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Chronique d’un psy : "La vie très privée de T. Persons..."

27/10/20
Chronique d'un psy:

La plupart des soignants y tiennent à tout prix : le respect de leur vie privée. T. Persons s’en interroge, avec en point de mire, l’impact des doubles casquettes. S’ouvrir à la profession de psychologue, est-ce fermer d’autres portes qui jouent sur notre image publique ?

Démasqué ! Au temps du Covid-19, ça en deviendrait presque inconvenant… De fait, c’est un secret de polichinelle, votre serviteur, T. Persons, n’existe pas. Sous prétexte d’anonymat, ce personnage-concept, parfois fictionnel et souvent fantasque, permet au psychologue clinicien que je suis de fantasmer un quotidien, de détourner une posture de thérapeute, de la tordre dans tous les sens et de dénoncer certaines dérives qui me touchent, tout en échappant aux insultes, aux outrages, aux menaces et – bien évidemment – aux folles déclarations d’amour. La vie privée et son respect sont essentiels pour ma casquette de psychologue, mais dans le même registre, mes activités d’écriture sont a minima vitales pour l’équilibre précaire de ma santé mentale. Peut-on combiner les deux sans pseudonyme ? Poser la question, c’est peut-être y répondre…

De fait, être psychologue, c’est être suffisamment neutre, afin de s’assurer que le patient ne se sente pas jugé. Peut-on l’être complètement ? Non. C’est à la fois fin et complexe. Tout est communication et tenter de la maîtriser nous rapproche tout au plus d’un manque d’authenticité. Pour autant, doit-on être transparent ? Y-a-t-il des mandats qui sont interdits, voire incompatibles ? Peut-on être psychologue et engagé dans le monde politique ? Peut-on être musicien, auteur, athlète ou humoriste ? Tant des questions… Peu de réponses.

C’est pour leur bien. Et le mien…

Pour ma part, j’aime me retrancher derrière une certaine discrétion. Ai-je envie que mes patients puissent faire un amalgame entre le psychologue que je suis et le personnage que je dépeins dans mes écrits ? Non ! Plutôt crever, faire de la politique ou vivre dans le foie de Gérard Depardieu ! Est-ce parce que je n’assume pas ma condition d’auteur ? Non, que du contraire , le petit être fragile que je suis se nourrit de toute reconnaissance, peu importe son origine mais je reste persuadé que ce que je fais en dehors de mon cabinet ne regarde pas mes patients. C’est pour leur bien. Et le mien…

Oui, mais, du coup, que se passe-t-il quand nos activités connexes nous demandent de jouer avec notre image publique ? A priori, soit on est suffisamment à l’aise pour l’aborder en entretien si l’on vous interroge en espérant que cela n’altère pas votre position, soit on choisit un pseudonyme que l’on emprunte à ses héros littéraires et on s’en remet à une discrétion relative. Finalement, tout est une question de cadre, il faut savoir trouver le bon curseur, le bon dosage et savoir être suffisamment à l’aise avec ses casquettes sans les confondre.

En conclusion, on peut se dire qu’être psychologue, tout comme être médecin ou kiné n’est pas inconciliable avec toute sortes de mandats publics. On a le droit d’être logopède et de chanter dans un groupe de Black Metal. On peut être pharmacien et donner des cours de pole-dance. En contrepartie, il faudra accepter que certains patients ne voudront pas venir chez vous, parce que vos fonctions leur parait incompatibles avec ce qu’ils attendent d’un psy, ou il reste l’option de la discrétion, du pseudonyme ou du retrait de la vie publique, ce qui est raisonnable, sauf si on fait de la politique…

Sur ce, je vous laisse, j’ai un patient qui arrive !

T. Persons

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