’attractivité de leur profession. "Faire un an (d’étude) supplémentaire, juste pour travailler dans un service en particulier, mais sans majoration du salaire, je ne vois pas l’attrait pour les jeunes diplômés", explique Jérôme Baudoin, infirmier en réanimation au Centre hospitalier du Bois de l’Abbaye Seraing. C’est peu dire que cette nouvelle réforme semble impopulaire. Les infirmiers en ont aussi profité pour exprimer leur colère et leur épuisement, après de longs mois éprouvants sur les plans physique et mental.

Face à la gravité de la situation, les praticiens de l’art infirmier ne comptent pas s’arrêter là : un double-évènement a été prévu ce dimanche 20 juin à Bruxelles. Appuyés par leur représentant syndical Union4U, ils en appellent dans un premier temps à la solidarité collective. Les Belges seront ainsi invités à montrer un drap blanc à leur fenêtre, une manière de monter leur soutien à la profession infirmière mais aussi d’attirer (enfin ?) l’attention des autorités. S’en suivra un rassemblement des professionnels du secteur au Mont des Arts à 14h : aides-soignants et infirmiers pour la plupart, ils formeront ensemble un SOS géant qui sera filmé par un drone avant d’être diffusé, toujours dans cette même optique de braquer les projecteurs sur des travailleurs en détresse. “Une marche sera ensuite organisée vers la Place Albertine pour prendre place sur les marches et énoncer les revendications. L’action se terminera par des applaudissements sans bruit faisant référence “à la surdité de notre monde politique”, complète le syndicat. L’occasion pour ces praticiens de faire entendre leur voix par des actions symboliques.

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Nouvelle grève des hôpitaux ce jeudi 17 juin

Le personnel hospitalier a encore une fois répondu à l’appel des syndicats (CNE, Setca et CGSLB). Une réponse aux directions des établissements qui préconisent la rentabilité de l’institution au détriment de prises en charge adaptées aux besoins des patients. A cause de cette recherche de profit, le personnel soignant est forcé d’œuvrer dans des conditions indignes et se retrouve surmené. Le manque d’effectifs se fait aussi fortement ressentir. Les syndicats regrettent qu’il n’y ait eu “aucune amélioration des conditions de travail, ni de la conciliation vie privée et professionnelle” à mettre au crédit des directions hospitalières. “Très peu d’hôpitaux se sont déclarés candidats comme employeur des étudiants. Plusieurs refusent même d’engager du personnel de soutien, en attendant de disposer de personnel infirmier sur le marché de l’emploi”, déplorent les syndicats au micro de la RTBF.

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Le personnel des hôpitaux de Wallonie et de Bruxelles va remettre ce jeudi un bulletin contenant une note sur 100 à destination de chaque direction et des fédérations patronales. Le but est de montrer l’efficacité des actions entreprises par les directions pour mettre fin à la pénurie de soignants, l’efficacité de la prise en charge à la fin de la troisième vague et l’efficacité de l’utilisation du Fonds blouses blanches ces dernières années. “A vous de juger si votre direction est bonne élève”, leur ont glissé les syndicats. Des mobilisations ont lieu en province de Liège, où des employeurs n’ont pas d’autre alternative que de contraindre des membres du personnel à assurer la continuité des services malgré le mécontentement général, et à Mons, où des travailleurs venant de toute la région Centre et du Brabant wallon se réunissent sur la grande place pour exprimer leur ras-le-bol.

L’Enfance s’y met aussi

Le secteur de l’Enfance n’est pas en reste : le front commun (CNE, Setca et CGSLB) a d’ores et déjà déposé un préavis de grève pour le 28 juin pour mettre en lumière le manque de personnel d’encadrement dans les centres d’accueil toujours flagrant, et ce malgré une première grève le 5 mai dernier. Les partenaires sociaux ont déjà demandé à être reçus et entendus par la ministre de l’Enfance, Bénédicte Linard. Ce sera chose faite : “Une rencontre avec eux est en outre bien prévue”, a-t-elle assuré.

 Lire aussi : Secteur de l’Enfance : vers une grève le 28 juin



Commentaires - 1 message
  • qu'en est-il du personnel de nettoyage, nettoyage dans le secteur des hôpitaux, à domicile, éboueurs, désinfection du matériel médical, etc? toutes ces petites mains invisibles qui ont permis à toutes et tous d'avoir des lieux de travail, de vie, dignes et sains en pleine pandémie? Pourriez vous me dire s'ils sont soutenus par une organisation? S'ils sont inclus dans le mouvement de grogne en cours? à l'heure ou le Roi fait appel pour signaler nos héros, en vue des les inviter j'ai pensé qu'ils devraient être représentés. Merci pour ceux qui auraient des infos, des idées.

    de Villers jeudi 24 juin 2021 09:46

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