Les travailleurs sociaux sont-ils tous sur un pied d'égalité ?
Nous, travailleurs sociaux de divers secteurs, sommes-nous vraiment sur un pied d’égalité ? Que ce soit en termes de conditions de rémunérations, mais aussi, plus simplement, de conditions de travail en général ? Notre métier est présent dans divers secteurs, et ces secteurs sont pris en charge par différentes instances, voire même relèvent de différentes commissions paritaires. Au final, dans ce contexte, un travailleur social en égale-t-il toujours un autre ?
Nous, travailleurs sociaux de différents secteurs, relevant de différentes instances subsidiantes, et regroupés sous des commissions paritaires diverses, ne sommes pas égaux, lorsqu’il s’agit de conditions de rémunérations, voire même de conditions de travail en général. Il suffit de consulter attentivement diverses offres d’emploi pour s’en assurer. Celui qui veut aller plus loin peut aussi se renseigner sur les commissions paritaires et leurs différences. Plusieurs fonctions sont dans ce cas, car il s’agit du cœur du fonctionnement du système de travail en Belgique.
Tant de secteurs pour un même objectif général
Nous travaillons en associations, dans le secteur non marchand, mais aussi dans le secteur de l’aide à la jeunesse, dans l’enseignement, au sein de pouvoirs publics, d’intercommunales, de maisons de repos, de prisons, d’hôpitaux, etc. La liste des lieux qui peuvent nous employer est tellement longue qu’elle en donne presque le tournis. Notre travail n’est pas le même d’un lieu à l’autre et d’un secteur à l’autre, c’est un fait. Pour autant, nous restons des travailleurs sociaux, employés dans un même objectif, quel que soit le secteur : porter assistance à des personnes défavorisées, fragilisées.
De réelles inégalités
Malgré cela, selon le secteur qui nous emploie, nous aurons de meilleures conditions de travail et de rémunération. Notre horaire légal va, par exemple, varier entre 35 et 38 heures par semaine. Le nombre de jours de congés extra-légaux va lui aussi varier, passant d’aucun à un nombre certain. Il en va de même pour le nombre de jours de congés payés. Certains d’entre nous bénéficieront d’une assurance hospitalisation, voire même d’une épargne pension, ou d’un véhicule de société. D’autres auront des salaires nettement plus élevés, ou plus faibles, selon le point de vue adopté. L’idée de ce propos n’est pas de susciter jalousies et vaines comparaisons, mais bien de pointer un état de fait problématique.
Le secteur non-marchand pointé du doigt
Prenons en exemple les travailleurs sociaux du secteur non-marchand. Ce secteur est l’un de ceux qui paye le moins bien, et où les avantages légaux sont les plus inexistants. Je n’évoque même pas les conditions de travail, souvent précaires et tendues, du fait de l’inadéquation entre le nombre de travailleurs et la charge de travail. Pourtant, ce secteur représente à lui seul des dizaines de milliers d’emplois et est un pilier indispensable de notre société. En effet, les organisations du non-marchand remplissent des missions sociales qui ne sont pas, ou pas totalement, prises en charge par les pouvoirs publics, et qui sont nécessaires à la société.
Un réel malaise
Certaines organisations offrent à leurs travailleurs plus que le minimum légal, car elles en ont les moyens du fait de leur importance et de l’importance de leur financement. Malheureusement, la plupart des travailleurs de ce secteur ont à souffrir d’un niveau de rémunération inférieur et de peu d’avantages compensatoires. Nous choisissons souvent de travailler dans le secteur social afin de contribuer à l’amélioration de la société, mais pouvons-nous poursuivre lorsqu’il nous devient difficile de vivre dignement, ou de réaliser des projets de vie ? Le malaise est réel.
Un secteur indispensable
Pensez à une société sans acteurs du non-marchand. Plus de distribution de colis alimentaires, plus de don de sang, plus de magasins de seconde main associatifs, plus d’associations d’aide à domicile, plus de services sociaux de proximité, plus d’écoles de devoirs … Ce secteur, et ses travailleurs, ne méritent-ils pas de meilleures conditions de travail et de rémunérations ? Certes. Cela passe obligatoirement par une revalorisation du financement des associations, et une pérennisation de ce financement.
MF – travailleuse sociale
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