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Gérer l'expression de nos émotions avec nos collègues et notre hiérarchie

21/10/19
Gérer l'expression de nos émotions avec nos collègues et notre hiérarchie

Nos émotions font partie intégrante de nous-mêmes, s’en couper revient à se couper un membre. Cette affirmation est largement comprise, mais peu intégrée, s’agissant de la mettre en pratique, surtout dans la sphère professionnelle. Allons un cran plus loin, qu’en est-il de l’expression de nos émotions dans cette même sphère, avec nos collègues et notre hiérarchie ? En quoi est-ce un exercice périlleux et pourquoi cela fait-il peur ?

[DOSSIER]
 Pourquoi nos émotions font-elles si peur ?
 Gérer l’expression de nos émotions avec nos bénéficiaires

Nous vivons dans une société qui nous coupe de notre nature, et ce, de différentes façons et à différents niveaux. Parmi les multiples conséquences de cet état de fait, nous sommes plus ou moins coupés de nos émotions, et en particulier dans la sphère professionnelle, surtout lorsque des liens hiérarchiques sont à l’œuvre. Exprimer ses émotions nous rendrait-il moins crédibles et plus vulnérables ?

Des émotions peu crédibles

Nos émotions font peur et nous font paraître moins professionnel. Pour quelles raisons ? Plusieurs pistes peuvent être évoquées. Toujours est-il que, dans nos rapports avec nos collègues ou notre hiérarchie, l’émotionnel peut être malvenu. Notre secteur, où l’humain est à la fois l’outil et l’objectif de travail, accorde peu de foi aux émotions, du moins dans le chef du travailleur.

Un excellent outil de travail qui reste délicat

Ces émotions que nous ressentons peuvent nous être extraordinairement utiles dans notre travail, car elles sont de très bons indicateurs : elles nous permettent de mieux cerner les nuances d’une situation, ou de percevoir de quelle manière il serait plus judicieux d’approcher un bénéficiaire. En termes de conditions de travail, elles nous permettent de jauger du niveau et de la nature du stress auquel nous sommes soumis. Pour autant, dans nos relations professionnelles, avec nos collègues et notre hiérarchie, elles sont un point délicat.

Des enjeux parfois fondamentaux

Ne nous voilons pas la face, les relations professionnelles sont mues par toute une série d’enjeux, inhérents à la nature humaine. Chacun(e) vient travailler avec son propre agenda, qu’il soit conscient, ou, et c’est le plus fréquent, inconscient. Nous rejouons la satisfaction de besoins importants pour nous : avoir une place, être considéré, être rassuré, etc. Parfois, cet « agenda inconscient » chez chaque membre de l’équipe entraîne des comportements qui peuvent être perçus négativement ou comme étant dangereux. Qui ne s’est jamais dit d’un collègue ou d’un responsable qu’il aimait dominer, ou qu’il avait besoin d’être le meilleur ?

Chacun fait ce qui lui semble être le meilleur pour lui

Si l’on garde en tête que chaque personne fait ce qu’il y a de mieux pour elle avec les moyens et la connaissance dont elle dispose au moment où elle agit, on peut se distancier des comportements qui parfois nous dérangent. Ces comportements, même s’ils nous concernent, ne nous sont pas destinés. En revanche, nous pouvons donner une juste place à nos émotions : en quoi sommes-nous touchés, énervés, agacés ? A nouveau, cela nous renvoie vers notre vécu, notre sensibilité. Cette introspection peut sembler fastidieuse, mais elle offre, à terme, une meilleure remise en question, qui est aussi un outil de travail nécessaire.

Accueil et hostilité

Et si, au lieu de ruminer ces situations difficiles, nous exprimions ce que nous ressentons, avec empathie, justesse et honnêteté ? Cela suppose de ressentir, d’analyser les raisons de ce ressenti, et ensuite d’observer l’autre et de tenter de le comprendre. Cela suppose aussi de faire preuve d’une certaine finesse dans l’expression. Certains collègues ou responsables seront sensibles à cette démarche et l’utiliseront comme un outil également. Nous serions même positivement surpris ! Par contre, d’autres personnes, profondément coupées de leur vécu émotionnel, n’y seront pas du tout réceptives, parfois même hostiles. Faisons-nous confiance pour faire la différence …

MF – travailleuse sociale

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