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Le non-marchand, encore et toujours oublié de la crise

30/11/20
Le non-marchand, encore et toujours oublié de la crise

Bis repetita non placent … Ce qui est répété deux fois ne séduit plus. Encore moins si cela n’a déjà pas séduit la première fois. Pour ne pas changer, le non-marchand est encore, et toujours oublié totalement dans la « gestion » de cette crise sanitaro-économico-sociale que nous vivons. Comme beaucoup de secteurs d’ailleurs. Faut-il donc que nos politiques soient à ce point déconnectés de la réalité pour ignorer le nombre vertigineux de personnes à qui ils tournent le dos d’un geste dédaigneux ?

Nous sommes nombreux à être oubliés dans la gestion de cette crise. Enormément de professions sont laissées sur le carreau, elles ne sont même jamais mentionnées. Je pense aux artisans par exemple. Il y a aussi une foule de personnes, de situations qui ne rentrent pas dans les cases et qui sont laissées sur le carreau, avec parfois des conséquences dramatiques. Parmi ces laissés pour compte, il y a nous, les travailleurs du non-marchand.

Un secteur aux réalités disparates

Le non-marchand est un grand sac fourre-tout, qui recouvre tant de situations variées. C’est un secteur très vaste, aux multiples réalités. De l’ASBL tentaculaire employant des milliers de personnes et brassant des millions d’euros aux toutes petites structures tirant le diable par la queue, en passant par les mutuelles ou certaines activités d’économie sociale. Evidemment, toutes ne sont pas logées à la même enseigne durant cette crise, et certaines ne la sentiront même pas passer.

Certaines structures réellement menacées

Malheureusement, certaines structures sont menacées, et ce, dans l’indifférence la plus totale. Contraintes de fermer, puis de réduire fortement leurs activités, et ce, sans recevoir d’aides compensatoires. Tout en étant privées de certaines rentrées d’argent capitales pour elles (soupers, brocantes, etc.) Effectivement, il y a bien eu des aides et primes : destinées à des ASBL exerçant des activités économiques, ou encore pour les secteurs de la culture et de la jeunesse, ou bien des one-shot régionaux aux critères d’octroi bien stricts. Mais cela ne suffit pas. Et cela ne rencontre pas les besoins et les réalités de toute une partie d’un secteur laissé à l’abandon.

Elles sont pourtant essentielles

Je pense à ces petites structures qui ne rentrent pas entièrement dans les cases administratives, mais qui font un remarquable et essentiel travail de terrain, travail qui n’est absolument pas accompli par d’autres structures, publiques ou reconnues. Je le répète, des structures et des acteurs essentiels, n’en déplaise à ceux qui se sont, un jour, octroyé le pouvoir de décider de ce qui l’est et de ce qui ne l’est pas. Des acteurs donc sans qui le tissu social serait considérablement appauvri. Des personnes qui contribuent à réduire les inégalités sociales, mais aussi des structures pourvoyeuses d’emploi et qui sont maintenant à l’agonie, faute de considération.

Absence de considération

C’est bien le mot, la considération. Nos gouvernements n’en ont aucune pour ce qui ne crée pas de richesse massive et immédiate. Tout au plus daignent-ils entendre ceux qui sont suffisamment bien représentés pour donner de la voix efficacement, et fort, très fort. Malheureusement, nous, petits acteurs du non-marchand, ne créons pas de richesse immédiate. Nous ne sommes pas non plus efficacement représentés, nos structures et nos réalités sont trop disparates. Et nous ne travaillons pas dans un temps électoral … Nos résultats se mesurent dans un temps plus long, parfois en termes générationnels.

Nous sommes la sécurité sociale

Pourtant, nous participons à la réduction des inégalités sociales, ces mêmes inégalités creusées par des politiques asociales, nous prenons soin des blessés de notre société, nous faisons en sorte que moins de gens passent à travers les mailles de plus en plus énormes du filet de sécurité sociale, cette sécurité sociale devenue l’ombre d’elle-même. Celle pour laquelle on ne manque pourtant pas de nous réclamer des impôts …

MF - travailleuse sociale

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